L’avenir est dégagé pour le bassin allaitant français - La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010

Bovins de boucherie. Economie d’une filière

Actualité

Auteur(s) : Olivier Jacquinot

Alors que les revenus des éleveurs creusois ont chuté de 30 % en trois ans(1) (de 2006 à 2008), Vincent Chatellier, économiste et ingénieur à l’Institut national de la recherche agronomique(2), est venu délivrer un message positif lors de la journée annuelle d’information organisée par le GDS de la Creuse pour les vétérinaires du département, en décembre dernier.

Selon lui, contrairement à beaucoup d’idées reçues, le bassin allaitant français a un bel avenir s’il sait s’adapter. En effet, la consommation mondiale de viande ne diminuera pas, mais devrait au contraire augmenter en raison de la croissance démographique (+ 1,12 % par an pour la prochaine décennie) et de la hausse du niveau de vie – donc de la demande qualitative et quantitative en alimentation – dans certains pays. Ainsi, la consommation de viande bovine en Chine est passée de 0,5 kg par habitant en 1975 à 5 kg en 2008. D’autres pays connaissent de telles évolutions en Asie, où le manque de surfaces fourragères entrave un fort développement de l’élevage bovin, ou au contraire dans des pays producteurs comme le Brésil, qui consomme 80 % de sa production (37 kg/habitant/an). Même en Europe, des marges de progression de la consommation existent (Hongrie : 4 kg/hab/an, Pologne : 7 kg/hab/an versus 16,5 kg/hab/an en France). Or, bien que bon payeur, le marché européen n’est pas intéressant pour les deux principaux exportateurs, le Brésil (40 % des exportations mondiales) et l’Australie (25 %), car il est trop exigeant en termes de traçabilité et de garanties sanitaires. L’Europe ne représente d’ailleurs pour eux que 3 % des volumes exportés.

La production française de viande bovine bientôt déficitaire face à la demande

Autre idée reçue battue en brèche : les pays de l’Est entrés récemment dans l’Union européenne ne pourront fournir durablement une viande bovine à bas coût. En effet, celle-ci est issue du cheptel laitier de réforme. Or l’entrée de ces pays dans l’Union leur permet de bénéficier des connaissances en matière de génétique, et donc d’une productivité qui va exploser et entraîner une forte réduction du troupeau laitier. L’élevage français ne semble donc pas sous la menace d’importations massives à bas prix. Vincent Chatellier va même plus loin : excédentaire depuis quarante ans, la production française de viande bovine deviendra déficitaire dès 2014 ou 2015. L’économiste propose donc de détaxer les viandes extra-européennes à hauteur de 250 000 t par an, soit la quantité manquante pour satisfaire la demande nationale. Et de taxer les volumes supplémentaires afin de protéger la production communautaire. Selon Vincent Chatellier, les aides européennes à l’agriculture, indispensables, seront maintenues puisqu’elles sont, conformément aux exigences de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de plus en plus découplées de la production. L’éleveur doit donc prendre conscience que l’Europe continuera de l’aider s’il répond aux attentes de la société en matière de services non marchands (entretien du paysage, aménagement des espaces naturels, puits de carbone des prairies, etc.). Ce travail sur les mentalités devra s’accompagner d’une recherche d’efficacité dans les exploitations en termes de productivité et de résultats comptables. De même, la répartition de la valeur ajoutée sur l’ensemble de la filière doit s’harmoniser malgré l’opacité de la grande distribution, et des mesures réglementaires devront permettre un partage plus équitable.

Vincent Chatellier insiste toutefois sur la nécessité de l’existence de grands groupes tels que Bigard, afin de favoriser la recherche-développement de produits innovants pour les consommateurs. Partage de la valeur ajoutée au sein des filières, meilleure structuration de l’amont face aux opérateurs de l’aval, professionnalisation de l’activité “jeune bovins”, justification des soutiens publics à l’agriculture, maîtrise des coûts de production et du choix des investissements, etc. Les défis sont nombreux, incontournables et nécessitent une bonne cohésion entre tous les acteurs, à commencer par le duo éleveur-vétérinaire. Selon Didier Guérin, directeur du GDS Creuse, « un partenariat en amont doit être sollicité pour que chacun puisse partager ses connaissances et ainsi adapter ses méthodes selon les besoins ».

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