Etes-vous pour ou contre un quota de 30 % de boursiers dans les écoles vétérinaires ?

Une notion mauvaise et insuffisante

Dire qu’il faut atteindre 30 % de boursiers dans une grande école ne me choque pas. C’est le rôle de l’Etat de fixer des objectifs. Toutefois, la notion de quota ne permet pas d’appréhender correctement la lutte contre un recrutement source de discrimination sociale. En quatre ans, le taux d’étudiants boursiers de l’école d’Alfort est passé de 16 à 27 %. Ce pourcentage dépend étroitement de celui des classes préparatoires. La récente modification des échelons d’attribution des bourses et l’accroissement de 40 % des étudiants qui bénéficient des échelons les plus élevés y contribuent également. De plus, l’évolution des frais de scolarité, 2 000 € à la rentrée 2010, peut jouer un rôle discriminatoire. A ce titre, nous avons créé des fonds spéciaux pour aider les étudiants en difficulté.

Cela ne reflète pas l’ouverture sociale

Notre expérience le prouve, il est inutile d’instaurer un quota d’étudiants boursiers minimal pour mener une politique d’ouverture sociale. Depuis plusieurs années, nous développons des partenariats avec des lycées classés défavorisés dans le cadre des Cordées de la réussite⁽¹⁾. Le premier pas consiste à casser l’image de classe préparatoire inaccessible. Il est encore trop tôt pour établir un premier bilan de ce projet de longue haleine. Le terme de quota introduit la contrainte, l’obligation, le contingentement, alors qu’il s’agit d’être positif et proactif sur la question de la diversification de l’origine sociale des étudiants des écoles. En 2009, l’école de Lyon comptait 37 % d’étudiants boursiers.

Cet objectif est limité

La question est de savoir comment s’évalue l’ouverture sociale d’une grande école. L’indicateur “quota d’étudiants boursiers” réduit l’évaluation aux seuls revenus financiers. Par exemple, il ne prend pas en compte la diversité culturelle des étudiants et de leurs familles. Je ne suis pas favorable à une voie d’accès parallèle pour les lycéens issus de milieux défavorisés. Je préfère une aide en amont de ces lycéens. Ainsi, Oniris est engagée dans les Cordées de la réussite⁽¹⁾. Sur les trente-six lycéens de la première promotion parrainés depuis la classe de première, tous ont eu leur baccalauréat et un tiers ont intégré une classe préparatoire aux grandes écoles. Oniris compte 40 % d’étudiants boursiers, 38 % en formation vétérinaire et 45 % en formation en ingénierie agro-alimentaire.

Le recrutement doit s’appuyer sur la qualité des étudiants

Je suis contre les quotas qui ont un caractère discriminatoire. Je suis pour des concours républicains qui s’appuient sur la qualité des étudiants et un dispositif qui favorise l’ascenseur social. Notre recrutement dépend étroitement des étudiants qui se présentent en classe préparatoire et des critères de sélection utilisés. Les actions favorisant l’ouverture sociale doivent donc se situer en amont. Dans le cadre de notre rattachement à l’Institut national polytechnique, nous préparons notre première participation aux Cordées de la réussite⁽¹⁾. Nous allons également nous engager dans les cordées vertes de la réussite, spécifiquement destinées aux élèves des lycées agricoles. Notre école vétérinaire compte 34,6 % d’étudiants boursiers.

• (1) Label créé pour promouvoir l’égalité des chances et la réussite des jeunes face à l’entrée dans l’enseignement supérieur.