Le vétérinaire agréé dans la lutte antidopage est soumis à une procédure rigoureuse

Les Directions régionales de la jeunesse et des sports (DRJS) proposent des missions sur le terrain aux vétérinaires agréés par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), selon leur localisation géographique. Ces missions peuvent être initiées soit par l’AFLD, soit par la DRJS ou encore à la demande de la Fédération française d’équitation (FFE) ou de la Société hippique française (SHF). En règle générale, elles sont ciblées sur une journée. L’ordre de mission peut parfois indiquer des épreuves particulières du concours, le nombre de chevaux et éventuellement les places du classement à tester. Il peut, de façon exceptionnelle, demander à tester spécifiquement certains chevaux, présélectionnés pour une importante échéance internationale ou lors de procédure de réengagement.

Les vétérinaires reçoivent alors, de la part du Laboratoire des courses hippiques (LCH), tout le matériel nécessaire (voir encadré).

Le déroulement des opérations est réglementé

Arrivé sur le lieu de sa mission, le vétérinaire, muni de son badge officiel, se présente au président du jury et à l’organisateur du concours, qui lui prêtent assistance pour l’organisation pratique de la journée. En général, deux boxes (l’un paillé, l’autre avec des copeaux) pas trop éloignés de la piste et une pièce avec chaises, bureau et réfrigérateur (où sont entreposés les échantillons) sont mis à sa disposition.

Lorsque le vétérinaire a décidé du moment du prélèvement d’un cheval désigné – ce qui ne doit pas perturber le bon déroulement des épreuves sportives –, il en informe le cavalier ou le groom, qui doit alors signer la notification de convocation au prélèvement. A partir de ce moment, le cheval est placé sous la surveillance soit du vétérinaire, soit de son aide, soit d’un officiel désigné par le président du jury. Ce cheval peut être promené, douché, descellé, mais ne doit entrer dans aucun box, sauf celui de prélèvement. Son signalement est alors vérifié, ainsi que le numéro de puce électronique.

Le carton qui renferme le matériel est ensuite ouvert devant le cavalier ou son représentant. Après avoir mis les gants, le vétérinaire ouvre un pot pour recueillir les urines, le place sur un collecteur qui facilite l’opération et entre dans le box avec l’animal. Dans 75 % des cas, lorsqu’un cheval sort de piste et qu’il a repris sa respiration de repos, il urine dans les quinze minutes, surtout si l’ambiance est calme, voire dans la pénombre. Les femelles urinent parfois plus rapidement, les entiers présentent en général un comportement plus nerveux.

L’urine récoltée est répartie dans deux des trois flacons à bouchon sécurisé (l’un pour l’analyse immédiate, l’autre pour la contre-expertise). Un prélèvement sanguin est ensuite réalisé, deux tubes identifiés sont placés dans un sac en plastique scellé pour l’analyse. Deux autres tubes, identifiés également, seront placés dans le troisième flacon utilisé lors de contre-expertise.

En cas d’échec du recueil de l’urine, deux autres tubes de sang seront prélevés. Il est souhaitable de recueillir à la fois du sang et de l’urine, car l’analyse sera beaucoup plus fiable que si le sang est le seul liquide biologique disponible.

Remplir le procès-verbal fait aussi partie de la mission

Le procès-verbal de prélèvement est alors rempli et signé par le vétérinaire et le cavalier ou son représentant. Un exemplaire anonyme est placé avec les échantillons, un autre est remis au cavalier. Les derniers exemplaires seront envoyés à la FFE ou à la SHF, à l’AFLD et à la DRJS. En outre, le vétérinaire atteste, dans le livret signalétique, que le cheval a été soumis à des prélèvements dans le cadre de la lutte antidopage.

Au retour de sa mission, il range les différents cartons des chevaux prélevés dans des sacs isothermes contenant des plaques refroidissantes et les expédie dans un gros sac scellé par ses soins vers le LCH (situé à Verrières-le-Buisson). Il envoie par ailleurs un compte rendu de mission (déroulement, incidents, conditions de travail, etc.) avec les procès-verbaux à l’AFLD.

La procédure doit être rigoureusement respectée dans son ensemble, faute de quoi le résultat du contrôle peut être contesté et la sanction, à l’encontre d’un cheval dopé, annulée.

Le nombre de missions en sports équestres étant relativement faible, les vétérinaires sont parfois confrontés à de l’incompréhension de la part des organisateurs et des officiels. Une partie de la mission revêt donc un aspect pédagogique et nécessite parfois un peu de diplomatie !

• Source : session “dopage” lors des journées annuelles de l’Avef à Deauville en octobre 2009.