Les nouveautés en chirurgie sont exposées à Washington - La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010

Congrès de l’American College of Veterinary Surgeons

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Le congrès de l’American College of Veterinary Surgeons (ACVS) s’est déroulé du 8 au 10 octobre dernier. Résumé des points forts de cette manifestation.

Côté chirurgie orthopédique…

• Deux types de cellules souches pour traiter l’arthrose

Comme chaque année, les conférences consacrées aux cellules souches dans le traitement de l’arthrose ont suscité un grand intérêt. Les sources de cellules souches les plus courantes sont le tissu adipeux et la moelle osseuse. Chad Devitt (Veterinary Referral Center of Colorado, Englewood, Colorado) et Matthew Barnhart (Med Vet Medical and Cancer Center for Pets, Worthington, Ohio) ont comparé les avantages et les inconvénients des deux types cellulaires.

Le tissu adipeux peut être prélevé n’importe où dans le corps, sous anesthésie générale. Afin de réduire le risque de sérome ou d’hématome, la graisse est souvent recueillie à la faveur d’une mini-laparotomie craniale : le ligament falciforme est une source généreuse de graisse facile d’accès. 30 à 60 g de tissu sont prélevés. L’échantillon est traité au laboratoire, en particulier à l’aide de collagénases. Une concentration en cellules souches d’environ 5 millions par microlitre peut être espérée sans qu’une mise en culture soit nécessaire.

Afin d’obtenir des sources de cellules souches de moelle osseuse, 10 à 15 ml peuvent être collectés dans la crête iliaque à l’aide d’une aiguille à ponction de 18 ou 20 G. Le prélèvement a souvent lieu sous sédation, associée à une anesthésie locale. Les complications sont minimes.

Au laboratoire, les cellules sont mises en culture. Dix à quinze jours plus tard, une culture pure de cellules souches est obtenue, qui peut alors être injectée par voie intra-articulaire. La concentration en cellules souches pourrait atteindre 50 millions de cellules par microlitre. Le prélèvement sous sédation et l’obtention d’une culture pure constituent les attraits considérables de ce type de cellules.

• Une technique différente pour les fractures des chiots

Loïc Déjardin (université du Michigan) a expliqué l’intérêt d’une ostéosynthèse élastique par plaque lors de fracture diaphysaire chez le jeune chien. Décrite par Jean-Pierre Cabassu (Marseille), cette technique repose sur plusieurs principes fondamentaux :

– le périoste du chiot est particulièrement résistant et peut maintenir l’alignement des abouts osseux ;

– l’application du concept « open but do not touch » (« ouvrir mais ne pas toucher »), qui consiste en un abord réduit de part et d’autre de la fracture ;

– l’hématome fracturaire est laissé en place.

Il est intéressant de constater qu’en médecine humaine, trente-quatre semaines sont en moyenne nécessaires pour la cicatrisation d’une fracture réduite de manière anatomique à foyer ouvert. En comparaison, il suffit de dix-sept semaines pour la cicatrisation lors d’ostéosynthèse élastique à la faveur d’un abord minimaliste.

Notre confrère a rappelé les complications liées au traitement conservateur des fractures du chien immature : plaies aux points de pression, maladie fracturaire, transformation en fracture ouverte, arthrose secondaire ou encore fonction réduite du membre.

• La controverse continue pour la RLCA

Comme chaque année au congrès de l’ACVS, l’un des sujets forts était le traitement idéal de la rupture du ligament croisé antérieur (RLCA) : fils de nylon, ostéotomie de nivellement du plateau tibial, avancement de la crête tibiale, autres ostéotomies tibiales ? Les conférences se succèdent, les questions se multiplient, les réponses s’éternisent… Force est de constater que personne n’a la réponse idéale. Plutôt que les convictions dogmatiques personnelles, le plus important est peut-être l’expérience du chirurgien, en vertu du principe selon lequel “on fait bien ce que l’on fait souvent”.

Côté chirurgie des tissus mous…

• Une nouvelle technique pour l’hyperplasie du voile du palais

Notre confrère Gilles Dupré (université de Vienne) a présenté le fruit des travaux de son équipe chez les chiens brachycéphales. Le traitement traditionnel de l’hyperplasie du voile du palais consiste en son raccourcissement. Des études au scanner démontrent que chez la majorité des chiens atteints, le palais mou est également trop épais. C’est ainsi qu’a été imaginée la technique de palatoplastie (folded flap palatoplasty), qui consiste à désépaissir et à raccourcir le palais mou en une seule intervention chirurgicale(1). Les autres anomalies liées au syndrome brachycéphale (sténose des narines et éversion des ventricules laryngés) sont traitées selon le cas.

• Convertir une laparoscopie en laparotomie

Plusieurs conférenciers ont présenté les avantages de la laparoscopie et de la thoracoscopie. Ils ont insisté sur l’importance de convertir la procédure en chirurgie “ouverte” (laparotomie ou thoracotomie) en cas de complication. Cela signifie que l’animal doit avoir été rasé et préparé en conséquence dès le début de l’intervention. L’hémorragie est un exemple classique de complication susceptible de survenir, qui peut être difficile à contrôler à la faveur d’une laparoscopie.

• Plusieurs techniques existent pour la gastropexie prophylactique

Mitch Robbins (Veterinary Specialty Center, Buffalo Grove, Illinois) a présenté les techniques et les indications de la gastropexie prophylactique chez les chiens à risque pour le syndrome dilatation torsion de l’estomac (SDTE).

