« La délivrance : vivement qu’on s’en passe »

A l’occasion de réunions confraternelles, je me rends compte que je suis loin d’être le seul à penser que la fin de la délivrance par nos soins est inéluctable, et que ce ne sera peut-être pas plus mal. Nous prescrirons en toute indépendance, parce que cela sera le meilleur choix thérapeutique, sans considérations commerciales ni objectif de contrat à remplir. Nous indiquerons par exemple : « Comprimés d’amoxicilline 200 mg + acide clavulanique 25 mg matin et soir, 5 jours. » Le pharmacien choisira parmi les spécialités, selon les critères qu’il jugera bon d’établir et dont il sera responsable, et procédera à la délivrance.

Nous serons alors débarrassés :

– des relations ambiguës avec les laboratoires, du temps perdu à garder un œil sur l’évolution des contrats annuels, des publi-informations et autres publi-reportages dont la presse professionnelle est truffée, ainsi que des pseudo-réunions d’information sponsorisées par tel ou tel laboratoire, dont l’unique intérêt réside dans leur côté convivial (ce qui est déjà beaucoup);

– de la gestion administrative des stocks et des frais financiers liés à leur immobilisation.

Nous y perdrons le bénéfice lié à la vente ? La belle affaire ! Les vétérinaires américains sont aussi passés par là, avec l’émergence de la vente en ligne. Ils ont abandonné la vente et ont augmenté leurs tarifs de 20 à 30 %, paraît-il. Ils n’ont pas disparu, que je sache. Nous nous recentrerons sur notre métier, l’acte et le conseil, qui me semble dissociables des molécules de l’industrie pharmaceutique. Je vends (médicaments, aliments) et n’en ai pas honte. Cela participe à l’équilibre économique de ma petite structure, mais à la marge. A bénéfice constant, je pourrais fort bien me passer de cette vente, dont la part “over the counter” ne représente que 15 % de mon chiffre d’affaires.

• Notre confrère réagit au sondage sur la délivrance des médicaments, publié dans La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 4/12/2009.