Appareil urinaire chez le cheval
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean
Elle repose principalement sur l’échographie rectale des structures urinaires abdominales et pelviennes, l’échographie rénale transcutanée et l’urétro-cystoscopie.
Hématurie, pyurie, dysurie, incontinence, fièvre d’origine inconnue, traumatisme abdominal, troubles de la fonction rénale ou encore anomalie à la palpation rectale sont autant de motifs qui justifient une exploration de l’appareil urinaire. Dans ce cadre, l’imagerie médicale repose essentiellement sur l’échographie rectale des structures urinaires abdominales et pelviennes, l’échographie rénale transcutanée et l’urétro-cystoscopie. Le plus souvent, ces techniques permettent la détection et la localisation des urolithiases, des anomalies pariétales inflammatoires ou tumorales vésicales, des modifications parenchymateuses rénales et apportent aussi une aide efficace à la réalisation des prélèvements nécessaires au diagnostic histologique de certaines affections.
Cliniquement, l’évaluation de l’appareil urinaire consiste essentiellement en une observation de la miction et de l’urine, une inspection de la papille urétrale et des structures qui l’entourent (pénis, vestibule du vagin), une palpation par voie rectale de l’urètre pénien, de la vessie, parfois des uretères et du pôle caudal du rein gauche. La mise en œuvre des examens d’imagerie a pour objectif de compléter l’évaluation clinique. Il s’agit d’une étape indispensable pour établir un diagnostic et proposer un traitement médical ou chirurgical.
L’échographie de l’appareil urinaire par voie rectale est réalisable avec tous les appareils utilisés couramment pour la gynécologie. Une sonde de 5 MHz est généralement bien adaptée.
L’urètre pelvien est réduit à un sphincter musculeux de quelques centimètres de longueur chez la femelle. Chez le mâle, il comporte une partie pelvienne aisément palpable sur le plancher du bassin de la région périnéale jusqu’à son abouchement sur le col vésical. Les lésions de l’urètre pelvien sont suspectées en cas de dysurie, de pollakiurie, d’hématurie de début ou de fin de miction. L’échographie permet, lors de déformation en regard de l’urètre, de faire la distinction entre un calcul intraluminal identifiable par sa surface hyperéchogène et une masse d’échogénicité tissulaire, qui peut avoir une nature fibrotique ou néoplasique.
Le col vésical prolonge directement l’extrémité de l’urètre dans la partie craniale du détroit pelvien. La vessie est en général aisément reconnaissable. Située sous la paroi rectale, elle apparaît comme un récessus ovalaire, avec un contenu liquidien d’aspect échographique souvent hétérogène et de densité variable. La paroi vésicale a une faible échogénicité, de type musculaire, et une épaisseur variable de 3 à 6 mm selon son état de tension.
Les plages échogènes sédimentaires au fond de la vessie, peu ou pas mobilisables par une pression digitée, sont tout à fait anormales. Ces images traduisent l’existence d’une lithiase sableuse, observée lors d’atonie ou de troubles de la vidange vésicale. Les calculs vésicaux sont aisément repérables grâce à leur surface hyperéchogène, souvent arrondie et d’assez grande taille, interrompant la diffusion des échos en dessous. Lors de cystite chronique, une vessie de petite taille, faiblement dilatable, à paroi nettement épaissie est souvent observée. Les papilles urétérales sont parfois visualisables sous forme de petites surélévations de la muqueuse vésicale en partie dorsale du col vésical, juste devant le sphincter urétral, et peuvent être distendues par l’urine lors d’obstruction urinaire distale ou en cas de cystite chronique avec reflux vésico-urétral.
L’échographie rénale transcutanée est réalisée avec une sonde circulaire d’une fréquence de 2,5 à 5 MHz. Le rein gauche peut être visualisé à partir d’une fenêtre échographique assez large, depuis le haut de la fosse lombaire jusqu’à mi-hauteur du flanc. Le rein droit est observable du quinzième au dix-septième espace intercostal, au contact de la base du cæcum sur sa face ventrale et du lobe caudé du foie cranialement. Les mesures sont variables selon les chevaux (9 à 15 cm sur le petit axe, 13 à 18 cm sur le grand axe). C’est surtout la topographie des reins et leur étendue qui permet de juger de leur taille. Le bassinet central est nettement échogène en raison de son contenu graisseux, et il est possible d’observer une limite dans le parenchyme entre la corticale périphérique et les lobes médullaires anéchogènes. Les images lésionnelles sont variées : calcifications parenchymateuses dans le bassinet, hydronéphrose qui se caractérise par une augmentation de la taille du rein et une dilatation du bassinet, atrophies congénitales ou consécutives à une néphrite chronique, masses parenchymateuses (néoplasmes, tumeurs, etc.). Les modifications échographiques ne sont pas toujours corrélées à l’intensité des troubles fonctionnels, évalués par des analyses et des tests biologiques.
L’urétroscopie permet d’examiner directement la muqueuse et la lumière des voies urinaires basses. Elle est réalisable avec un appareil à optique simple ou, idéalement, à l’aide d’un vidéo-endoscope d’un diamètre inférieur à 1 cm, doté d’un bon système d’insufflation.
L’examen débute par la vessie, dont les parois sont visualisées au fur et à mesure de la dilatation luminale. Il permet de diagnostiquer les lithiases, les masses tumorales, les inflammations pariétales, et de visualiser l’écoulement des urines par les papilles urétérales. Un écoulement absent, purulent ou hémorragique révèle une lésion en amont dans l’uretère ou le rein concerné.
L’examen de l’urètre est effectué en dernier, de façon rétrograde pour bien visualiser les parois. Il est possible de mettre en évidence des ulcérations ponctuelles de la muqueuse, responsables notamment d’une hématurie “idiopathique” chez certains hongres, des ulcérations plus étendues ou des proliférations néoplasiques.
D’autres techniques d’imagerie peuvent être utilisées, dans des cas particuliers, comme la célioscopie et la radiographie avec produit de contraste. Cette dernière, réservée aux foals, est utile pour le diagnostic délicat des malpositions urétérales.
Valérie Deniau et Fabrice Rossignol, praticiens équins à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne),
Anne Couroucé-Malblanc, maître de conférences à l’école de Nantes.
Article rédigé d’après la conférence « L’imagerie non invasive de l’appareil urinaire chez le cheval adulte : échographie et endoscopie », présentée aux Journées de l’Avef 2009 à Deauville.
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