L’imagerie médicale est utile pour le diagnostic et le suivi des chats hyperthyroïdiens

L’hyperthyroïdie est la maladie endocrinienne la plus fréquente chez le chat. Due à une hyperplasie fonctionnelle adénomateuse de la glande thyroïde ou à des adénomes hyperfonctionnels, elle est souvent bilatérale. Les carcinomes thyroïdiens sont rares. Le diagnostic de cette affection repose sur le signalement de l’animal, les signes et l’examen cliniques, le dosage des hormones thyroïdiennes et la scintigraphie thyroïdienne. L’échographie peut aussi être utilisée pour évaluer les lobes thyroïdiens.

D’autres organes sont parfois affectés lors d’hyperthyroïdie. Des troubles cardiaques peuvent être évalués à la radiographie et à l’échocardiographie. Il existe en outre une relation complexe entre l’hyperthyroïdie et l’insuffisance rénale chronique chez les vieux chats.

La scintigraphie évalue le fonctionnement de la thyroïde

Grâce à la captation par le tissu thyroïdien de certains produits radiopharmaceutiques (perte-chnétate de sodium, iode radioactif ¹²³I et ¹³¹I), la scintigraphie fournit une image du fonctionnement de ce tissu. Lors d’hyperthyroïdie, une augmentation de la captation du produit par les lobes thyroïdiens est observée, à comparer à la captation du produit par les glandes salivaires. Cette technique permet de différencier les atteintes unilatérales et bilatérales. Elle peut aussi détecter la présence de tissu thyroïdien ectopique et d’éventuelles métastases de carcinome thyroïdien. En revanche, la scintigraphie fournit peu d’indications sur la morphologie de la glande. Peu disponible, elle implique en outre l’emploi de produits radioactifs, ce qui expose les animaux et le personnel. Il peut également être difficile de différencier un adénome d’un carcinome, sauf s’il existe des signes d’extension bien visibles.

La scintigraphie sert aussi à traiter l’hyperthyroïdie grâce à l’iode radioactif ¹³¹I. Il se concentre dans les cellules thyroïdiennes hyperfonctionnelles, où il émet des radiations qui détruisent ces cellules. C’est un traitement permanent efficace qui présente des risques d’effets secondaires minimes (hypothyroïdie). C’est donc une alternative à la chirurgie, à utiliser en cas de lésions bilatérales ou de tissu ectopique hyperfonctionnel.

L’échographie permet d’estimer la morphologie de la glande

Chez le patient humain hyperthyroïdien, l’échographie est employée pour détecter des nodules et mesurer le volume de la glande (afin de calculer la dose d’iode 131 nécessaire). Chez le chien, l’échographie est utilisée lors d’hypothyroïdie et de carcinome thyroïdien. Chez le chat hyperthyroïdien, l’échographie thyroïdienne a été comparée à la scintigraphie, avec 85,7 % d’agrément pour différencier les lobes anormaux des lobes normaux. L’échographie permet en effet d’évaluer la morphologie de la glande et de déterminer si l’affection est unilatérale ou bilatérale.

Chez le chat normal, les lobes thyroïdiens sont fins et allongés, avec un parenchyme homogène et isoéchogène. Chez le chat atteint d’hyperthyroïdie, ils sont élargis, arrondis, hypoéchogènes et hétérogènes, avec de possibles lésions hypoéchogènes ou anéchogènes. La vascularisation (évaluée avec le Doppler couleur ou énergie) est augmentée. Après le traitement avec l’iode 131, les lobes thyroïdiens diminuent de volume et apparaissent moins hétérogènes, moins arrondis et moins vascularisés.

Toutefois, l’échographie ne donne pas d’information sur la fonction de la glande et il est difficile de repérer du tissu ectopique ou des métastases.

L’échocardiographie permet de détecter une éventuelle cardiomyopathie associée

L’hyperthyroïdie peut entraîner des troubles cardiaques, particulièrement une cardiomyopathie hypertrophique, la forme dilatée étant plus rare. Sur des radiographies thoraciques, une cardiomégalie légère à sévère est observée chez la moitié des chats hyperthyroïdiens, voire des signes d’insuffisance cardiaque (œdème pulmonaire et/ou effusion pleurale), surtout pour la forme dilatée. A l’échocardiographie, le septum interventriculaire et la paroi du ventricule gauche sont épaissis, l’atrium gauche est dilaté. Plus rarement, la forme dilatée apparaît avec une diminution de la contractilité du myocarde et une dilatation ventriculaire.

De nombreux chats hyperthyroïdiens présentent en outre une insuffisance rénale chronique, parfois masquée ou sous-estimée. Des problèmes rénaux peuvent alors survenir après le traitement de l’hyperthyroïdie. Une détection précoce de ces désordres rénaux est donc importante, si possible avant le traitement définitif de l’hyperthyroïdie. Le taux de filtration glomérulaire mesuré à l’aide de la scintigraphie rénale peut être utilisé, mais cela reste controversé. Ainsi, l’imagerie médicale est utile pour le diagnostic et le suivi des chats hyperthyroïdiens, particulièrement la scintigraphie qui évalue la fonction de la glande thyroïde et offre une possibilité de traitement définitif avec l’iode 131.