Le papillomavirus bovin joue un rôle dans la pathogénie des sarcoïdes équins - La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009

Tumeurs cutanées

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Une prédisposition génétique est envisagée, de même que la présence d’une lésion préexistante.

Les sarcoïdes équins sont des tumeurs cutanées causées par le papillomavirus bovin. L’ADN de ce virus, ainsi que l’expression virale de ses gènes peuvent être détectés dans tous les sarcoïdes équins. En 1936, Jackson est le premier à décrire la tumeur. Il met en évidence son caractère transmissible en 1939 en suspectant déjà une relation de cause à effet entre un virus et la tumeur. Olson et Cook, en 1951, sont les premiers à démontrer une association entre le papillomavirus bovin et les sarcoïdes équins, après des injections intradermales d’extraits de verrue bovine à des chevaux. Les tumeurs qui apparaissent ressemblent à des sarcoïdes, tout en présentant des différences histopathologiques et une régression spontanée, comme cela est parfois observé avec les sarcoïdes équins.

Aucune particule infectieuse virale n’a jamais été isolée d’un sarcoïde équin

Les papillomavirus bovins sont des virus à ADN non enveloppés. Dix types sont identifiés, mais seuls les types 1 et 2 sont liés aux sarcoïdes équins et connus pour passer d’une espèce à l’autre. Leur génome contient trois gènes précoces, responsables de la réplication et de la transformation, et deux gènes tardifs encodant les protéines structurales de la capside virale. La biologie moléculaire a montré que l’ADN du papillomavirus bovin est présent dans pratiquement tous les sarcoïdes d’occurrence naturelle. L’expression des oncogènes les plus importants de l’ADN du virus est démontrée, ce qui indique que l’ADN est transcrit et a donc un rôle actif dans la transformation des cellules et le développement de la tumeur. Aucune particule virale n’a jamais été isolée et l’infection équine au papillomavirus bovin est considérée comme non productive. Toutefois, des protéines de la capside virale ont été récemment identifiées, via une technique de polymerase chain reaction (PCR) d’immunocapture sensible, dans environ la moitié des échantillons étudiés. Cela pourrait suggérer que des virions ou des précurseurs se forment dans les sarcoïdes.

L’ADN viral dans la cellule est insuffisant pour causer la transformation cellulaire

Comme beaucoup d’autres virus, le papillomavirus bovin peut provoquer une infection latente. Ainsi, il peut être présent dans des tissus sains sans signe clinique de la maladie. Cela a été démontré dans les tissus sains de chevaux atteints de sarcoïdes et dans les tissus de chevaux non atteints. L’identification d’une partie du génome du papillomavirus bovin dans des cellules mononucléées du sang périphérique de chevaux atteints pourrait expliquer comment se propagent les tumeurs d’une partie du corps à une autre. Mais il reste encore beaucoup de choses à découvrir. Les recherches, par exemple, concernent l’événement déclencheur à l’origine de la transformation tumorale des cellules en état d’infection latente ou encore les facteurs susceptibles d’entraîner l’évacuation de l’infection latente.

Prédisposition génétique et traumatisme local seraient des facteurs favorisants

La présence de l’allèle ELA W 13 (equine leucocyte antigen) chez certaines races (comme le cheval demi-sang suisse et irlandais, le selle français ou encore le halfbred suédois) est corrélée à une prédisposition au développement des sarcoïdes. Le quarter horse présente aussi un risque d’être atteint deux fois plus élevé qu’un pur-sang. Une prédisposition génétique est avancée, mais aussi un milieu de vie plus en contact avec les bovins et des occurrences de traumatismes cutanés plus importantes en raison du type d’activité. Les sarcoïdes se développent souvent à l’endroit de blessures. Il est possible que le traumatisme soit à l’origine de l’introduction de l’ADN viral ou réveille l’infection latente, comme cela est montré chez les bovins. Le dommage épithélial entraînerait la production de cytokines inflammatoires avec l’induction de l’expression des gènes viraux.

La transmission d’un individu à un autre est possible

Il est montré que des ânes ayant des contacts rapprochés avec des congénères atteints présentent un risque plus élevé de développer une tumeur. Une expérience met en évidence la transmission de la tumeur d’animal à animal. Elle établit que les tumeurs développées par les ânes en contact avec ceux affectés possèdent la même variante génomique de papillomavirus bovin. Il est clair que l’environnement a un effet. La vie à proximité des bovins augmente la prévalence des infections latentes, surtout si le troupeau a été infecté dans les six mois auparavant. Les chevaux qui vivent au contact de congénères atteints ont également 50 % de risque d’avoir une infection latente, au lieu de 30 % dans la population de chevaux éloignés des bovins et sans sarcoïde.

Une transmission indirecte n’est pas écartée

Le papillomavirus bovin est résistant et peut survivre plusieurs mois dans l’environnement des chevaux et des bovins. Le virus irait ainsi se nicher dans le matériel de pansage, d’équipement et d’écurie. Selon certaines évidences préliminaires, les mouches comme Musca autumnalis pourraient représenter un vecteur mécanique. En effet, l’ADN du papillomavirus bovin a été isolé de mouches capturées autour de chevaux porteurs de sarcoïdes. Cette hypothèse reste à confirmer, mais elle permettrait d’expliquer la fréquence de localisation des lésions dans les régions paragénitale, abdominale et sur la tête, des zones de haute concentration en mouches.

Le rôle joué par le papillomavirus bovin dans la pathogénie des sarcoïdes équins soulève la question d’éventuelles mesures d’isolement des chevaux par rapport aux bovins et d’un cheval atteint vis-à-vis du reste du troupeau. L’auteur(1) conseille d’éloigner les chevaux des troupeaux de bovins qui sont ou ont été récemment infectés par le papillomavirus et d’utiliser un matériel de pansage et d’équitation spécifique pour le cheval atteint.

  • (1) A. Martens (université de Gand) : « The role of the bovine papillomavirus (BPV) in the pathogenesis of equine sarcoids », journées annuelles de l’Avef, Deauville 2009.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr