Assurance-vie : regarder où sont versées les primes permet d’éviter les surprises

La plupart des contrats d’assurance-vie sont des “multisupports”, selon le jargon des assureurs. Cela signifie que “l’enveloppe assurance-vie” comprend différents compartiments ou poches dans lesquels sont déposées les primes versées par le souscripteur. Si elles sont placées dans la poche “fonds en euros”, l’assureur doit garantir que le capital constitué ne pourra pas diminuer. Il investira donc surtout dans des obligations de bonne qualité. Le risque du placement repose sur la compagnie. Si elle fait de mauvais choix, elle devra les assumer. Dans ce cas de figure, c’est elle le gestionnaire et non le souscripteur. A aucun moment la prime nette versée (une fois les frais de fonctionnement déduits) ne doit baisser. Cela concerne l’année de versement, mais également toutes les autres. Les gains dégagés sont aussi garantis. Par exemple, en 2009, un contrat a réalisé une performance de 3,9 %, un autre de 4,05 %. Ces performances sont acquises une fois pour toutes. C’est “l’effet de cliquet”. La rémunération servie est définitive, quelle que soit l’évolution des marchés financiers durant les années suivantes.

Pour les autres supports, c’est-à-dire les autres compartiments, la logique est tout autre. Il s’agit des unités de comptes (UC dans le jargon des assureurs). Les primes versées sont investies en actions diversifiées. Dans cette configuration, le souscripteur est maître de ses placements et doit assumer les pertes et les gains. Ces derniers sont la contrepartie du risque pris. Le profit n’est jamais garanti définitivement. D’ailleurs, le Conseil d’Etat vient de désavouer Bercy sur la fiscalité des contrats d’assurance-vie.

En 2008, l’administration fiscale affirmait que les gains des contrats multisupports investis à plus de 80 % sur le fonds en euros (ce qui représente la plupart des situations) devaient être pris en considération dans le cadre du bouclier fiscal. Le Conseil d’Etat n’a pas été de cet avis. Il vient de juger que ces gains ne sont pas acquis définitivement, puisque le souscripteur peut se livrer à des arbitrages et perdre ses gains s’il arbitre mal.

Alors comment faire pour gagner et ne jamais perdre avec un placement en assurance-vie ? Tout dépend du laps de temps dont le souscripteur dispose sans avoir besoin de son épargne. Plus il est court, plus il faut privilégier les fonds ou compartiments en euros. A partir d’un horizon supérieur à cinq ans, il convient de panacher les primes pour en placer 80 à 90 % en euros et le reste en unités de comptes ou en actions. Une fois les gains réalisés sur les fonds en actions, ils doivent être réintégrés dans le fonds en euros pour les rendre définitifs.

Fuir les gadgets proposés par les compagnies pour attirer les clients potentiels

L’assurance-vie est un marché concurrentiel. Les compagnies et les banques font preuve d’imagination pour séduire leurs clients potentiels. Deux techniques sont couramment employées. Il s’agit du taux promotionnel et du taux garanti. Le premier consiste à promettre un rendement minimal durant un laps de temps généralement inférieur à un an. Une promesse comparable à celle des banquiers qui garantissent un taux d’appel pour une souscription sur un livret, par exemple « 4 % pour une souscription avant le 15 février ». Dans sa présentation, le second taux ressemble au premier. Généralement, les compagnies adeptes du taux garanti renouvellent leur offre chaque année.

Ces deux techniques peuvent nuire à l’épargne pour plusieurs raisons. La première concerne la gestion. Puisqu’il doit respecter des objectifs précis, le gestionnaire a les mains liées et ne peut pas prendre le moindre risque qui pourrait, judicieusement dosé, améliorer la performance du fonds. Les souscripteurs n’auront généralement pas davantage que ce qui a été promis et s’apercevront, en comparant les contrats, que d’autres ont réalisé une meilleure performance sans avoir fait aucune promesse. L’important est la régularité de la performance, année après année, et non le taux d’un seul exercice qui peut être facilement dopé. N’oublions pas que l’assurance-vie est un placement à moyen et long termes et non un simple compte sur livret.