Quand l’habitude devient addiction - La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010 Echec de la connexion : Too many connections
La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010

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Auteur(s) : Jean-Michel Saint-Omer

Pourquoi la plupart des fumeurs réguliers fument-ils, alors qu’ils n’y prennent aucun plaisir ? Pourquoi certaines personnes ont-elles besoin d’un verre de vin à des heures précises ? Elles ne recherchent ni l’ivresse ni l’endormissement, mais ont besoin de ce “rituel” chaque jour. Le tabac et l’alcool sont associés à la stimulation, mais leur consommation devient vite une habitude, une réponse machinale. En fait, le cerveau a été “piégé”. L’habitude devient la répétition, ce que le cerveau apprécie. Cela donne l’illusion à celui qui s’y adonne de maîtriser son destin. Au-delà de ces deux exemples, il est utile de se pencher sur les formes que peut prendre l’habitude, notamment celle de travailler. Elle conduit certains à oublier de prendre soin d’eux-mêmes. D’autres y consacrent leurs jours et leurs nuits, premiers arrivés et derniers partis. D’autres encore papillonnent entre diverses activités, toujours agités, dépensant beaucoup d’énergie sans jamais rien terminer. Pour les “psys”, cette boulimie du travail (addiction) est une réponse à un sentiment de culpabilité qui remonte à l’enfance. Un enfant “coupable” pense mériter une punition. Devenu adulte, il peut s’imposer des tâches interminables pour se punir d’une faute dont il n’a pas conscience. C’est une forme de masochisme. Bien souvent, le bourreau de travail ne s’aime pas. Il n’a pas confiance en lui et compense par cet excès la mauvaise image qu’il a de lui.

Outre celles de boire, de fumer ou de travailler, certaines habitudes paraissent plus sympathiques, comme celle de tomber amoureux. Cet état s’explique par la peur de l’engagement. Les personnes qui en sont “atteintes” doutent de leurs amours, et surtout de leur capacité à aimer. Il s’agit du syndrome Marilyn Monroe.

Le problème d’une habitude excessive est son manque d’exclusivité, bien au contraire. Une habitude ancrée débouche souvent sur la “conquête” d’autres habitudes. Cela explique la relation qui peut exister entre l’habitude excessive et l’angoisse. Par exemple, pour beaucoup, le téléphone portable n’est plus seulement un instrument de communication, mais un véritable compagnon et ils ne peuvent plus s’en passer. Il les relie en permanence aux autres, mais aussi à eux-mêmes, transformant leurs sentiments en angoisse (« il ne m’a pas appelé… »). Un cercle vicieux, sauf à en prendre conscience et à s’observer fonctionner.

Un travail fondé sur la motivation permet de se défaire de ses habitudes

Changer d’habitude n’est pas simple. La première démarche est la prise de conscience, avant la mise en place d’une stratégie. Deux universitaires de Yale ont créé un site Internet (stickk.com) dont le but est d’aider ceux qui le souhaitent à tenir leurs bonnes résolutions. Ils y déclarent leur intention, puis leurs performances sont affichées, pour recueillir l’admiration des autres, à la manière des alcooliques anonymes ou de ceux qui suivent le programme d’amaigrissement Weight Watchers. C’est en quelque sorte la pression du groupe. Mais les deux universitaires vont plus loin. Le participant doit en effet définir une somme d’argent, qu’il perd s’il ne tient pas sa résolution (au demeurant librement consentie). L’originalité du concept vient de l’attribution de cette somme. Elle est en effet reversée à une organisation complètement opposée à ses valeurs, par exemple un hôpital qui pratique l’avortement si le participant est farouchement opposé à l’interruption volontaire de grossesse. Ce travail sur la motivation permet d’obtenir de bons résultats.

Ceux qui vouent un culte à l’habitude ont leurs opposés : les amateurs de sensations fortes(1). La routine est leur ennemi. Leur niveau d’éveil est plus faible et leur cerveau moins sensible que celui des personnes qui “pratiquent” la routine. Ces derniers anticipent toutes les catastrophes. Pour calmer leur cerveau, ils ont besoin de rendez-vous répétitifs. Loin de les effrayer, l’ennui et le vide les rassurent. Ils veulent avant tout éviter les émotions fortes qui les déstabilisent.

  • (1) L’affection liée à l’excès de nouveauté fera l’objet d’un prochain article.

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