Les changements induits par la traite robotisée sont profonds et déstabilisants - La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010

Production laitière

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Cavarait

La posture de l’éleveur au sein du troupeau, le caractère des vaches, la nutrition et la conduite de la reproduction sont les points clés à étudier dans le cadre de ce nouveau système.

Dans les exploitations laitières, les traites du matin et du soir rythment l’organisation du travail, du temps personnel, des soins aux animaux et de leur observation. Passer d’un système de traite classique à une traite robotisée induit des changements profonds qui déstabilisent cette organisation et affectent l’éleveur, l’animal et le troupeau. Lors de l’édition 2009 de la Journée bovine nantaise, notre consœur Catherine Journel, praticienne à La Chèze (Côtes-d’Armor), a partagé son expérience de l’accompagnement des éleveurs dans ce changement, en prenant appui sur les modifications induites par le nouvel outil.

La vache décide de se rendre au robot, motivée par l’intérêt alimentaire

Le premier changement de fond abordé par la conférencière est la notion de gestion du temps de traite et du rôle organisateur de la traite dans une exploitation laitière. « Lorsque l’éleveur investit dans un robot de traite, il veut gagner en flexibilité, a souligné en préambule notre consœur. Il n’a plus le repère temporel qui rythme la journée et autour duquel s’organise le travail. Si la réflexion n’a pas été assez mûrie, c’est un véritable choc pour l’éleveur. » Si sa posture au sein du troupeau est modifiée, celle des animaux l’est également. Lors de la traite classique en salle de traite, la vache est passive. Matin et soir, l’éleveur regroupe le troupeau. Ainsi, quel que soit leur état, les boiteuses, les vaches qui ne sont pas en forme, seront traites. A l’inverse, dans le cas de la traite robotisée, la vache est active. C’est elle qui décide de se rendre au robot, motivée par l’acte de manger. La traite devient individualisée et son rythme est personnalisé. La conduite zootechnique du troupeau doit donc stimuler cette fréquentation volontaire du robot par les animaux. En conséquence, les modalités de l’alimentation (choix du niveau de la ration de base et choix de l’aliment) seront raisonnées de façon à provoquer une démarche délibérée des vaches laitières, quel que soit le mode de circulation des animaux choisi. L’appétence de l’aliment ne doit pas être négligée, le temps de sa consommation étant corrélé avec la durée de traite.

La gestion de la reproduction garantit un fonctionnement régulier et optimal du robot

La sélection génétique privilégiera les critères de conformation qui confèrent aux vaches laitières des membres solides, de bons pieds, des trayons adaptés à la machine, avec des vitesses de traite ni trop élevées ni trop faibles. Les primipares ont besoin d’avoir un gabarit qui leur permette de s’imposer dans le troupeau, favorisant ainsi leur accès au robot. « Un vêlage à l’âge de vingt-huit à trente mois est préférable à un vêlage à vingt-quatre mois », a souligné Catherine Journel. Pour les vaches en fin de lactation, le maintien d’une production supérieure à 18 kg est essentiel. En dessous de ce seuil, les laitières n’ont plus d’intérêt alimentaire, et il devient difficile de les faire entrer dans le robot, de maintenir la dynamique de traite et l’approche économique du rationnement. « Cela implique qu’un tiers du troupeau soit à moins de cent jours de lactation », a précisé notre consœur, qui met l’accent sur l’importance d’une gestion de la reproduction, clé de la maîtrise de l’effectif à la traite.

« L’éleveur se doit d’étaler les vêlages, avec une gestion par lots, garantissant une fréquentation du robot et une production laitière régulières, évitant ainsi que la machine soit saturée par un nombre de traites trop important », a insisté la conférencière. L’analyse de la structure du troupeau permet de calculer un nombre théorique de traites au regard du stade de lactation. Entre zéro et cent jours de lactation, il est nécessaire de traire les vaches de 3 à 4 fois par jour, entre cent et deux cents jours de 2,5 à 3 fois, et au-delà de deux cents jours de lactation 2,2 fois par jour. Seule une gestion rigoureuse de la reproduction permet d’assurer un fonctionnement régulier du robot vingt et une heures sur vingt-quatre.

Les vaches boiteuses et celles qui ne mangent pas seront exclues du système de traite robotisée et courent le risque d’être taries en raison du manque de traite. A ce titre, il convient de traquer deux grandes maladies métaboliques : l’acidose et l’acétonémie. « L’éleveur doit prendre le temps de regarder ses vaches, de les observer individuellement et d’étudier la dynamique de troupeau, de repérer les vaches malades, d’apporter des soins spécifiques aux primipares », a souligné Catherine Journel.

Les moments clés d’observation qu’étaient la traite du matin et la traite du soir doivent être repensés, réorganisés lors du changement de système.

La rupture des équilibres se traduit par une dégradation de la qualité du lait

Lorsqu’il passe à une traite robotisée, l’éleveur voit ses vaches sous un angle différent. Il détecte une mammite derrière son ordinateur et non au contact de l’animal. Sa prise de décision et ses modalités d’action s’en trouvent transformées, nécessitant la mise au point d’arbres décisionnels qui permettent une interprétation efficace et personnalisée des nombreuses informations informatiques.

Le contexte dans lequel l’éleveur administre un traitement est également modifié. Une mammite ne sera plus traitée en salle de traite. A ce titre, l’utilisation du parc de déviation est fondamentale. « Lorsque ce local n’existe pas, traiter les mammites devient problématique, d’où une dégradation de la qualité du lait. Ce local doit être confortable à la fois pour l’animal et l’éleveur. L’expérience montre que ce dernier y passe la moitié de son temps de présence dans le bâtiment. »

Dans les élevages où la qualité du lait est gérée au prix d’efforts importants, via le tri du lait, une réforme conséquente, une mise au pâturage précoce, l’utilisation de produits de post-trempage à effet barrière et l’impossibilité pour les vaches de se coucher après la traite, « le passage à la traite robotisée entraîne une rupture des équilibres en place, signée par des flambées de mammites et une dégradation rapide de la qualité du lait, a témoigné Catherine Journel. Si l’éleveur peut encore activer les leviers “tri du lait” et “réforme”, la traite robotisée l’oblige à employer des produits de trempage fluides, ne lui permet pas d’empêcher les vaches de se coucher après la traite et limite l’utilisation du pâturage ». « Pour préparer au mieux le troupeau, il faut envisager les modifications qui vont se produire à la mise en place pour éviter une rupture des équilibres, a conseillé notre consœur. Etudier les modifications à venir, même si elles ne sont que partiellement prévenues, permet des mises en route réussies, non stressantes pour l’éleveur et les vaches. » Réussir la mise en service d’un robot de traite exige d’anticiper les changements qui concernent quatre postes : l’observation du troupeau, l’anticipation des vaches “robot compatibles”, une gestion rigoureuse de la reproduction pour une maîtrise des effectifs à la traite et la sélection génétique.

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