Quels sont vos critères d’embauche d’un vétérinaire salarié ?

Nous privilégions les qualités humaines

Avant de rencontrer un candidat pour un emploi de salarié dans la clinique, mon associée et moi nous réunissons toujours pour préparer l’entretien d’embauche. Lors de la première entrevue, nous sommes sensibles à sa présentation et à sa courtoisie. Nous menons la discussion de façon à comprendre la qualité du contact que le candidat entretient avec le client. La souplesse dans la relation, la gentillesse sont des qualités que nous privilégions et testons au fil de la conversation. Nous choisissons au feeling. Les qualités humaines viennent avant l’expérience. Nous vérifions également la motivation, l’envie de bien faire, les références du candidat. Nous apprécions aussi son ouverture d’esprit, sa curiosité. C’est important, car nous faisons confiance et laissons une grande marge de manœuvre au vétérinaire salarié. Par exemple, nous n’imposons pas de protocoles de traitement. Nous évitons l’embauche de jeunes confrères trop sûrs d’eux et au final sans grande expérience. Ils sont parfois dotés d’idées bien arrêtées et manquent de modestie.

Etre attentif à l’autre est essentiel

Nous avons souvent été confrontés au manque de vétérinaires motivés pour la rurale et acceptant de faire des gardes de nuit et de week-end. Lorsqu’un candidat accepte – il n’y en a souvent qu’un –, nous le prenons à l’essai. S’il y a plusieurs postulants, la bonne volonté, le bon sens et le bon caractère sont évalués et priment sur l’expérience. En effet, compétence technique et organisation peuvent s’améliorer au fil du temps. La période d’essai permet donc de se tester réciproquement et laisse le temps au candidat de se perfectionner. C’est la raison pour laquelle nous nous organisons pour embaucher en période creuse. Nous évaluons également le comportement de la personne vis-à-vis du groupe. Nous sommes une équipe de trois vétérinaires et deux secrétaires, et j’accorde beaucoup d’importance à l’attention portée à l’autre. Une façon d’appliquer au domaine professionnel le précepte des Anglais selon lequel « love is all the little things you do for each other ». A la suite de l’entretien d’embauche, souvent téléphonique, j’exige le diplôme du candidat, la référence de sa thèse, son curriculum vitae et une liste de référents que je peux contacter. A deux reprises, j’ai refusé d’employer un candidat au vu des documents remis.

Je n’emploie plus de vétérinaire, je ferme

J’exerce seul et j’ai cessé d’employer un vétérinaire salarié pour me remplacer depuis maintenant six années. Il devenait particulièrement difficile de trouver un remplaçant motivé à la fois par la rurale, la canine et les gardes. De plus, les contraintes administratives alourdissent ce contexte difficile. Préalablement à l’embauche, il faut obtenir un mandat sanitaire de l’administration, sinon le candidat ne peut assurer notre remplacement. Ce dernier doit également être titulaire d’une certification IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine) pour que ses interventions dans le cadre de cette affection soient légales. Dans un autre registre, la réglementation relative à la radioprotection impose de fournir au remplaçant un badge personnel, même pour une durée limitée.

Lorsque j’additionne l’ensemble des contraintes et les risque théoriques susceptibles de survenir, je préfère fermer mon cabinet pendant mes congés. Je pars tous les ans à la même époque, et je me suis donc organisé pour ne pas programmer les rappels de vaccination pendant mon absence. Depuis deux ans, j’ai choisi d’exercer en canine et en équine. Par ailleurs, je ne prends qu’une semaine de vacances par an, ce qui peut expliquer ce choix.