La recherche agronomique se met au vert

Le développement durable était un thème incontournable de l’édition 2009 des Rencontres autour de la recherche sur les ruminants (3R), organisées les 2 et 3 décembre derniers à Paris. Les méthodes pour évaluer l’impact environnemental de l’élevage dépendent beaucoup des indicateurs utilisés et de l’échelle considérée (exploitation, région ou planète). L’une des méthodes employées en France repose sur les indicateurs de durabilité des exploitations agricoles (méthode IDEA), déterminés par un groupe d’experts d’après les trois axes du développement durable (social, économique et environnemental) selon dix-sept objectifs (protection des paysages, des sols, de l’atmosphère, développement humain, etc.). Mais elle ne tient pas compte des gaz à effets de serre. L’évaluation est donc limitée et orientée, voire biaisée, par la technique utilisée ou l’échelle d’étude. Le bilan carbone réalisé à l’échelle d’un élevage, s’il met en exergue le faible rendement des ruminants, montre surtout l’intérêt des systèmes herbagers.

Fièvre catarrhale ovine entre santé animale et économie

Claude Saegerman a présenté une estimation de la baisse de marge brute des élevages, liée à l’épidémie 2006-2007 de fièvre catarrhale ovine en région wallonne (Belgique). Plusieurs bases de données administratives ont été utilisées et des questionnaires épidémiologiques complétés par les éleveurs et les vétérinaires. Ces informations (^{voir tableau}) ont permis d’estimer les pertes économiques selon trois hypothèses (basse, moyenne et haute, les deux dernières étant sans doute plus proches de la réalité). Les pertes à l’échelle de la région wallonne pour ces trois scénarios sont respectivement de 32, 93 et 105 millions d’euros, soit en moyenne de 233 €/bovin allaitant. L’étude présentée prend en compte les pertes liées à la reproduction, soit environ 50 % des pertes totales chez les allaitants, 40 % chez les laitiers.

L’essor de la génomique montre l’importance de bien caractériser le phénotype

Les recherches en génétique, génomique, protéomique, etc., ont réalisé des progrès rapides ces deux dernières années, notamment avec l’utilisation des puces denses à SNP qui permettent de donner une évaluation de la valeur génétique des animaux dès la naissance. Les bovins laitiers, qui font l’objet de programmes de sélection sur index et de contrôle des performances avec une population de référence élevée, sont les premiers bénéficiaires de ces techniques qui seront progressivement généralisées.

Le développement de l’analyse du génome fait ressortir un point crucial : la précision de la description des phénotypes. Pour illustrer cette notion, Philippe Monget, directeur opérationnel d’Agenae, a expliqué « qu’il faut affiner le phénotypage pour être certain que la relation entre phénotype et génotype soit vraie ». Une standardisation des travaux sur la caractérisation phénotypique devrait voir le jour, véritable ontologie du vivant, pour faciliter et améliorer la fiabilité des recherches.

• (1) http://www.journees3R.fr