L’origine bactérienne concerne moins de 3 % des affections du bas appareil urinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1393 du 19/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1393 du 19/02/2010

Pathologie urinaire chez le chat

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Amélie Camart

L’âge, les maladies intercurrentes, les sondages et la chirurgie des voies urinaires augmentent le risque.

Les infections du tractus urinaire correspondent à l’adhérence, à la multiplication et à la persistance d’un ou de plusieurs agents infectieux, le plus souvent bactériens, au sein du tractus urinaire, physiologiquement stérile. Elles sont rares chez le jeune chat. Les cystites bactériennes sont détectées dans moins de 3 % des cas d’affections du bas appareil urinaire. « Néanmoins, cette prévalence augmente avec l’âge et plus de la moitié des chats de plus de dix ans atteints d’une maladie du bas appareil urinaire présentent une infection du tractus urinaire », constate notre consœur Christelle Maurey-Guenec.

Insuffisance rénale chronique, diabète sucré et hyperthyroïdie sont des facteurs de risque

Les infections du tractus urinaire sont le résultat d’un déséquilibre entre les moyens de défense de l’hôte et la virulence de l’agent infectieux. Certaines maladies systémiques, en particulier chez le chat âgé, favorisent leur apparition : l’insuffisance rénale chronique, le diabète sucré et l’hyperthyroïdie. En effet, la prévalence des infections du tractus urinaire est comprise entre 17 et 30 % lors d’insuffisance rénale chronique, 12 et 14 % lors de diabète et 12 et 22 % lors d’hyperthyroïdie. Ces infections sont asymptomatiques dans 90 % des cas. Les femelles seraient prédisposées. La glycosurie, l’azotémie et la diminution de la densité urinaire constitueraient des facteurs de risque. Néanmoins, les études actuelles présentent des résultats contradictoires et les mécanismes exacts restent à démontrer.

Une urétrostomie périnéale, un cathétérisme urétral et, plus rarement, une néoplasie, une vessie neurogène ou une malformation congénitale sont également des facteurs prédisposants. La prévalence des infections du tractus urinaire est de 70 % à la suite d’un sondage et de 20 % après une urétrostomie. Différents mécanismes sont suspectés : une contamination exogène, une diminution de la longueur et de la tonicité urétrales, l’altération de la muqueuse et de l’immunité locale.

La récolte d’urine après une miction est à proscrire

Lors de suspicion d’une infection du tractus urinaire, l’analyse physico-chimique et l’examen du sédiment urinaire sont indispensables. Les urines sont prélevées de préférence par cystocentèse (bactériurie significative si supérieure à 1 000 CFU/ml). Le sondage reste possible, mais il nécessite une tranquillisation et peut entraîner une infection. La récolte d’urine après une miction est à proscrire. L’examen cytobactériologique des urines doit être réalisé rapidement. Néanmoins, il est possible de conserver les urines six à huit heures à 4 °C. Une bandelette urinaire peut être immédiatement effectuée : un pH urinaire alcalin est évocateur d’une infection du tractus urinaire (certaines bactéries, hormis Escherichia coli, produisent des uréases). La plage des leucocytes donne des résultats non significatifs chez le chat. Lors de l’examen du sédiment, une hématurie, une pyurie (plus de cinq leucocytes par champ à l’objectif 40) et une bactériurie constituent des facteurs en faveur d’une infection du tractus urinaire, mais les faux positifs ou négatifs restent possibles. De plus, la dilution des urines rend plus difficile l’examen du sédiment.

Une identification bactérienne et un antibiogramme sont à réaliser systématiquement, en raison des nombreuses résistances aux antibiotiques. Dans 85 % des cas, les urocultures sont monomicrobiennes : E. coli et Enterococcus spp. sont les germes les plus fréquemment isolés.

Selon le segment atteint, les pyélonéphrites (infection des reins et/ou des uretères) sont distinguées des infections “basses” (vessie, urètre). Comme l’examen cytobactériologique des urines ne permet pas de localiser l’infection, le diagnostic d’une pyélonéphrite repose essentiellement sur la présence de symptômes évocateurs (altération de l’état général, anorexie, vomissements, hyperthermie, néphromégalie, douleur abdominale), d’images échographiques évocatrices et d’une bactériurie. En effet, le diagnostic de certitude nécessite la mise en culture d’urine prélevée par pyélocentèse et/ou d’une biopsie rénale, difficilement réalisables en pratique.

Traiter toute bactériurie, même en l’absence de symptômes

Sans facteurs favorisants ni maladies intercurrentes, un traitement antibiotique de sept à dix jours est généralement suffisant pour les infections du bas appareil urinaire. Les pénicillines, les céphalosporines et les quinolones sont à privilégier (élimination par voie urinaire). Chez le chat âgé, ou qui a subi un cathétérisme urétral prolongé ou une urétrostomie, une identification bactérienne et un antibiogramme sont indispensables. L’antibiothérapie est maintenue pendant trois semaines et une uroculture de contrôle est réalisée cinq à sept jours après l’arrêt du traitement. Le principe est le même en cas de pyélonéphrite aiguë. Le traitement antibiotique est maintenu pendant six semaines lors de pyélonéphrite chronique. Face à une pyélonéphrite, il est préférable d’initier le traitement par voie intraveineuse pendant quarante-huit à soixante-douze heures. Les maladies intercurrentes telles que l’insuffisance rénale chronique, le diabète sucré et l’hypothyroïdie doivent être impérativement traitées.

Chez la femme et les personnes âgées, les bactériuries asymptomatiques sont fréquentes. Néanmoins, une antibiothérapie est rarement mise en place puisque l’absence de traitement n’engendre pas d’augmentation de la morbidité. Chez le chat, les infections urinaires sont également le plus souvent asymptomatiques. S’il est actuellement recommandé de traiter ces bactériuries, censées augmenter le risque d’inflammation et d’infections ascendantes, il sera nécessaire, dans les années futures, d’en démontrer l’efficacité réelle.

CONFÉRENCIÈRE

Christelle Maurey-Guenec, unité pédagogique de médecine de Maisons-Alfort.

Article rédigé d’après la conférence « Infections du tractus urinaire chez le chat, est-ce si rare ? », présentée au congrès 2009 de la Fecava à Lille.

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