L’origine bactérienne de l’entéropathie épizootique du lapin reste d’actualité

L’entéropathie épizootique du lapin (EEL) est une épizootie émergente, particulièrement contagieuse, qui a fait son apparition dans les élevages cunicoles de l’ouest de la France en 1996. Elle s’est ensuite rapidement étendue au reste de l’Hexagone puis de l’Europe, avant d’atteindre d’autres parties du monde. Des cas ont été rapportés en Amérique centrale (Mexique) récemment. Les principaux symptômes sont des ballonnements abdominaux (^{voir photo 1}), parfois une diarrhée aqueuse de faible intensité, une absence de fièvre et un taux de mortalité important qui peut atteindre 80 % dans les situations graves.

Cette maladie reste aujourd’hui une contrainte majeure pour la filière cunicole. Son tableau lésionnel est spécifique. En effet, le ballonnement prononcé de l’abdomen est dû à une dilatation de tous les segments du tractus digestif, y compris l’estomac dont les contenus sont particulièrement liquides (^{voir photo 2}). La présence de mucus, notamment dans le côlon, et l’absence de congestion et d’inflammation dans le tube digestif sont également des signes caractéristiques. Malgré de nombreuses recherches, l’agent pathogène de l’entéropathie épizootique demeure inconnu.

Les recherches sur l’implication d’une toxine thermosensible se poursuivent

L’hypothèse virale a été écartée, car plusieurs expériences indépendantes ont réussi à reproduire la maladie avec un inoculum exempt de particules virales. En revanche, l’hypothèse bactérienne est toujours d’actualité, puisque l’utilisation de certains antibiotiques (bacitracine, tiamuline) permet de réduire sensiblement l’expression de la maladie dans les élevages.

Par ailleurs, des études récentes menées à l’Inra par Dominique Licois⁽¹⁾ et son équipe montrent l’implication d’une toxine soluble, thermosensible (détruite en dix minutes à 85 °C), produite dans les phases précoces de la maladie. Des fractionnements révèlent que le composé toxique pourrait être de nature protéique et de faible poids moléculaire. La recherche actuelle vise à identifier cette entité moléculaire.

Actuellement, l’antibiothérapie est le seul moyen efficace de diminuer la mortalité dans les élevages. Les molécules administrées habituellement lors d’entéropathie épizootique sont la bacitracine et la tiamuline. Elles permettent de réduire la mortalité et les borborygmes, mais pas les perturbations physiopathologiques des premières heures. La bacitracine peut être mélangée à l’aliment et dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) avec un temps d’attente de deux jours en France. La tiamuline a aussi une AMM en France. Elle est administrée via l’aliment et dans l’eau. Le délai d’attente est de douze heures par voie alimentaire. D’autres molécules peuvent être préconisées, comme la spiramycine et l’apramycine.

• (1) Article rédigé d’après une communication de Dominique Licois présentée le 28/5/2009 à l’ENV d’Alfort.