La synchronisation permet de programmer les chaleurs des juments d’un même secteur - La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1399 du 02/04/2010

Insémination artificielle chez la jument

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Le choix du moment de l’insémination dépend de la qualité du sperme.

La jument est une espèce à polyœstrus saisonnier : la saison sexuelle correspond à celle où les jours sont les plus longs. Les cycles sont alors réguliers et la fertilité maximale. L’existence des chaleurs varie donc suivant la saison, mais également selon les individus. L’alimentation et l’éclairement jouent également un rôle important sur le cycle sexuel. La jument présente successivement trois périodes : l’anœstrus hivernal, la phase de transition en fin d’hiver ou début de printemps qui se termine par la première ovulation de la saison, puis la période cyclée à la belle saison.

Le cycle sexuel comprend, schématiquement deux phases : l’œstrus (acceptation du mâle) et le diœstrus (refus du mâle). Il dure en moyenne vingt et un jours. L’œstrus est de durée variable selon les juments et la saison (de trois à douze jours), le diœstrus s’étend sur une période plus constante (de douze à dix-huit jours, en général quinze jours). L’ovulation a lieu environ deux jours avant la fin des chaleurs et est, de ce fait, difficilement prévisible. Le comportement de chaleurs s’exprime uniquement en présence de l’étalon ou de certains hongres.

Bien cibler le moment de l’insémination selon le sperme utilisé

Le palper transrectal des ovaires (associé à l’échographie) permet de suivre la croissance folliculaire lors des chaleurs pour préciser le moment de l’ovulation et donc de la saillie : le sperme frais survit en général quarante-huit heures dans les voies génitales femelles, le sperme conservé (réfrigéré vingt-quatre heures ou congelé) est plus fragile (survie maximale de vingt-quatre heures). Après l’ovulation, l’ovocyte survit moins de six à huit heures.

Le choix du moment de l’insémination dépend donc de la qualité (frais, réfrigéré ou congelé) du sperme.

Lors d’insémination artificielle en semence fraîche (IAF) immédiate ou en semence réfrigérée (IAR) moins de douze heures auparavant, l’objectif est de réaliser la dernière insémination artificielle dans les quarante-huit heures qui précèdent l’ovulation (voir figure 1). Avec de la semence réfrigérée depuis vingt-quatre heures ou du sperme congelé, le but est d’effectuer la dernière insémination dans les vingt-quatre heures qui précèdent l’ovulation, voire dans les douze heures. Il est également nécessaire d’économiser les doses et donc de prévoir une à deux inséminations par chaleurs. Dans ces cas de figure, le suivi ovarien est impératif (voir figure 2).

Le strict respect du calendrier est déterminant pour la réussite du protocole

Les Haras nationaux pratiquent l’insémination à domicile de juments selon des tournées prédéterminées. Ce dispositif est possible en utilisant un traitement de synchronisation des chaleurs qui permet à la jument d’être apte à être inséminée aux dates souhaitées.

La monte synchronisée est pratiquée depuis plusieurs années chez les juments de trait, avec des résultats de fertilité comparables aux autres systèmes de monte (fertilité en fin de saison égale à 80 % les cinq dernières années). L’efficacité du système repose sur le strict respect des dates d’examen, des traitements et des inséminations, donc sur une synchronisation parfaite entre les acteurs concernés (l’éleveur, son vétérinaire et l’inséminateur). L’intérêt de la synchronisation est de programmer les chaleurs des juments d’un même secteur géographique, gérées par vague (tournées pour les juments de trait sans passage à la barre) ou sur rendez-vous, ce qui limite les déplacements et permet de s’organiser (voir figure 3).

Ce protocole est aussi utilisé pour la synchronisation des chaleurs des juments donneuses et receveuses d’un transfert d’embryon. Les molécules utilisées sont des progestagènes sur une période de sept jours (Regumate® équin) qui bloquent la croissance folliculaire, des prostaglandines (Dynolitic®, Estrumate®) responsables de la lyse du corps jaune le dernier jour du traitement progestatif, et de l’hCG (Chorulon®) qui provoque l’ovulation dans les trente-six heures après son administration. Selon un calendrier préétabli, les juments sont examinées en début de saison : les pouliches, les juments vides ou celles qui ont pouliné précocement sont intégrées dès la première tournée, puis les juments suitées sont incluses dans les tournées au fur et à mesure des poulinages. Les avantages de ce protocole sont une bonne fertilité de fin de saison, un gain de temps et d’argent pour l’éleveur et, dans le cas des tournées de juments de trait, un service à domicile, le choix de l’étalon et le gain en moyens humains.

L’activité folliculaire doit être préalablement établie par échographie

Néanmoins, selon l’autorisation de mise sur le marché du Regumate® équin, les indications d’utilisation ne concernent que les juments qui présentent une activité folliculaire significative, durant la période de transition comprise entre l’anœstrus saisonnier et la saison de reproduction (présence de follicules d’au moins 20 à 25 mm au début du traitement). En vue d’assurer un emploi adéquat du produit, le diagnostic de statut transitionnel des juments avec une activité folliculaire doit être préalablement établi par un examen échographique. Cet examen vise en outre à s’assurer de l’absence d’endométrite.

Ce protocole utilisé “à l’aveugle” présente quelques inconvénients : il ne permet pas de diagnostiquer les problèmes au niveau ovarien (anovulation, détection des doubles ovulations), au niveau utérin (l’endométrite est le premier facteur d’infertilité) et de réaliser précocement des diagnostics de gestation (dans les tournées, les juments sont examinées vers dix-sept ou dix-huit jours). Un éventuel squeezing de jumeaux avant la phase d’implantation est dès lors impossible. Il est donc vivement recommandé, chez les juments d’une certaine valeur, de réaliser un suivi ovarien et gynécologique au moment des chaleurs. En outre, en raison de la réglementation sur la prescription et la délivrance des médicaments, il est de fait impossible de délivrer les produits nécessaires à la synchronisation sans un examen gynécologique préalable.

CONFÉRENCIÈRE

Isabelle Barrier, diplomate de l’European College of Animal Reproduction, Haras nationaux.

Article tiré de la journée de formation organisée par la commission équine de la SNGTV, en collaboration avec le Haras du Pin, le 18 mars 2010 à Exmes.

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