Comment se déroulent les évaluations comportementales de chiens ? - La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010

Entre nous

FORUM

Je vois d’un autre œil les propriétaires

Benoît Simian-Salvay, praticien à Marseille (Bouches-du-Rhône).

J’ai suivi l’une des premières sessions de formation, car je trouve important que la profession montre son implication dans la gestion de la dangerosité des chiens. Il me paraissait surtout inconcevable que les évaluations comportementales soient confiées aux éducateurs canins. Sur la forme, je respecte la procédure conseillée par les formateurs. Chaque évaluation nécessite une heure, sans compter les vingt ou trente minutes de rédaction du compte rendu. Elle est facturée 150 €.

L’évaluation des chiens de sa propre clientèle fait l’objet d’avis contradictoires. J’ai choisi de les accepter, car les outils que j’utilise me permettent de rester objectif. Mais je suis conscient de mes limites et je préfère déléguer les cas de chiens mordeurs ou déjà détectés comme agressifs. J’oriente alors les propriétaires vers un confrère comportementaliste, car je suis convaincu qu’outre l’évaluation du chien, ses compétences lui permettront de proposer des mesures pour traiter et prévenir l’agressivité de l’animal.

Ces évaluations m’intéressent bien moins que les consultations classiques et je ne les réalise pas par appât du gain. J’en effectue environ quatre par semaine, que je groupe sur la journée habituellement dédiée aux tâches administratives (effectuées désormais en soirée !). Mais j’en reconnais quelques aspects positifs, notamment le dépistage de situations à risque (par exemple celle d’un jeune rottweiler qui n’a pas acquis d’autocontrôles et détenu par un couple avec un enfant à naître). A mon sens, ces évaluations devraient être étendues à bien d’autres chiens. J’ai également découvert que les propriétaires de chiens catégorisés que je reçois sont assez souvent des personnes qui ont hérité de l’animal de leurs enfants, responsables et soucieuses de respecter la loi.

Une mise en place aussi nulle discrédite notre travail

Lydie Huguet-Thomasset, praticienne à Azerable (Creuse).

Si j’avais un conseil à donner à nos dirigeants, ce serait de mieux réfléchir les projets avant de voter les textes de loi… Au sein de la clinique, nous avons décidé de proposer ces évaluations. En charge de la canine, c’est moi qui les réalise. Entre la formation proposée par l’Afvac et le guide rédigé par Christian Diaz, nous avons les outils pour travailler correctement.

Mais globalement, la mise en place de cette réglementation est nulle. Les mairies ne font pas leur travail d’information. Et l’absence de directives sur la réalisation pratique des évaluations entraîne une cacophonie qui discrédite notre travail. Le déroulement de l’évaluation, son prix comme la possibilité d’évaluer les chiens de sa clientèle sont laissés à la libre appréciation de chacun. Résultat : avec un travail sérieux, nous passons pour des voleurs. Ici, l’évaluation comprend un examen clinique, un interrogatoire du propriétaire et l’observation de l’animal dans la clinique puis à l’extérieur. Elle prend une heure et est facturée 110 €. Mais à quelques kilomètres, un confrère évalue les chiens en cinq minutes et pour 30 €… Nous usons beaucoup de salive à expliquer notre démarche !

De plus, de nombreux propriétaires préfèrent rester hors-la-loi, convaincus que leur chien aura une mauvaise note, ou pour des raisons financières. Et que risquent-ils vraiment ? Même si les services vétérinaires promettent des euthanasies, je doute de la véracité des contrôles. Au final, je n’ai réalisé qu’une dizaine d’évaluations de chiens catégorisés, tous notés 1 ou 2. Les propriétaires étaient plutôt coopératifs, à une seule exception près, mais qui a bien failli me faire rendre mon tablier ! Le législateur n’a sans doute pas pensé qu’une évaluation ne peut se faire sans le bon vouloir du propriétaire.

Tous les chiens de plus de 20 kg devraient être évalués

Ludovic Siméon, praticien à Périgueux (Dordogne).

La façon dont se déroulent mes évaluations comportementales est conforme à celle proposée en formation. L’examen clinique du chien puis l’observation de son comportement en diverses situations me permettent de compléter une matrice type qui évalue la probabilité de survenue d’une agression, ainsi que sa gravité. Le risque représenté par le chien résulte du produit des deux. Je l’explique au propriétaire en fin de séance, puis je rédige un compte rendu dont une copie est envoyée au maire qui a sollicité l’évaluation.

Nous facturons ces évaluations 165 €, ce que je considère adapté au temps passé (une heure et quart). Les tarifs proposés par les confrères sont variables, mais je ne m’en soucie pas, puisque je n’évalue aucun chien de ma clientèle. L’aspect chronophage de la démarche me gêne bien davantage et m’oblige à limiter à deux le nombre d’évaluations par matinée. Les prises de rendez-vous se sont accélérées depuis décembre et mon planning est complet pour deux mois !

La majorité des propriétaires que je reçois sont ceux qui connaissent la loi et s’inquiètent de la note que va recevoir leur chien. A ce jour, j’en ai évalué une trentaine et aucun n’a dépassé le niveau 2. A plus large échelle, le résultat de ces évaluations démontrera certainement ce que je pense : que la dangerosité des chiens est affaire de gabarit et non de race. Ainsi (mal) faite, la réglementation dissuadera nombre de personnes d’adopter un chien catégorisé. Régulièrement, les propriétaires m’expliquent qu’ils choisiront d’autres races pour éviter ces tracasseries administratives et le budget associé. Mais ils s’orienteront vers des chiens de même format, ce qui laisse penser que la loi n’a pas de sens, alors qu’elle se fondait sur des principes intéressants.

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