LE GRAND PORTRAIT DES LIBÉRAUX EST TIRÉ - La Semaine Vétérinaire n° 1378 du 30/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1378 du 30/10/2009

À la une

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

En lançant une large enquête auprès des praticiens libéraux sur la féminisation de la profession, la caisse de retraite a obtenu plus de deux mille réponses, de femmes, mais aussi… de beaucoup d’hommes. Au final, cela donne une jolie photographie de la situation socioprofessionnelle des libéraux. Revue de détails.

La féminisation de la profession est un phénomène déjà ancien. Débuté il y a une trentaine d’années, il s’est accéléré aux détours des années 2000, lorsque le taux de femmes parmi les nouveaux diplômés a dépassé la barre des 50 %. Les 60 % ont rapidement été atteints en 2005 et ce pourcentage a semblé se stabiliser durant les trois dernières années. En 2009, elles représentent 39,2 % des 15 438 praticiens inscrits à l’Ordre (voir tableau en page 26). Elles sont majoritairement salariées, puisqu’elles représentent 68 % des vétérinaires inscrits à l’Ordre en tant qu’adjoints et remplaçants, mais seulement 24 % des libéraux, selon les données de la Caisse autonome de retraites et de prévoyance des vétérinaires (CARPV), qui recoupent celles de l’Ordre. C’est justement à elles que la caisse a voulu donner la parole. « L’objectif de notre enquête est de mieux comprendre la situation, les déterminants et les conséquences de la féminisation de la profession, pour dépasser les débats partisans et proposer des idées et des outils nouveaux adaptés aux réalités du terrain », explique la CARPV. Mais les femmes vétérinaires n’ont pas été les seules à répondre, loin s’en faut.

C’est donc une enquête inédite qui a été présentée lors de l’atelier Valovet, organisé dans le cadre des Rencontres nationales vétérinaires de Nice, le 1er octobre dernier. La CARPV a envoyé un questionnaire à près de 9 656 vétérinaires libéraux et a obtenu 2 374 réponses. Le taux de retour global est de 24,6 % (19,9 % pour les hommes et 37,7 % pour les femmes), une proportion importante pour ce type d’étude. L’échantillon est suffisamment étoffé pour être représentatif de la profession (voir encadré « Profil » en page 26). Voilà pour la moisson statistique. Mais l’enquête contenait également une question ouverte qui permettait aux praticiens de faire des commentaires libres sur leur situation. 400 réponses, plus ou moins longues, ont été collectées. Elles sont actuellement dépouillées par une étudiante qui en fera l’objet d’une thèse.

Les motivations et les valeurs

Pourquoi choisit-on d’exercer le métier de vétérinaire ? D’abord pour soigner (voir graphique 1 en page 26). Cette motivation est plus importante pour les femmes, qui lui attribuent une note de 8,9 sur 10, que pour les hommes (8 sur 10). Ce choix professionnel est aussi motivé par « l’amour des animaux », noté 7,9, et l’idée « d’être son propre patron » (6,4). Les revenus que procure cette activité ne sont pas une finalité. Ils n’arrivent qu’en sixième position dans le classement. Les hommes y sont plus sensibles (5,5 sur 10) que les femmes (4,4).

D’ailleurs, un acte vétérinaire consiste avant tout à soigner un animal pour 46 % des praticiens (55 % pour les femmes versus 40 % pour les hommes), bien plus qu’à gagner de l’argent (7 %), une réponse classée après la réalisation d’un diagnostic ou encore l’instauration d’un traitement et l’accueil d’un client. Mais il est légitime de s’interroger sur la sincérité des réponses. Un sondage CSA réalisé en 2006 montre en effet que la première motivation des Français dans le travail est d’abord de gagner de l’argent (61 %). Les praticiens interrogés ont-ils eu peur de se dévoiler ? Quoi qu’il en soit, l’argent qu’ils gagnent est d’abord un gage d’indépendance (50 %), avant une garantie de confort (27 %). Pour 15 %, c’est un besoin et pour 6 % un mal nécessaire.

Pour tous les vétérinaires, travailler est un moyen de se réaliser personnellement (69 %), ce qui est plus vrai pour les femmes (76 %) que pour les hommes (65 %). Une nouvelle fois, l’accomplissement et le bien-être arrivent loin devant la possibilité de gagner de l’argent (23 %) ou la reconnaissance sociale.

