Antibiorésistance. Les vraies fausses idées reçues volent en éclats
Actualité
Auteur(s) : Eric Vandaële
L’exposition des animaux aux antibiotiques a cru de 22 % en dix ans malgré une chute de 10 % des tonnages.
L’Agence nationale de médicament vétérinaire (ANMV) a choisi la Journée européenne des antibiotiques, le 18 novembre, pour dévoiler son dixième rapport sur le suivi des ventes d’antibiotiques vétérinaires, cette fois pour l’année 2008. Pour la première fois, la finesse de l’analyse des chiffres éclaire différemment les tonnages vendus pour les mettre en relation avec le degré d’exposition des animaux aux antibiotiques. Cet éclairage remet ainsi en cause de nombreuses idées reçues.
• Idée reçue numéro 1. Une diminution des tonnages d’antibiotiques reflète un moindre usage. Faux. Le tonnage antibiotique 2008 est le plus faible enregistré depuis 1999 (-9,6 %) et en forte diminution depuis l’année 2007 (-12 %). Mais cette baisse n’est qu’apparente. Elle « masque un niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques qui a augmenté de 21,9 % en dix ans », explique l’ANMV. En effet, les diminutions de tonnage ne reflètent pas nécessairement un déclin du nombre d’animaux traités. L’agence a ainsi développé d’autres critères pour mieux mesurer l’exposition : le nombre d’animaux traités ou plus exactement le poids vif total des animaux traités, qui prend en compte les schémas posologiques « AMM » (dose et durée) et, surtout, un niveau d’exposition (ou Alea) qui compare le « poids » des animaux traités au « poids total » de la population de l’espèce animale visée (voir figure 1)
• Idée reçue numéro 2. Les prémélanges médicamenteux font exploser le tonnage des antibiotiques vendus. Faux. A l’inverse, le tonnage des antibiotiques contenus dans les prémélanges médicamenteux a diminué de 25 % en dix ans. Durant la même période, les autres formes orales augmentent de 40 % en tonnage et de 60 % en nombre (ou « poids ») d’animaux traités.
• Idée reçue n° 3. La filière porcine est la plus exposée aux antibiotiques, par rapport aux chiens et chats qui ne le seraient presque pas. Faux. Même s’ils ne consomment que très peu d’antibiotiques en tonnage (1,7 %), les chiens et les chats sont de loin les espèces animales les plus exposées, surtout aux fluoroquinolones. Ils sont deux fois plus exposés que les filières horssol (porcs, volailles, lapins) qui consomment pourtant le plus gros du tonnage (plus de 80 %), et dix fois plus que les herbivores (ruminants et chevaux) qui sont finalement les espèces les moins traitées aux antibiotiques (voir tableau).
Dans son rapport 2008, l’ANMV souligne les fortes augmentations des ventes de fluoroquinolones et de céphalosporines de troisième et de quatrième générations (C3G/C4G). En tonnage, ces antibiotiques ne pèsent pas lourd face aux tétracyclines (1 ou 2 % du tonnage versus 50 %). Mais ces deux classes pèsent pour environ 10 à 11 % chacune des traitements injectables (voir figure 2).
Avec les macrolides, ces trois seules classes sont aussi les seules dont le niveau d’exposition a fortement progressé depuis dix ans. Il a quadruplé pour les C3G et C4G depuis 1999, il a doublé pour les fluoroquinolones, il a augmenté de 30 % pour les macrolides. Ces trois classes correspondent aussi, malheureusement, aux antibiotiques vétérinaires jugés comme « critiques » pour la santé publique vis-à-vis de la résistance des germes zoonotiques (Campylobacter et Salmonella).
Ce rapport démontre également que les génériques d’antibiotiques, jusqu’alors assez chers et très performants, comme les fluoroquinolones, ne font pas que se substituer aux princeps, mais augmentent fortement la consommation, de l’ordre de 20 à 50 % selon les paramètres analysés (notamment chez les volailles par voie orale). L’ANMV conclut alors que « les campagnes publicitaires et les prix de vente ont probablement une influence sur les évolutions observées. Cet impact des génériques sur les ventes d’antibiotiques soulève la question du rapport bénéfice/risque de ces médicaments ».
Le rapport complet est disponible sur le site www.anmv.afssa.fr
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire