EXERCER AUX USA ? D’ABORD MONTRER PATTE BLANCHE ! - La Semaine Vétérinaire n° 1395 du 05/03/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1395 du 05/03/2010

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Auteur(s) : Clémentine Deny*, Valentine Chamard**

Travailler outre-Atlantique est un american dream pour certains confrères désireux d’accéder à des établissements de renom, avec des plateaux techniques à faire pâlir d’envie certaines structures de médecine humaine ! Un rêve qui se heurte toutefois à un véritable parcours du combattant pour les diplômés d’une école non accréditée par l’American Veterinary Medical Association (Avma)… ce qui est le cas des ENV françaises. Suivez le guide.

Pour les vétérinaires candidats à l’expatriation, la première formalité consiste à obtenir une équivalence de leur diplôme, notamment via l’Educational Commission for Foreign Veterinary Graduates (ECFVG). Dirigé par l’Avma, ce programme se décompose en quatre étapes.

1re ÉTAPE : ADMISSION PRÉALABLE

Ouvert aux vétérinaires diplômés et aux étudiants en dernière année, le programme d’admission a pour objet de prouver ses qualifications. Le candidat envoie tout d’abord à l’Avma un formulaire, téléchargeable en ligne sur son site (nom, adresse, qualifications, numéro de passeport, nationalité, déclaration sur l’honneur de la véracité des informations fournies, etc.). Il devra avoir été vérifié, tamponné et signé par un notaire, un membre officiel d’une école vétérinaire, ou un membre officiel du consulat. A ce formulaire, il lui faudra joindre deux photos d’identité, une traduction officielle du diplôme de docteur vétérinaire en langue anglaise accompagnée d’une copie certifiée conforme à l’original, et la somme de 1 000 $.

L’Avma vérifie que toutes les données sont exactes, puis le candidat reçoit une lettre d’admission au programme de l’ECFVG. Il peut alors passer à l’étape suivante.

2e ÉTAPE : CAPACITÉ À PARLER ANGLAIS

Les vétérinaires qui ne sont pas nés dans un pays anglophone doivent passer un examen pour prouver leur capacité à comprendre, lire, s’exprimer et écrire en anglais. Deux possibilités s’offrent à eux :

– réussir le TOEFL (test of english as a foreign language), avec une note minimale de 25/30 en compréhension orale, 22/30 en expression écrite, 22/30 en expression orale et 23/30 en compréhension écrite. L’inscription se fait en ligne (www.fr.toefl.eu) ;

– opter pour l’IELTS (international english language testing system) qui requiert un score total minimal de 6,5/9, avec au minimum 7 en expression orale, 6,5 en compréhension orale, 6 en expression écrite. L’inscription a lieu auprès du consulat britannique (www.ielts.org).

Ces tests peuvent se passer dans de nombreuses villes françaises (centres Prometric pour le TOEFL). Il en coûte entre 225 et 260 $, sans compter l’achat des livres de révisions. Lors de l’inscription, le candidat donne le code spécial de l’Avma pour qu’elle reçoive directement les résultats. Ces examens se font sur ordinateur : un microphone enregistre les réponses et les retransmet aux examinateurs. Après environ trois semaines, le score obtenu est disponible sur l’Internet.

Le niveau requis est plutôt élevé et nécessite d’être capable de s’exprimer facilement en anglais.

3e ÉTAPE : EXAMEN THÉORIQUE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE

Une fois l’examen de langue réussi, l’Avma envoie un courrier au candidat et l’informe qu’il peut s’inscrire pour l’examen théorique, le Basic Clinical Science Examination (BCSE). Il doit alors renvoyer une demande d’inscription avec la somme de 80 $ (120 $ si l’examen a lieu en Europe). Selon la date du paiement, il est possible de passer l’examen trois à six mois plus tard, une seule fois, pendant une période ouverte d’une à deux semaines. Il n’y a que quatre sessions par an. Lorsque l’Avma a reçu et accepté la demande d’examen et le règlement, elle renvoie un code personnel pour s’inscrire en ligne à une session.

Depuis mai 2009, il est possible de passer cet examen en Europe, notamment à Paris (dans un centre d’examen à La Défense), Toulouse (université Paul Sabatier) ou Genève (université de la ville). Le BCSE se décompose en deux cent vingt-cinq questions à choix multiples auxquelles il faut répondre en quatre heures au maximum. Elles portent sur tous les sujets de la médecine vétérinaire (voir encadré).

En cas, d’échec, il est possible de repasser l’épreuve, moyennant le paiement, de nouveau, de la totalité des frais.

Les connaissances requises pour réussir cet examen sont équivalentes à celles d’un jeune diplômé d’une université vétérinaire accréditée.

L’Avma ne communique pas les résultats finaux du BCSE, mais fait savoir au candidat, par courrier, s’il a réussi ou non (failed ou passed). A ce sujet, l’association reste discrète sur la note nécessaire à la réussite de l’examen (cela semble notamment lié au nombre de candidats). Le site Internet www.vetprep.com propose des sessions d’entraînement, des examens blancs et calcule les taux de bonnes réponses selon les sujets. L’inscription à ce site offre un accès illimité aux quelque quatre mille questions d’entraînement pendant trois mois, plus des fiches de révision. Il en coûte 190 $, mais cela permet de bien se préparer.

