Pour se lancer dans le contrôle de la machine à traire, des mesures simples suffisent - La Semaine Vétérinaire n° 1382 du 27/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1382 du 27/11/2009

Traite

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Cavarait

En ajoutant un niveau et un chronomètre aux outils de diagnostic de la santé des mamelles, le vétérinaire pourra s’exercer au contrôle des composants situés dans la fosse de traite.

Après le contrôle de la pompe à vide, de l’intercepteur, du régulateur, de la réserve de vide(1), celui des composants de la machine à traire situés dans la fosse de traite apparaît plus facile. Avec moins de mécano-pneumatique au programme et une évaluation du fonctionnement fondée sur l’observation des animaux, les participants à la formation organisée par le laboratoire Elanco, dans le Morbihan, se sont sentis tout de suite plus à l’aise(2). Jean-Paul Kergozien, spécialiste et passionné du contrôle de la machine à traire, a passé en revue le piège sanitaire, la chambre de réception, le lactoduc, le décrochage, les différentes parties du faisceau trayeur et les pulsateurs(3).

Observer l’écoulement du lait dans la chambre de réception

Placé à l’intersection de la chambre de réception de l’installation et du système de vide, le piège sanitaire a pour fonction de protéger le lait des impuretés provenant de la canalisation à air (voir photo 1 ) et de prévenir toute remontée massive de lait ou d’eau de lavage vers la pompe à vide. Le dispositif de sécurité est simple, ici une grosse boule. Dans la fosse de traite, le lait qui provient du lactoduc est stocké provisoirement dans la chambre de réception. Lorsque la quantité de lait atteint un certain seuil, la pompe à lait se déclenche et l’évacue vers le tank. Cette vidange doit être incomplète. « Il doit rester du lait dans la chambre de réception, a indiqué l’intervenant. Sinon, le brassage du lait avec de l’air entraîne de la lipolyse. » Ce problème est fréquent, même avec les robots de traite. Lors de son arrivée dans une chambre de réception vide, le lait subit des chocs mécaniques dus à l’incorporation de l’air. Ce matraquage provoque de la lipolyse. Le lait peut ainsi atteindre un taux de lipolyse qui pénalise le paiement du lait (voir encadré, page 58).

L’observation de l’écoulement du lait dans la chambre de réception informe sur la qualité de l’écoulement du lait dans le lactoduc. Le débit doit y être le plus régulier possible. Cet écoulement, passif, est lié à la pente du lactoduc (voir figure ci-contre). A son arrivée dans la chambre de réception, un écoulement irrégulier, par paquets, indique la formation de bouchons de lait et traduit un défaut de pente du lactoduc. Le contrôle de cette pente est effectué à plusieurs endroits (voir photo 2, page 58), « y compris à côté de la chambre de réception », a précisé Jean-Paul Kergozien. « Plusieurs mesures sont réalisées et la valeur la plus basse est à prendre en compte. » Pour un lactoduc d’un diamètre de 50 mm, la pente minimale est de 1 %, sachant que « trop de pente n’est jamais un problème ». Une pente de 1,5 à 2 % est conseillée entre le dernier poste de traite et la chambre de réception.« Quel est l’intérêt du bouclage du lactoduc ? », ont questionné les vétérinaires en formation. Bien que non obligatoire, le bouclage sécurise le système de traite, avec une meilleure stabilité du vide sous le trayon et une amélioration du lavage de l’installation.

L’évaluation de la qualité du décrochage passe par l’observation des vaches

« Si on n’assiste pas à la traite, on ne peut pas régler correctement le décrochage, a indiqué le spécialiste. Actuellement, les problèmes de sous-traite sont plus fréquents que ceux de surtraite. » L’évaluation d’une éventuelle sous-traite passe par l’observation de la mamelle, sa palpation et la mesure du lait résiduel (celui qui reste dans la mamelle). « Il m’est arrivé de traire 1 l de lait résiduel et ce n’était pas terminé ! », a témoigné Jean-Paul Kergozien. Le volume de lait résiduel toléré varie de 250 à 500 ml, avec la même quantité dans les quartiers avant et arrière. « La présence de lait résiduel dans un seul quartier est souvent liée à une mauvaise position de la griffe, due au positionnement en biais du tuyau long à lait devant la mamelle, a montré, le lendemain, notre confrère Jean-François Labbé lors de la formation au contrôle dynamique de la traite. Nous observons ce problème depuis que le poids des griffes a diminué, car le poids du tuyau prend le pas sur la griffe. »

La dépose automatique des gobelets est commandée par la variation du flux de lait. Cette mesure, toujours indirecte, est réalisée via la conductivité, la lecture optique, l’infrarouge, une buse calibrée, etc. Le contrôle du décrochage passe également par la mesure de la temporisation de fin de traite, c’est-à-dire du délai entre le moment où le flux de lait passe en dessous du seuil et la dépose effective des gobelets (voir photo 3). Pour les vaches de race prim’holstein, il doit être compris entre huit et douze secondes. S’il est inférieur à cinq secondes, il reste trop de lait dans la mamelle, ce qui génère un risque accru de mammites. La temporisation permet de décaler le décrochage lorsque le débit du lait remonte, cas des vaches qui ont des quartiers qui traînent. Il n’existe pas de référence sur les seuils de dépose, d’où de nombreux débats.

« Nous avons vu plein de choses et nous n’avons fait aucune mesure », a conclu Jean-Paul Kergozien. En associant à l’observation des animaux un niveau, un chronomètre et des repères simples, se lancer dans le contrôle de cette partie de la machine à traire ne relève pas d’une mission impossible. Et si cela apparaît encore trop difficile, le vétérinaire dispose de quelques repères pour initier un nouveau type d’échange professionnel avec ses clients.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009 en pages 44-46.

  • (2) Formation organisée le 11/6/2009.

  • (3) Voir le schéma d’une installation de traite dans ce même n° 1377. Les points de contrôle du faisceau trayeur et des pulsateurs seront traités dans un article spécifique.

Qu’est-ce que la lipolyse ?

La matière grasse du lait se présente sous forme de globules gras. Des chocs mécaniques ou thermiques peuvent endommager la membrane de ces globules. La lipase naturelle (produite par la mamelle) et les lipases microbiennes (produites par des bactéries psychrotrophes) peuvent alors attaquer la matière grasse et la dégrader en acides gras libres. Leur accumulation provoque l’apparition de défaut de goût.

La lipolyse est mesurée par la quantité d’acides gras libres présente dans 100 g de matière grasse de lait. Elle est exprimée en milliéquivalent (meq/100 g MG) ou en gramme d’acidité oléique (g d’AO/100 g MG). 1 meq = 0,28 g d’AO (voir tableau). La lipolyse est l’un des critères de paiement du lait. Une pénalité d’un point est appliquée lorsque le taux de lipolyse est supérieur à 0,89 meq/100 g MG ou 0,25 g d’AO/100 g MG.

C. C.
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