Des études montrent que le risque de décès à la suite d’un SDTE est réduit jusqu’à 30 % si une gastropexie prophylactique a été réalisée. Diverses techniques sont possibles : la gastropexie peut être “assistée” par le laparoscope, ce qui signifie que l’antre pylorique est extériorisée à travers une incision de 4 à 5 cm. Après une incision dans l’antre, une gastropexie est effectuée par suture au muscle transverse de l’abdomen. La gastropexie peut aussi être pratiquée entièrement par laparoscopie. La gastropexie est alors faite de manière intracorporelle, ce qui demande une meilleure maîtrise de l’instrumentation et des techniques de suture intra-abdominale.

• Un drain pleural dans le traitement de l’épanchement chronique

Aimée Brooks (université du Wisconsin) a décrit l’utilisation d’un drain pleural (PleuralPort®, Norfolk Vet Products) chez six chiens et quatre chats affectés d’un épanchement pleural chronique. Neuf de ces animaux présentent un chylothorax et un chien est atteint d’une carcinomatose pleurale. Le drain est placé dans la cavité pleurale de manière percutanée ou à la faveur d’une thoracotomie. Un site de ponction, attaché au drain, est suturé sous la peau. Ce dispositif permet alors de drainer la cavité pleurale à l’aide d’une aiguille spéciale, par voie transcutanée, sans avoir recours à de multiples thoracocentèses, ce qui réduit la douleur et la fréquence des complications associées.

La durée médiane d’hospitalisation est de vingt-quatre heures (de cinq heures à six jours). Un chat acquiert un pneumothorax et est euthanasié. Le drain de deux chiens se bouche au bout de quinze et vingt-deux jours respectivement. Le drain fonctionne sans problème chez les autres animaux, jusqu’au-delà d’un an. Aucune migration, irritation ou infection n’est reportée.

L’auteur conclut que le drain PleuralPort® peut aider de manière efficace au traitement de l’épanchement pleural chronique.

  • (1) L. Findji et G. Dupré : « Folded flap palatoplasty for treatment of elongated soft palate in 55 dogs », European Journal of Companion Animal Practice, vol. 19, n° 2, pp. 125-132. Le prochain congrès de l’ACVS se tiendra du 21 au 23 octobre 2010 à Seattle. Pour plus de renseignements, voir www.acvs.org

  • (2) L’étude complète paraîtra dans Veterinary Surgery (numéro de février 2010).

Un séminaire sur la communication

Kathleen Bonvicini, Karen Cornell et Kelly Farnsworth ont animé un séminaire consacré à la communication interne (au sein de l’équipe soignante) et externe (entre le praticien et un client), intitulé « What are you saying ? What are they hearing ? ». En voici quelques extraits importants.

Trois études en médecine humaine indiquent qu’un médecin interrompt son patient au bout de douze à trente-trois secondes durant le recueil des commémoratifs. Pourtant, un patient « finit son histoire » en deux minutes et demi en moyenne, et souvent en moins de soixante secondes. L’interrompre montre non seulement un manque de respect, cela peut aussi conduire à oublier certains points importants.

En ce qui concerne l’observance, les praticiens ont tendance à surévaluer leurs talents de communication et leur taux d’observance. Une étude de l’American Animal Hospital Association indique que les praticiens estiment que 75 % des clients suivent leurs conseils, alors que seulement 50 % en moyenne le font (intervalle de 23 à 65 %).

De même, ce que les praticiens pensent que le client comprend et ce que ce dernier comprend effectivement sont deux choses parfois bien différentes. Par exemple, pour s’assurer de la bonne compréhension d’un propriétaire dont le chien souffre d’un ostéosarcome du tibia, le vétérinaire pourrait utiliser cette formule : « Je viens de vous donner de nombreuses informations. Je réalise que ce sont de mauvaises nouvelles, auxquelles vous ne vous attendiez pas. Si vous me disiez ce que vous avez compris des différentes options pour traiter votre chien ? »

Ph. Z.

Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline : une menace de plus en plus présente

Armando Hoet (université de l’Ohio) est l’un des conférenciers qui ont abordé Staphylococcus aureus résistance à la méthicilline (SARM). « Qui dans cette salle a été confronté à au moins un animal infecté par SARM ? », a-t-il lancé à la salle. La majorité des congressistes ont levé la main. En effet, SARM est un sujet de plus en plus souvent évoqué aux Etats-Unis… et ailleurs dans le monde. Il faut dire que le potentiel zoonotique inquiète :

– le Center for Disease Control estime que 32 % de la population nord-américaine est colonisée par Staphylococcus aureus, et environ 1 % par SARM ;

– 60 % des organismes présentent une polyrésistance aux antibiotiques ;

– la situation se complique, car les animaux peuvent servir de réservoir pour la bactérie.

Lee Burstiner, résident en chirurgie à la clinique VCA Cheshire Animal Hospital (Cheshire, Connecticut), a présenté un poster relatant une expérience originale menée lors du congrès de l’ACVS à San Diego, en Californie, en 2008. Les congressistes qui le souhaitaient pouvaient soumettre une culture de leurs cavités nasales pour savoir s’ils étaient porteurs de SARM. Au final, sur trois cent quarante participants, la culture était positive pour 18 % des praticiens et 17 % des auxiliaires(2).

Ph. Z.
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