4e ÉTAPE : EXAMEN PRATIQUE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE

Une fois le résultat « passed » obtenu au BCSE, il est alors possible de passer à la suite : envoyer une demande d’inscription à l’examen clinique pratique, le Clinical Proficiency Examination (CPE), avec la somme de 500 $. Quand cette requête est acceptée, le candidat reçoit de l’Avma un formulaire d’inscription au CPE, à renvoyer avec un autre règlement de 500 $. Lorsque l’inscription est accordée, le candidat peut alors s’inscrire à l’examen proprement dit, en versant 4 000 $, au minimum soixante jours avant la date prévue de l’épreuve. Le CPE se décompose en six modules (techniques de diagnostic, médecine équine, canine et bovine, anesthésie et chirurgie) et se passe sur trois jours. Il a pour but de vérifier les connaissances pratiques du candidat. Le niveau est assez basique, mais certaines erreurs sont éliminatoires. Si le score obtenu n’est pas suffisant dans un ou au maximum trois modules, il est possible de ne repasser que ces matières, dans les douze mois qui suivent le premier examen. Si le niveau est insuffisant dans plus de trois modules, il faudra repayer les frais de cette étape pour pouvoir se présenter de nouveau. Ce dernier examen ne peut se passer qu’aux Etats-Unis. Cinq universités (LasVegas, Oklahoma, Mississipi, Tuskegee et Missouri) accueillent les candidats.

Une fois l’équivalence reconnue, le Navle est exigé pour obtenir le permis d’exercer

Ces quatre étapes réussies, le candidat est enfin déclaré comme ayant complété avec succès le programme de l’ECFVG, valable à vie et reconnu par les cinquante états américains. Mais son parcours du combattant ne s’arrête pas là ! Le North American Veterinary Licensing Examination (Navle, délivré par le National Board of Veterinary Medical Examiners, NBVME) est exigé pour obtenir un permis d’exercer en Amérique du Nord. Il s’agit d’un examen informatisé, qui s’étale sur une journée entière, composé de trois cent soixante questions à choix multiples sur tous les domaines d’exercice de la profession vétérinaire. Pour l’obtenir, le candidat doit répondre correctement entre 55 et 65 % des questions (le taux de réussite est en moyenne de 90 à 95 %). Une session a lieu deux fois par an, dans des centres Prometric, moyennant le paiement de 500 à 1 000 $ selon les états. Certains exigent en outre le passage d’examens supplémentaires. Il convient donc de vérifier ce que chacun d’entre eux demande en termes de qualification(1).

Il ne restera plus, en bout de course, qu’à régler des formalités annexes, comme l’obtention du visa, mais c’est une autre histoire, avec de nouvelles tribulations en perspective…

Matières du BCSE

• Anatomie (18 à 22 questions).

• Pharmacologie, physiologie, toxicologie (24 à 28 questions).

• Anatomie pathologique et pathologie clinique (22 à 26 questions).

• Médecine (étiologie, diagnostic, traitement des maladies) et dentisterie (42 à 50 questions).

• Chirurgie et anesthésie (34 à 38 questions).

• Techniques de diagnostic et imagerie médicale (26 à 30 questions).

• Médecine préventive, droit, épidémiologie animale, nutrition, santé publique, régulation des populations (18 à 22 questions).

• Total : 225 questions.

Un autre programme d’équivalence existe

L’American Association of Veterinary State Boards (AAVSB) propose une solution alternative pour obtenir une équivalence au diplôme américain : le Program for the Assessment of Veterinary Education Equivalence (Pave). Mais, contrairement à l’ECFVG, il n’est pas reconnu par tous les états américains. Il se décompose aussi en quatre étapes : vérification de la formation suivie, compétences en anglais, examen théorique de connaissances cliniques (Qualifying Examination géré par le National Board of Veterinary Medical Examiners, NBVME), évaluation des compétences cliniques via l’examen du Veterinary Clinical Skills Assessment (VCSA, via le NBVME) ou rotation pendant douze mois dans une université accréditée.

V. C.

Formalités allégées pour les diplômés de cinq écoles européennes

Les étudiants européens sortis des universités d’Utrecht, de Dublin, de Londres, d’Edimbourg et de Glasgow qui veulent exercer aux Etats-Unis ou au Canada voient la procédure notablement allégée. En effet, ces écoles vétérinaires sont accréditées par l’Avma. Dans leur cas, seul le Navle sera exigé pour obtenir le permis de travailler dans ces deux pays. En outre, aucun examen supplémentaire ne sera demandé par l’Australie. L’ENV de Lyon est en passe d’obtenir l’accréditation de l’Avma. Engagée dans ce processus depuis 2005, l’école a franchi avec succès plusieurs étapes et attend l’évaluation finale pour la fin de l’année ou début 2011.

C. D. et V. C.

Quelques chiffres

• 6 000 à 10 000 €, telle est la somme qu’il faudra débourser pour obtenir l’équivalence. Au prix des examens s’ajoutent en effet les faux frais : traducteur agréé pour le diplôme (60 €), matériel de révision, charges ou commission lors de transfert d’argent, envois de lettres recommandées, un ou deux voyages aux Etats-Unis (500 € minimum), plus le logement sur place, etc.

• 19 % des candidats obtiennent l’équivalence en 1 an, 64 % en 1 à 2 ans et 17 % en 2 à 3 ans (données Avma 2007).

• 4 700 vétérinaires ont été agréés par l’ECFVG depuis sa création, il y a 36 ans.

• Sur les 463 candidats présentés à l’ECFVG en 2009, dont 2 Français seulement, 289 ont obtenu le diplôme.

C. D., V. C. et Ph. Z.
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