Peurs et phobies nous guettent - La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010
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Auteur(s) : Jean-Michel Saint-Omer

La peur est utile et salutaire. Le général Bigeard confiait qu’il n’aurait jamais enrôlé un soldat qui n’en éprouvait pas. Cette émotion universelle, fondamentale, est partagée par toutes les espèces animales. Elle augmente les chances de survie. Elle nous protège, à l’instar d’une alarme. Mais mal réglée, l’alarme peut jouer des tours. La peur peut ainsi devenir pathologique dans son activation et dans sa régulation. Elle se transforme alors en phobie ou en “peur de la peur”.

La peur “normale” est d’intensité limitée. Elle est contrôlable et se manifeste face à une situation objectivement dangereuse. Plus l’individu est confronté à cette dernière, moins il est effrayé. Pour sa part, la peur “phobique” relève de la panique à la seule évocation d’une situation considérée comme insupportable (pas forcément dangereuse). En outre, elle ne diminue pas parallèlement à la multiplication de l’exposition à cette situation.

Une confrontation brusque avec la peur n’est pas la solution idéale

Selon Christophe André(1), psychiatre, spécialiste des traitements des troubles anxieux et phobiques à l’hôpital Sainte-Anne, un adulte sur deux souffre de peur excessive. Parmi cette population, il y a un peu plus de 11 % de phobiques. Les phobies sont diverses et variées. La peur des animaux, du vide, de la hauteur, de l’enfermement, du sang, des blessures, de l’eau ou de l’avion font partie des plus courantes. A la différence de la “peur normale”, la phobie est chronique. Elle peut s’aggraver ou s’étendre.

Selon Christophe André, la phobie résulte d’un échec émotionnel des confrontations avec la peur. L’exemple de la bicyclette est parlant. Une personne tombe de vélo : soit son cerveau enregistre une information neutre et peu intense en émotion (elle sait qu’il lui faudra être prudente), soit l’émotion est forte et elle refuse de remonter sur le vélo. L’auto-guérison est alors difficile, car la phobie crée un comportement d’évitement. L’émotion reste donc présente sans avoir été atténuée. Le passage en force n’est pas toujours la solution, puisqu’il crée de la douleur, et par conséquent de l’émotion. Le fait de réfléchir alors que l’émotion n’a été ni apprivoisée ni maîtrisée ne modifie pas la peur phobique. Les thérapies visent ainsi à apprivoiser progressivement la peur, avec régularité, et non à la brusquer.

Les peurs ont deux origines. La première est propre à l’espèce. Par exemple, les souris ont naturellement peur des chats. La seconde est due à des expériences de la vie. Ainsi, une morsure peut susciter la peur des chiens. Tant qu’elle reste à un niveau “normal”, cette émotion est comparable au système immunitaire qui détecte le danger. La peur phobique, elle, peut se comparer à une allergie.

Des réactions de panique à la seule évocation du danger

Le déclenchement de la peur échappe à la volonté, mais il est ensuite possible de la réguler. Le siège de cette émotion se trouve dans le cerveau limbique et celui de la régulation dans le cortex cérébral. La réaction à la peur est due à un échange entre les deux cerveaux.

La peur phobique se manifeste par de l’anxiété, qui est une peur anticipée, associée à une attente, ou encore par de l’angoisse, une forme d’anxiété particulière qui se manifeste également avant que le danger ne soit présent. Des réactions de panique, de frayeur peuvent se manifester, même en l’absence de danger, par sa simple évocation ou son anticipation. Le phobique sait parfaitement que son comportement n’est pas rationnel. Il en a souvent honte et s’isole. Il réprime ses émotions, les cache, voit dans les autres des agresseurs potentiels et peut éventuellement les agresser préventivement pour se protéger.

Mais d’où viennent ces peurs excessives ? De l’inconscient, de l’enfance ? Selon la théorie freudienne, il s’agit du refoulement d’un conflit de nature sexuelle projeté sur un objet extérieur ou sur une personne. Il faut donc trouver le conflit pour soigner la phobie. Dans l’enfance, la peur est particulièrement utile, même excessive dans la prime enfance. Elle s’atténue normalement au fil des ans avec l’éducation et la vie sociale. Par exemple, la peur du vide qui apparaît avec la locomotion protège l’enfant. Il revient aux parents de la moduler et de l’aider à maîtriser sa frayeur.

La plupart des peurs de l’enfance disparaissent. Mais certaines restent et empoisonnent notre vie. Mieux vaut s’en occuper tôt pour éviter que la phobie ne s’installe.

  • (1) Auteur de Psychologie de la peur, éditions Odile Jacob.

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