Le métier de vétérinaire correspond-il à l’image que vous en aviez avant ou pendant vos études ? - La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009

Entre nous

FORUM

Une profession facilement idéalisée

Laëtitia Boussely, praticienne à Lescar (Pyrénées-Atlantiques).

J’ai toujours souhaité devenir vétérinaire, parce que j’aime les animaux et que j’avais envie de les soigner. Mais il existe un décalage entre le rêve et la réalité. Lorsque nous sommes jeunes, nous idéalisons facilement la profession de vétérinaire. J’ai évolué et ma vision du métier a changé. Initialement, j’accordais de l’importance à la relation “affective” qui se crée avec les animaux, mais nos émotions ne doivent pas prendre le dessus si nous voulons être objectifs et faire un travail correct. Avec le temps, j’ai pris de la distance. Maintenant, l’aspect médical et le contact avec les clients m’attirent davantage.

Notre profession est valorisante intellectuellement. J’essaie de m’investir au maximum, car j’éprouve de l’intérêt à chercher, à approfondir les cas, mais aussi parce que je me sens pleinement responsable et que j’ai envie de travailler le plus consciencieusement possible. Je m’efforce de ne pas être indifférente aux animaux que je soigne. Globalement, je conserve une vision positive du métier, mais je reconnais que je n’avais pas du tout appréhendé certaines difficultés quand je me suis lancée : euthanasie, échec thérapeutique, relations avec les propriétaires, responsabilité. Le plus délicat à assumer me semble la responsabilité du doute et de l’échec. J’ai fait le choix de travailler moins pour mieux vivre ces difficultés. Je dispose ainsi de plus de temps pour me consacrer aux animaux et gérer au mieux les cas les plus compliqués, tout en préservant ma vie personnelle.

Un “métier passion”, avec quelques revers de médaille

Claire Verdier, praticienne à Sébazac (Aveyron).

Grâce aux stages que j’avais faits dans différentes cliniques, j’étais consciente de ce qui m’attendait et de ce que représentait la profession. Je n’ai pas eu tellement de surprises quand j’ai commencé à travailler. Etre vétérinaire rural était une vocation et cette activité me satisfait aujourd’hui par le rôle social que je peux avoir auprès de la clientèle. J’ai l’impression de contribuer au bon maintien de l’exploitation et du salaire de l’éleveur, en ayant le sentiment de travailler avec les exploitants et non pour eux. La canine m’intéresse aussi, mais les attentes des propriétaires sont différentes : soigner des chiens et des chats devient un “service” qui nécessite d’être opérationnel en permanence. L’aspect humain ne va que dans un sens, contrairement à ce que je ressens en rurale.

Vétérinaire est un “métier passion”. D’ailleurs, beaucoup de clients nous idéalisent et s’extasient (« quel beau métier vous faites ! »). Pourtant, il comporte certains revers de médaille. Personnellement, je n’étais pas préparée à la lourdeur administrative, qui continue de prendre de l’ampleur. La gestion administrative de la campagne de vaccination contre la fièvre catarrhale ovine en témoigne. De même, notre métier est particulièrement chronophage et nous sommes bien loin des 35 heures ! Même si j’en étais consciente, je ne peux pas dire que je n’en souffre pas depuis que je vis cette réalité quotidiennement. Pour être vétérinaire, il est important d’aimer les animaux, mais il faut surtout aimer “l’humain”, l’accepter et l’écouter. Le travail d’écoute constitue une part importante de notre activité.

La réalité ne correspond pas tout à fait à ce que j’imaginais

Céline Pauluzzi, praticienne à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne).

Alors que je m’imaginais en vétérinaire capable de soigner tous les animaux lorsque j’étais plus jeune, je me retrouve à exercer en canine pure et je ne suis plus du tout motivée pour faire de la rurale. Je pensais qu’il s’agissait d’un métier beaucoup plus facile et moins contraignant. Faute de l’avoir expérimenté, je n’avais pas appréhendé les contraintes des gardes ni les exigences des propriétaires. D’une nature rationnelle, j’espérais parvenir à trouver une solution à chaque problème. Or je me rends compte que je suis confrontée à de nombreuses difficultés, parfois à des impasses ou des échecs.

J’ai aussi pris conscience de mes limites, car il est difficile d’être performant dans tous les domaines, ce qui est un peu frustrant. Mais je ne regrette rien. J’aime beaucoup mon métier et je suis même de plus en plus motivée pour me former.

La démarche intellectuelle qu’implique un cas en consultation, avec les connaissances médicales qui y sont liées, me plaît. Désormais, le “problème à résoudre” m’attire davantage que le contact avec l’animal. J’ai aussi envie de m’investir dans la structure où je travaille, car je m’y épanouis. Nous sommes plusieurs vétérinaires, indépendants, mais avec un grand esprit d’entraide. Je sais que je peux demander un avis, partager des cas. Travailler en équipe me permet de progresser.

Je conseillerais aux jeunes qui souhaitent s’engager dans les études de faire des stages pour savoir ce que représente ce métier, car être vétérinaire ne se résume pas seulement à soigner et sauver les animaux.

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