Une prescription nutritionnelle compétente est aussi dans l’intérêt du vétérinaire

Si les praticiens sont prescripteurs de pet food, leurs compétences en nutrition restent inégales. En suivant les progrès de la médecine préventive, ils gagneraient à devenir de meilleurs nutritionnistes. La dernière séance de la Société vétérinaire pratique de France (SVPF), le 9 décembre, était consacrée au sujet. Les conférenciers⁽¹⁾ ont unanimement fait valoir qu’une prescription nutritionnelle de qualité – qui ne se limite pas aux indications des emballages – reste le cœur de l’approche préventive et permet de distinguer l’offre vétérinaire de celle des autres distributeurs.

Cette prescription nécessite de savoir évaluer le besoin énergétique de chaque animal, qui correspond rarement au “standard” du sac. Comme notre confrère Maxime Coquet l’a rappelé, le principal risque pour le chiot en croissance est l’excès (surnutrition, vitesse de croissance excessive, suralimentation minérale ou vitaminique). La prévention de ce risque passe par une prescription écrite et un suivi régulier (tous les quinze jours). Il en est de même pour le traitement de l’obésité. Un tiers de la population canine étant touchée par ce qui est devenu la « maladie nutritionnelle numéro un », Christophe Blanckaert⁽²⁾ a formulé le vœu que les instances professionnelles communiquent mieux sur ce problème, afin de sensibiliser l’opinion et d’appuyer le discours du praticien.

Toutes les interventions ont également souligné l’intérêt, pour le prescripteur, de bien étudier la composition des aliments. Les formulations diététiques diffèrent beaucoup (pour une même indication) et certains critères sont plus ou moins pertinents. S’il est démontré que l’alimentation pour chat insuffisant rénal prolonge la vie, un taux trop faible en protéines (dont le chat a toujours besoin) serait moins bénéfique qu’une faible teneur en phosphore (1 g par mégacalorie avec un ratio phosphocalcique élevé, de l’ordre de 2,5) associée à une richesse en oméga 3 (ratio oméga6/oméga 3 inférieur à1). Peu d’aliments diététiques actuels combinent ces paramètres.

Géraldine Blanchard⁽³⁾ a en outre plaidé pour que les vétérinaires ne négligent pas l’alimentation ménagère, quand les clients ou les animaux la préfèrent. Si sa bonne prescription nécessite des compétences plus pointues, elle offre des possibilités aussi intéressantes que les aliments industriels.

• (1) Maxime Coquet (président du Groupe d’étude en diététique, Ged-Afvac), Christophe Blanckaert (trésorier du Ged), Géraldine Blanchard (spécialiste en nutrition animale). Leurs exposés seront publiés dans le prochain bulletin de la SVPF (http://www.svpf.fr).

• (2) Notre confrère vient de publier chez Masson un “abrégé” consacré à l’obésité du chien.

• (3) Notre consœur consacre un site Internet à l’alimentation ménagère, ouvert aux confrères : www.cuisine-a-crocs.com