La micronutrition, discipline récente, s’intéresse aux nutriments non énergétiques - La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1392 du 12/02/2010

Biothérapie. Formation

Actualité

Auteur(s) : François Jacquet

Comme la phytothérapie, elle nécessite d’envisager l’individu dans son ensemble.

La micronutrition, dont les premiers principes ont été énoncés en 1992, a fait l’objet d’une initiation pour les praticiens, organisée par le Groupe d’études en biothérapies (GEB) de l’Afvac, le 30 janvier à Paris. Animée par notre confrère Claude Faivre, en collaboration avec le laboratoire Wamine, elle a fait intervenir deux médecins, experts en micronutrition humaine : Christian Leclerc, président du groupe PiLeJe, et Didier Chos, président de l’Institut européen de diététique et de micronutrition. Ce terme fait référence aux micronutriments, éléments de l’alimentation dépourvus de poids énergétique, mais essentiels à l’organisme (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides aminés essentiels, acides gras poly-insaturés, fibres, etc.), par opposition aux nutriments énergétiques ou aux macro­nutriments (glucides, lipides, protides).

L’écosystème digestif – qui fait intervenir la flore intestinale ou microbiote, la muqueuse intestinale et le système immunitaire – constitue le pilier de la micronutrition.

L’altération du microbiote est responsable de nombreuses affections

« L’eubiose désigne l’équilibre dynamique dans lequel se trouve le microbiote intestinal », a expliqué Christian Leclerc. Ce microbiote est constitué de micro-organismes (bactériophages, levures et bactéries) qui vivent en équilibre, chaque individu ayant le sien propre. Il remplit une fonction d’homéostasie, “d’amortisseur” des effets du milieu extérieur sur l’organisme.

La dysbiose désigne toute altération de ce microbiote. Elle est notamment impliquée dans l’obésité, les maladies cardiovasculaires, l’atopie et les troubles du comportement. Lors de dysbiose, la production d’endotoxines dans le tube digestif s’accroît, entraînant une inflammation puis une hyperperméabilité de la muqueuse intestinale. Ces endotoxines gagnent le courant sanguin. Le foie, dont les capacités de détoxification sont dépassées, réagit par la production de cytokines pro-inflammatoires, qui provoquent douleurs articulaires, prurit et dépression, et accroissent la vulnérabilité de l’organisme. Dès lors, il semble indispensable de fournir au microbiote intestinal les éléments nécessaires à sa bonne santé, appelés prébiotiques (fructanes comme l’inuline ou les FOS(1), amidons résistants). Ces fibres alimentaires apportent, après la fermentation, des acides gras volatiles qui agissent directement sur la perméabilité intestinale et les hormones digestives.

Des applications dans le cadre des inflammations chroniques intestinales

« Ces connaissances sont importantes pour la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici) chez les carnivores domestiques », indique Claude Faivre. Il faut garder à l’esprit que plusieurs causes peuvent agir simultanément, qu’il s’agisse de désordres immunitaires, de problèmes de perméabilité intestinale ou de facteurs environnementaux. Les symptômes associés varient. Ils peuvent être cutanés, oculaires, hépato-biliaires, vasculaires, rénaux, articulaires, etc. « Lors de Mici, les traitements allopathiques montrent souvent leurs limites. » Le traitement étiologique consiste à lutter contre la dysbiose et à restaurer l’état d’eubiose du microbiote. Il est nécessaire pour cela d’effectuer une recolonisation momentanée du biofilm par une association de souches capables d’assurer une activité anti-inflammatoire et immunomodulante et de survivre le plus longtemps possible dans un milieu qui doit se reconstituer.

Parmi les indications des probiotiques figure la lutte contre l’arthrose canine

Les découvertes sur les agressions cellulaires ont été présentées par Didier Chos. Les radicaux libres ou FRO (formes réactives de l’oxygène) sont largement en cause. Ils provoquent une oxydation et une dénaturation des lipides membranaires. Leur origine est endogène et exogène. L’organisme en produit en raison de son métabolisme aérobie, mais aussi lors d’infection, d’inflammation, d’infarctus, de détoxication de certains xénobiotiques. L’hygiène de vie et certains agents physiques (ultraviolets, chaleur) sont des sources d’apport exogène de radicaux libres.

L’organisme possède deux systèmes de défense. La défense antiradicalaire est constituée d’enzymes et de “piégeurs” de radicaux libres (vitamines A, C et E, flavonoïdes, acide urique, etc.). Un stress oxydatif survient quand elle est dépassée par la production radicalaire. Le second système repose sur l’activité des protéines de stress ou heat shock proteins (HSP), qui exercent un rôle de réparation et un contrôle de l’inflammation. Elles préviennent l’agrégation des protéines altérées et éliminent les protéines anormales. Bien qu’un “bruit de fond” radicalaire soit nécessaire à l’organisme (bactéricidie, multiplication des lymphocytes T, etc.), les radicaux libres sont impliqués dans de nombreuses affections (dégénérescence articulaire et cutanée, maladies vasculaires, cataracte, cancers, etc.). Il est donc important de les contrôler.

Lors d’arthrose chez le chien, il faut considérer aussi bien l’appareil ligamentaire que l’état des surfaces articulaires ou osseuses, les images n’étant pas toujours le reflet de leur état inflammatoire. « L’administration de probiotiques dès les premiers temps de la maladie permet une immunomodulation, une augmentation de la biodisponibilité des produits phytothérapiques et favorise le métabolisme du calcium grâce aux FOS », explique Claude Faivre.

Comme en phytothérapie,la démarche en micro­nutrition nécessite de considérer l’individu dans son ensemble. Lors de tout problème de santé chez le chien ou le chat, il convient de s’interroger sur le fonctionnement de l’écosystème digestif, organe à part entière, et sur la perméabilité de la muqueuse intestinale. La première chose à regarder est ainsi l’alimentation de l’animal.

  • (1) Fructo-oligosaccharides.

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