La chute de la fertilité met en lumière l’impact limité de l’approche vétérinaire traditionnelle

Les éleveurs souhaitent que leurs vétérinaires les conseillent sur la fertilité. Les praticiens devraient saisir cette opportunité de développer leur service », a estimé John Mee, du centre de recherche Teagasc (Irlande), lors du dernier Forum européen de buiatrie⁽¹⁾. Un questionnaire, complété par cent vingt-deux vétérinaires de trois pays européens (Irlande, Pays-Bas et Portugal), montre que la majorité d’entre eux (76 %) notent une diminution de la fertilité des troupeaux. Cette baisse semble due à plusieurs facteurs, au premier rang desquels une gestion du troupeau et une nutrition inadaptées, associées à l’accroissement de la production laitière (respectivement 21 %, 19 % et 19 %). Les problèmes les plus fréquemment rencontrés sont similaires dans chaque pays : non-détection de l’œstrus (74 %), problèmes à la mise bas (65 %) et retours en chaleur (65 %).

Selon 70 % des praticiens interrogés, les clients qui demandent un suivi de fertilité sont plus nombreux. 73 % des confrères interviennent dans l’exploitation à la demande de l’éleveur. Pour John Mee, un service de gestion et de suivi de la fertilité peut être proposé sans attendre que l’éleveur soit demandeur. Le développement de services offerts par des paraprofessionnels formés qui ont l’autorisation d’utiliser certains produits et, en Irlande, l’apparition de vétérinaires “low cost” doivent inciter le praticien à proposer ces prestations. L’enquête révèle que la mise en place de ce service intéresse 80 % des vétérinaires.

« Pour les éleveurs, le vétérinaire est trop pressé pour leur fournir les conseils qu’ils attendent »

En Irlande, de nombreux éleveurs estiment que le vétérinaire n’a pas le temps de s’intéresser aux problèmes de fertilité rencontrés dans leur élevage. Ils le voient comme un professionnel qui résout les problèmes, pas comme celui qui les aidera à améliorer leur façon de travailler et leur donnera des conseils. Pourtant, alors que le vétérinaire n’est pas le seul conseiller d’un élevage laitier, il est considéré comme le plus important. La promotion d’un service passe donc par le développement de la communication de la part du praticien : newsletters, réunions, etc. La jeune génération d’éleveurs, qui possèdent souvent des troupeaux importants et un niveau d’étude plus élevé que leurs aînés, attend davantage de conseils.

D’autres clients, en revanche, ne sont pas réceptifs aux nouvelles méthodes, notamment en matière de fertilité. Les bénéfices économiques d’un tel service, mis en évidence par l’amélioration des performances, peuvent alors être un argument pour les convaincre.

L’examen individuel est inclus dans le suivi global

Chris Watson⁽²⁾ a schématisé le programme de suivi de fertilité d’un troupeau sous la forme d’un cycle qui se divise en trois parties.

• Première étape : établir les performances

Cela débute par l’interprétation des données de performance du troupeau. Les logiciels de suivi de fertilité et les registres internationaux facilitent l’accès à ces renseignements. De nombreux éleveurs laitiers disposent de données suffisantes, mais ont besoin de conseillers techniques compétents pour les interpréter.

• Deuxième étape : étudier les facteurs associés aux performances

Le vétérinaire est qualifié pour rechercher les raisons pour lesquelles la performance n’est pas optimale et prioriser les actions pour y remédier. Afin d’assurer une approche méthodologique de chaque troupeau, un audit d’investigation permet de demander à l’éleveur sa propre évaluation des performances de son cheptel, puis de recueillir les informations sur l’alimentation, la génétique, les affections, etc. Tous les aspects de l’élevage sont envisagés, avec l’éleveur et éventuellement d’autres conseillers. Selon les éléments relevés (méthode d’insémination, conduite d’élevage, etc.), le praticien donne quelques conseils.

• Troisième étape : améliorer les performances

Des objectifs réalistes sont fixés, qui répondent aux critères SMART : spécifique, mesurable, atteignable, relevant (applicable), time-dependant (fixé dans le temps : à trois semaines, par exemple). Une fois le programme exécuté, le vétérinaire revient au moment convenu pour contrôler les objectifs (examen des animaux, analyses de laboratoires, interprétation des données), selon des critères de contrôle (par exemple, 75 % des inséminations artificielles ont réussi).

• (1) John Mee : « Bovine fertility management », conférence présentée lors du Forum européen de buiatrie, Marseille, décembre 2009.

• (2) C. Watson : « Developing active dairy herd management in practise », Irish Vet. J., 2009, n° 62, pp. 278-284.