Des prises alimentaires courtes, mais fréquentes, sont conseillées chez les NAC anorexiques - La Semaine Vétérinaire n° 1395 du 05/03/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1395 du 05/03/2010

Alimentation assistée

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Agnès Faessel*, Didier Boussarie**

Seuls les serpents sont nourris tous les dix jours. Les techniques utilisées (gavage à la seringue, via une sonde, etc.) sont à adapter à chaque espèce.

Alimenter un nouvel animal de compagnie (NAC) anorexique est toujours une priorité. Le cas échéant, son gavage est à mettre en place sans délai. La technique et les aliments utilisés dépendent, bien entendu, de l’espèce.

Chez les petits mammifères

Le gavage s’effectue à la seringue, ou éventuellement après la pose d’une sonde naso-gastrique. Pour le lapin et les rongeurs herbivores, des soupes de légumes variés, ainsi que des jus et des compotes de fruits peuvent être utilisés. Parmi les aliments spécifiques du commerce, Critical Care® for herbivores (Oxbow Animal Health) est particulièrement intéressant. Mais il s’administre à la seringue, car les particules végétales qu’il contient sont inadaptées aux sondes. Les préparations entérales pour carnivores domestiques sont à proscrire chez ces espèces.

En revanche, elles sont utiles chez les espèces omnivores. Plusieurs produits sont disponibles (Fortol®, Réanimyl®, Nergycare®, etc.). Des compotes ou des yaourts aux fruits et du lait de soja peuvent aussi être distribués. Chez le furet, Fortol® (Intervet) est le plus apprécié. D’une manière générale, les produits spécifiques vétérinaires sont recommandés. Par ailleurs, il est déconseillé de laisser des aliments à disposition dans des récipients placés sur le sol de la cage, car ils sont souvent renversés, ce qui occasionne une stagnation dans l’humidité et des souillures du pelage, des éventuels pansements ou des lésions externes.

Pour éviter l’atonie digestive, l’alimentation quotidienne s’effectue par plusieurs gavages de courte durée, répartis dans la journée (trois ou quatre par jour). Une quantité de 10 à 15 ml/kg est administrée à chaque fois.

• Gavage à la seringue

La seringue est introduite dans la cavité buccale, en arrière des incisives, et l’aliment est administré par courtes pressions successives. Chez le cobaye et le chinchilla, sujets aux reflux, il convient de veiller à donner l’aliment en très petites quantités (0,1 ml par poussée). Chez le furet, la seringue peut être placée à l’entrée de la cavité buccale, en butée contre les incisives, de manière à ce que l’animal lape le produit (voir photo 1).

• Sondage naso-gastrique

Si nécessaire, une sonde naso-gastrique peut être posée, comme pour l’administration d’un médicament buvable (vermifuge), d’un réhydratant, d’un produit de contraste (baryte), etc. Chez le lapin vigile ou anesthésié (anesthésie flash à l’isoflurane), une sonde d’alimentation naso-œsophagienne de 2 ou 1 mm (verte ou jaune), lubrifiée avec un gel anesthésique (Tronotane®), est introduite délicatement dans la partie ventro-médiane d’une des deux narines. Elle est poussée jusqu’à environ la moitié de sa longueur, puis maintenue en place à l’aide de trois points de fixation (voir photo 2). Il convient de vérifier sa bonne position dans l’estomac (et non dans la trachée) avant l’utilisation : une aspiration à son extrémité rencontre une résistance ou permet de récolter du liquide gastrique. En cas de doute, une radiographie thoracique peut être pratiquée. Le principal incident est l’impossibilité de faire pénétrer la sonde. Dans ce cas, elle bute dans le sinus nasal ventral.

La sonde naso-gastrique ne doit rester en place que quelques jours (trois au maximum). Il est nécessaire de la rincer soigneusement après chaque gavage, car il existe un risque d’obturation par des particules alimentaires.

En pratique, ces sondes sont surtout utilisées chez le lapin. Leur mise en place est plus délicate chez les autres petits mammifères (furet, cobaye). Chez le furet, des sondes de pharyngostomie ou d’œsophagostomie (voire de thoracostomie) peuvent être employées.

