L’Afssa a décrit et analysé les conditions d’ambiance de 144 porcheries du grand Ouest - La Semaine Vétérinaire n° 1395 du 05/03/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1395 du 05/03/2010

Bâtiments et élevages porcins

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Catherine Cavarait

La qualité de l’air des salles de postsevrage et d’engraissement dépend de la configuration des locaux, du réglage des paramètres d’ambiance et des conditions climatiques extérieures.

Au cours des trente dernières années, aucune amélioration de la fréquence des lésions pulmonaires des porcs charcutiers n’a été observée. Deux études menées en France en 1980 et en 2005 indiquent respectivement des taux de pneumonie de 66 % et 72 % et des fréquences de pleurésie de 17 % et 14,4 %. Récemment, une perte de marge de 3,24 € par porc produit(1) a été estimée dans les élevages sévèrement affectés par des lésions pulmonaires par rapport à d’autres faiblement atteints. Face à cette situation, un programme de recherche spécifique aux maladies respiratoires porcines a été mené par l’Afssa de Ploufragan de 2004 à 2008. Les scientifiques ont étudié trois volets : les agents pathogènes impliqués, la dynamique des infections respiratoires et les conditions de milieu offertes aux animaux. Les résultats de l’enquête relative à la qualité de l’air dans les salles de postsevrage et d’engraissement ont été présentés par Christelle Fablet, chercheur à l’unité “épidémiologie et bien-être du porc” de l’Afssa de Ploufragan, le 19 juin dernier. Cent quarante-quatre élevages du grand Ouest ont été recrutés pour cette étude.

La composition physico-chimique de l’air des salles de postsevrage et d’engraissement a été déterminée via cinq paramètres : la température, l’hygrométrie, les concentrations en CO2, en NH3 et en poussières respirables(2) (voir tableau 1). Pour chaque paramètre, les teneurs moyennes ont été confrontées aux seuils recommandés en santé humaine et animale, ainsi qu’aux mesures obtenues lors d’enquêtes antérieures effectuées en France et/ou dans d’autres pays.

La compilation des résultats met en évidence une teneur moyenne en CO2 élevée dans les salles de postsevrage et d’engraissement par rapport aux données de la littérature. Par ailleurs, les teneurs moyennes en poussières respirables y sont inférieures aux valeurs obtenues lors d’études menées à l’étranger et au seuil préconisé au regard de la santé humaine et animale (0,23 mg/m3 d’air).

Température insuffisante et excès de gaz pour les groupes déviants du postsevrage

Au regard de la composition physico-chimique de l’atmosphère, trois groupes de salles de postsevrage sont déterminés (voir tableau 2). Le groupe 1, nommé “climat froid”, est caractérisé par une température moyenne intérieure plus faible que dans les autres. Le groupe 2 regroupe les élevages qui ont la meilleure qualité d’air. Ceux du groupe 3, dits “gaz ++”, se distinguent par les concentrations moyennes en CO2 et en NH3 les plus élevées. Onze variables explicatives de la qualité de l’air des salles sont identifiées (voir tableau 3). Au-delà des évidences, cette étude objective chaque variable. Un élevage de porcs aura une forte probabilité d’appartenir au groupe “climat froid” si les bâtiments sont vieux (plus de quinze ans), avec des salles hébergeant moins de cent cinquante porcelets et disposant d’un volume supérieur à 1,3 m3 par animal avec une entrée d’air via le couloir. Pour ce groupe, le temps de préchauffage avant l’entrée des porcelets sevrés est court (inférieur à douze heures) et les températures de consigne pour le chauffage et la ventilation basses. Le groupe 3 se caractérise par des bâtiments âgés de moins de quinze ans, des salles de grande taille (plus de cent cinquante porcs) offrant un faible volume d’air par animal (moins de 1,1 m3), des températures de consigne de chauffage et de ventilation élevées, une distance lisier-caillebotis inférieure à 50 cm. De plus, « l’étude indique que les conditions climatiques extérieures influencent fortement la composition physico-chimique de l’air à l’intérieur du bâtiment, traduisant ainsi sa faible capacité, ainsi que celle de ses équipements, à atténuer les fluctuations thermiques extérieures dans certains élevages », indique la chercheuse.

Dix facteurs de risque sont identifiés pour l’engraissement

Au regard des conditions d’ambiance mesurées dans les salles d’engraissement, deux groupes de qualité d’air sont identifiés (voir tableau 4). Dix variables explicatives de ces groupes, relatives à la configuration des locaux, au réglage des paramètres d’ambiance et aux conditions climatiques extérieures sont retenues (voir tableau 5). Ainsi, en termes de configuration des locaux, les facteurs de risque d’une mauvaise ambiance en engraissement sont les salles de grande taille avec de grandes cases, un faible volume d’air par porc, une ventilation avec une extraction haute, une alimentation à sec. L’absence de préchauffage de la salle avant l’entrée des porcs l’hiver, une température de consigne inférieure à 25 °C et une plage de régulation supérieure longue sont les facteurs de risque retenus pour la gestion de l’ambiance de la salle. L’impact des conditions climatiques extérieures est également mis en évidence. Une hygrométrie relative extérieure moyenne élevée et une température extérieure moyenne basse sont les deux facteurs de risque climatiques retenus.

« Le confinement des porcs et l’accumulation de leurs déjections à l’intérieur des bâtiments exposent les animaux et le personnel d’élevage de manière continue à des gaz, des bio-aérosols et des particules. Ces composants sont principalement issus des animaux, de l’aliment et des déjections », précise Christelle Fablet. Au-delà de l’aspect santé animale, la maîtrise de la qualité de l’air dans les bâtiments d’élevage des porcs représente un enjeu en termes de santé publique. Plusieurs études épidémiologiques mettent en évidence les risques encourus par le personnel d’élevage. Des symptômes pseudo-asthmatiques, des obstructions des voies respiratoires, des sinusites et des bronchites chroniques sont décrits. Enfin, l’impact des émissions (gaz, particules, micro-organismes) des élevages porcins sur les écosystèmes environnants confère à la maîtrise de la qualité de l’air dans les porcheries une dimension environnementale.

  • (1) En Bretagne pour un aliment au prix de 263 €/t, avec le modèle de variation des marges semi-nette (variation des produits moins la variation du coût alimentaire, des dépenses de santé, des amortissements et des frais financiers).

  • (2) Les poussières sont classées en quatre catégories selon leur diamètre aérodynamique. Les poussières respirables mesurent moins de 4 µm.

CONFÉRENCIÈRE

Christelle Fablet, unité “épidémiologie et bien-être du porc”, Afssa de Ploufragan.

Article rédigé d’après la conférence présentée le 19 juin 2009 lors de la triangulaire AVSO/AFMVP/SNGTV, à Ploërmel (Morbihan).

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