Pour les huîtres, le “test de la souris” est (presque) fait comme un rat !

Depuis le 1^er janvier 2010, l’autorisation de commercialisation des huîtres dépend d’un nouveau test chimique, a confirmé Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, devant les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon, le 18 janvier. Exit donc le test biologique, dit “de la souris” (ou bio-essai souris). Ce dernier consiste à injecter des extraits d’huîtres à des souris pour déceler la présence éventuelle de toxines lipophiles produites par des micro-algues, toxiques pour l’homme⁽¹⁾. Les coquillages étaient interdits à la vente si deux souris sur trois mouraient dans les vingt-quatre heures. Depuis des années, les ostréiculteurs s’opposent à ce test qui ne permet ni d’identifier la toxine éventuellement présente, ni de savoir précisément ce qui entraîne la mort des souris. « Le nouveau test⁽²⁾, qui permet d’identifier et de quantifier treize types de toxines réglementées dans les coquillages, assure une meilleure garantie pour les consommateurs », indique le ministre, qui souligne que les laboratoires français sont équipés du matériel nécessaire à ce changement de méthode.

Le bio-essai souris n’est pas mort pour autant…

Toutefois, le test de la souris sera maintenu « à des fins de suivi de l’état sanitaire des bassins de production », indique-t-on au ministère. Une précision qui a son importance ! En effet, l’existence de toxines non encore identifiées n’est pas exclue. Les pouvoirs publics n’ignorent pas cet écueil et se sont donc conformés à un avis de l’Afssa du 4 décembre, qui recommande « qu’en cas de basculement du dispositif de surveillance sur la méthode chimique, un dispositif complémentaire de vigilance soit mis en place pour être en capacité de détecter le plus enamont possible l’émergence éventuelle d’autres sources de toxicité pour l’homme, au-delà des treize toxines lipophiles aujourd’hui réglementées. Celui-ci est fondé sur le maintien du bio-essai souris, mais selon une fréquence différente du système de surveillance actuel. En cas de résultat positif du bio-essai non expliqué par les résultats de l’analyse chimique (souris mortes, test chimique négatif) accompagné d’une situation inhabituelle (en termes de lieu, de période ou de symptomatologie des souris), il conviendrait que cet épisode soit examiné par une cellule de vigilance en vue de proposer des mesures de gestion et d’alertes et/ou des investigations complémentaires ». Il est alors légitime de penser que ces « mesures de gestion » ont de forts risques de mener à l’interdiction de la vente des huîtres !

• (1) Les résultats pour les autres toxines (paralysantes et amnésiantes) et ceux relatifs au phytoplancton toxique seront toujours issus d’une analyse chimique et du dénombrement des populations d’algues dans l’eau de mer.

• (2) Cette méthode utilise la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse (CL-SM/SM) pour la détection des familles de toxines lipophiles réglementées.