Chez les oiseaux

Voir un oiseau manger en autonomie n’est pas toujours rassurant ! Il peut tout à fait mourir peu après… D’une manière générale, les oiseaux disposent de faibles réserves énergétiques. Pour éviter un état d’hypoglycémie, ils doivent donc s’alimenter souvent. Ils défèquent également suivant une fréquence élevée (vingt-cinq à cinquante fois par jour chez la perruche ondulée). Le meilleur indicateur de la fonction hépatique chez les oiseaux est le taux d’acides biliaires dans le sang (20 à 80 µmol/l chez les Psittacidés).

• Alimentation spontanée

Chez les oiseaux, la prise alimentaire spontanée est à privilégier. Des fruits et des graines sont proposés aux Psittacidés et aux petits oiseaux exotiques, surtout frugivores et/ou granivores. Des morceaux de viande seront donnés aux rapaces. Si l’oiseau ne consomme pas les aliments qui lui sont présentés, ils peuvent être placés directement dans la cavité buccale.

• Sonde de gavage

En cas d’échec, ou si l’état de l’animal ne le permet pas, une sonde de gavage est employée. En pratique, une sonde métallique courbe est enfoncée dans la cavité buccale, du côté droit de préférence (car l’entrée de l’œsophage se situe à droite), jusqu’au jabot ou au proventricule. L’aliment, préalablement tiédi, est administré lentement, par petites quantités. L’oiseau doit être maintenu le cou en extension vers le haut afin d’éviter les régurgitations (voir photo 3). Le principal risque du gavage est en effet une fausse déglutition à la suite d’un reflux ou lors de l’introduction de la sonde dans la trachée. Les quantités à donner sont donc réduites : 3 à 5 % du poids de l’oiseau à chaque gavage, soit 35 ml/kg pour les individus de moins de 1 kg et 20 ml/kg pour les plus gros (voir tableau).

Les aliments administrés par sondage sont des pâtées d’élevage ou des produits de renutrition spécifiques (Kaytee®, Harison Bird Food Recovery Formula® par exemple) chez les espèces frugivores et granivores. Les produits semi-liquides hyperprotéinés (Fortol®, etc.) sont utilisables chez les rapaces.

Chez les reptiles

Une alimentation assistée est également à envisager en cas d’anorexie. Mais une aide à la déglutition est alors nécessaire.

• Aliments à administrer

Pour les espèces herbivores et frugivores (tortues terrestres, iguanes, varans, geckos, Uromastix, etc.), des fruits en compote ou le produit Oxbow Critical Care® for herbivores sont utilisés. La formulation Critical Care® for carnivores ou les produits hyperprotéinés pour animaux sont administrés chez les espèces carnivores (tortues aquatiques, caméléons, Pogona, Physignathus, scinques).

Les serpents carnivores sont nourris avec des proies mortes (souris fraîchement tuées ou décongelées) préalablement enduites de blanc d’œuf. Un repas tous les dix jours est suffisant. Les serpents piscivores (Thamnophis, Neirodia) consomment de petits poissons qui ne contiennent pas de thiaminases.

• Méthodes de gavage

Chez le reptile hospitalisé, les aliments peuvent être introduits dans la cavité œsophagienne à l’aide d’une pince mousse, d’une seringue ou par taxis. En pratique, les serpents sont maintenus en position verticale, la tête vers le haut, par plusieurs mains pour éviter les contorsions. La proie est placée dans la cavité buccale, puis descendue jusqu’à l’estomac par taxis externe. Les produits liquides sont administrés à l’aide d’une seringue.

Si nécessaire, un sondage oro-gastrique est pratiqué. Chez les ophidiens, la sonde est poussée d’une longueur égale au tiers de la distance nez-cloaque, et pour les chéloniens d’une longueur égale à la distance entre le rostre et la jonction entre les écailles pectorales et abdominales du plastron.

Chez les tortues de grande taille coopératives, un sondage naso-gastrique est possible. Une sonde de pharyngostomie peut être posée chez celles de plus petit format, à mi-longueur du cou, et fixée à la dossière (voir photo 4).

CONFÉRENCIER ET COAUTEUR

Didier Boussarie, Centre hospitalier vétérinaire Frégis (Arcueil, Val-de-Marne).

Article rédigé d’après la conférence « Alimentation des NAC hospitalisés », congrès Fecava-Afvac 2009, à Lille.

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