L’évaluation comportementale des chiens mordeurs et catégorisés ne fait pas recette - La Semaine Vétérinaire n° 1384 du 11/12/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1384 du 11/12/2009

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Marine Neveux

Plus de la moitié des vétonautes n’ont réalisé aucune évaluation comportementale, prévue dans la loi du 20 juin 2008, selon un récent sondage mis en ligne sur le site WK-vet.fr. Une façon pour certains de ne pas s’engager dans cette voie, d’autres préférant référer à des confrères. En outre, tous n’ont pas encore eu le temps de se former. « Je n’ai pas suivi la formation spécifique “évaluation des chiens dangereux” pour le moment  », admet une consœur. Mais pour les praticiens opérationnels aujourd’hui, les chiens mordeurs ou catégorisés sont loin de faire la queue pour être évalués. La faible fréquentation des cliniques pour cette évaluation trouve peut-être une explication dans le peu d’engouement des propriétaires, voire dans l’absence d’information…

Malgré une communication tardive auprès des élus sur le sujet, le ministère de l’Intérieur insiste, dans un récent communiqué, sur le non-report de la date limite du 31 décembre 2009 pour obtenir le permis de détenir un chien catégorisé. « Il retrace la difficulté de mise en place des formateurs, mais pour autant refuse implicitement de reporter la date limite  », déplore Emmanuel Tasse, président du Club français des amateurs de bull terriers, d’american staffordshire terriers et de staffordshire bull terriers (Cfabas). « Les propriétaires ou détenteurs doivent se renseigner auprès de leur préfecture pour connaître la liste des formateurs agréés, qui est publiée sur le site Internet de chaque préfecture, et prendre immédiatement rendez-vous chez un de ces formateurs, explique le ministère. Les propriétaires ou détenteurs de bonne foi, c’est-à-dire ceux qui auront réuni toutes les autres pièces du dossier et n’auront pu obtenir à temps leur attestation d’aptitude, faute de place disponible à une formation, ne seront pas sanctionnés dans l’immédiat. Il leur suffira de se manifester auprès du maire de leur commune et de lui faire savoir à quelle date ils ont rendez-vous chez le formateur. »

Alors que le décret fixant le contenu du permis est toujours attendu, sur le terrain, les situations sont parfois décalées, comme en témoigne notre confrère Arnauld Durand : « J’ai informé le maire de ma commune après la morsure d’un agent d’EDF par un rottweiler multirécidiviste, préalablement expertisé comme dangereux et appartenant à une jeune fille de dix-sept ans (sans commentaire…). Cette dernière s’est, en outre, soustraite au suivi des chiens mordeurs que j’avais entamé sur ce fauve, en quittant son domicile et son lycée pendant quinze jours. J’ai alors informé mon DSV et mon maire. Résultat : il m’a été répondu que le rottweiler avait été placé, pendant la mise sous surveillance des chiens mordeurs, dans une association de protection des chiens catégorisés, en attendant la majorité de sa maîtresse. Cette association a pris contact avec moi pour “enquêter” sur les raisons qui me poussaient à “m’acharner” sur ce pauvre animal… pendant que l’agent EDF entamait des soins antirabiques (pas de suivi “chien mordeur”) aux frais de la collectivité. En clair, personne n’a bougé pour m’aider à mettre ce chien hors d’état de nuire et c’est l’association de protection animale qui fait sa loi ! Moi, je passe pour un c… A quoi sert mon mandat sanitaire ? Simple papier hygiénique, peut-être  » ?

réaction Internet

Un laps de temps réduit

Les propriétaires de chiens concernés par ces évaluations n’ont été officiellement prévenus de cette obligation que récemment, les maires ayant beaucoup tardé pour leur envoyer un courrier officiel (certains ne l’ont toujours pas fait !). Même si de nombreux propriétaires s’étaient déjà renseignés, ou avaient été prévenus par leur vétérinaire à l’occasion de consultations au cours de l’année, ils attendaient une confirmation officielle. C’est normal, mais cela complique encore notre tâche, car il faut désormais réaliser ces évaluations dans un laps de temps plus court… Cependant, tout se déroule plutôt bien, en collaboration avec les propriétaires, pour la plupart motivés et responsables. Nous pouvons également remercier les vétérinaires qui nous ont bien préparés à réaliser ces évaluations lors des séminaires de formation, organisés entre autres par l’Afvac.

Christelle Laurent
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