Que pensez-vous du système français des points de formation ?

C’est ridicule

Ce système donne l’impression que la profession vétérinaire est envahie par des craintes. Pour y répondre, elle a construit un audit de précaution. A quoi sert-il ? Qu’apportera-t-il de mieux à l’exercice de notre profession ? Quel est l’impact sur la qualité des soins ? Il est possible d’accorder la moitié des dix points de formation sur la seule base d’une déclaration de l’intéressé. Ils ne valent donc rien. Pour aller au bout de cette logique, il faudrait organiser de vrais examens.

Les conséquences d’un quota de points non atteint ne sont pas décrites : une éviction du vétérinaire, un refus d’assurance ? A l’avenir, y aura-t-il une gradation selon le nombre de points acquis, avec une classe de “super vétos” ? Pourra-t-on se prévaloir d’un nombre de points au niveau promotionnel ?

C’est ridicule et éloigné de la réalité. Cela ne correspond pas à l’exercice tel que je l’aime, à l’indépendance de notre profession.

Cela consiste à acheter des points

Le système actuel atteste uniquement de l’achat de points. Dans le cadre des modalités mises en œuvre pour certifier l’obtention des points acquis, il est peu glorifiant de remplir un questionnaire à la fin des journées de formation. J’ai l’impression de me retrouver sur les bancs de l’école. Cette façon simple de vérifier l’acquisition immédiate des connaissances n’évalue pas leur mise en œuvre dans notre pratique. J’ignore le nombre exact de points de formation en ma possession. Toutefois, mon abonnement à L’Encyclopédie Vétérinaire m’en confère suffisamment.

Une alternative à ce contrôle pourrait être l’évaluation de notre travail en réseau avec d’autres vétérinaires sur des cas cliniques spécifiques. Cela nous permettrait d’évaluer notre niveau de compétence et nous donnerait les moyens de décider à partir de quand il est nécessaire de référer les cas complexes.

Le système actuel n’a pas modifié ma façon de me former

Un dispositif qui confond formation et compétence

Le système de points de formation par capitalisation avec un seuil minimal à atteindre me met en colère. Premièrement, son caractère obligatoire nous infantilise au lieu de nous confirmer dans notre posture d’adulte responsable. Entendons-nous bien, je suis un convaincu du bien-fondé de la formation professionnelle continue et je l’ai largement promue en tant que président du GTV départemental.

Deuxièmement, qui dit obligation, dit contrôle et sanction. Ce dispositif ne fait que la joie des organismes dits “agréés” pour consommer les budgets obligatoires.

Troisièmement, ce système confond formation et compétence. Il est possible d’avoir un carnet de points bien rempli et d’être incompétent. Depuis longtemps, les vétérinaires ont compris que les meilleurs juges de leur niveau de formation sont leurs clients.

Quatrièmement, l’Ordre siège au Conseil national vétérinaire pour la formation complémentaire et continue (CNVFCC) et a en charge la comptabilisation individuelle de nos points de formation. De ce fait, il s’érige en juge de notre évaluation professionnelle. Cela n’est pas crédible. Créé en 1947, l’Ordre a attendu 2008 pour proposer l’étude d’une réforme de l’organisation de la profession, soit soixante et un ans plus tard.

Cinquièmement, dans notre société qui s’américanise, imaginons un vétérinaire au tribunal. Il a fait tout ce qui fallait pour se former et présente un carnet de points honorable. Le juge de conclure alors : « Et en plus, vous vous formez, vous êtes donc vraiment incompétent. »

Sixièmement, il faut enterrer définitivement cette fausse bonne idée.