Le parcours professionnel

Sans surprise, 80 % des libéraux qui ont répondu à la CARPV sont passés par la case salariat. Plus de la moitié d’entre eux (55 %) sont devenus titulaires en rachetant leur clinique ou des parts de société. Tel a été le cas pour 70 % des praticiens ruraux, au lieu de 49 % seulement des canins, qui sont donc souvent dans l’obligation de créer leur propre outil de travail. Dans les deux tiers des cas, le passage en libéral se fait avant d’atteindre la quarantaine.

Leur situation actuelle de titulaire leur semble stable, même si 13 % considèrent qu’elle est provisoire. Le fait de vivre seul semble accentuer ce sentiment. De même, les femmes (16 %) plus que les hommes (11 %) et les praticiens de moins de quarante ans pensent que leur situation est temporaire. Projettent-ils de retourner vers le salariat, voire de quitter le métier ? Peut-être. Plus simplement, songent-ils à s’associer ? En tout cas, le statut de libéral fait rêver 65 % des salariés. Un chiffre à prendre avec du recul, puisque seulement 49 salariés ont répondu à l’enquête de la CARPV qui ne leur était pas destinée.

Le temps de travail

Le mirage des 35 heures… En moyenne, le temps de travail hebdomadaire des vétérinaires est de 48 heures, mais la moitié des praticiens déclarent travailler plus, tout comme 4 praticiennes sur 10 (voir graphique 2 ci-dessous). Parmi eux figurent près de 57 % de mixtes à prédominance rurale et 51 % de mixtes à prédominance canine, mais “seulement” 44 % des vétérinaires canins purs. La moitié des hommes (54 %) et un quart des femmes (26 %) disent même travailler plus de 50 heures par semaine. La question ne demandait pas au répondant de le préciser mais, selon Valovet, les heures déclarées contiennent le temps consacré aux tâches administratives. Par comparaison, les médecins généralistes libéraux estiment travailler globalement entre 52 et presque 60 heures en moyenne, d’après une étude de l’Institut de recherche et de documentation de la santé (Irdes) publiée en juillet dernier. La durée moyenne de travail hebdomadaire est plus importante pour les hommes, notamment en raison d’une activité à temps partiel plus fréquente chez les femmes. 25 % des praticiennes libérales travaillent à temps partiel au lieu de 6 % des hommes. Seulement 9 % des praticiens déclarent travailler 35 heures ou moins et 37 % entre 35 et 49 heures.

Les praticiens ne s’octroient qu’un jour de repos hebdomadaire (1,2 pour les femmes versus 0,9 pour les hommes). Le temps de travail par jour est donc en moyenne de 10 heures pour les hommes et 8 heures 45 pour les femmes. Le samedi est un jour globalement travaillé presque comme les autres, puisqu’un tiers des praticiens (les hommes comme les femmes) sont à la clinique 31,1 samedis par an. Quant à la journée, elle se termine en moyenne à 19 h 20, « résultats homogènes, quel que soit le profil des répondants », note Valovet.

  • (1) Lire également l’enquête sur les revenus dans La Semaine Vétérinaire n° 1376 du 16/10/2009 en pages 12-13.

Vers une solidarité vétérinaire maternité

Les femmes vétérinaires qui ont des enfants considèrent, avec le recul de l’expérience, que le statut de libéral n’est pas favorable à la maternité. Les moins de 50 ans sont 85 % à l’affirmer. Dans l’échantillon de la CARPV, qui comprend pour cette question 674 répondantes exerçant en libéral, 40 % des 1 304 naissances ont eu lieu alors que les praticiennes étaient salariées et 60 % alors qu’elles exerçaient déjà en libéral. Dans le premier cas, la durée moyenne d’absence pour maternité est de 17,5 semaines et de seulement 9,2 semaines dans le second. 73 % des praticiennes salariées estiment que les allocations perçues étaient suffisantes, alors que 80 % des libérales estiment qu’elles étaient totalement insuffisantes. Le montant des allocations maternité versées par le régime social des indépendants (RSI) est donc visiblement trop peu élevé. Pour le compléter, la CARPV réfléchit à la mise en place d’une prestation qui « pourrait prendre la forme d’une prise en charge des cotisations au régime invalidité-décès (398,40 à 1 195,20 €) et de tout ou partie des points de retraite complémentaire (8 à 24 points, soit 3 091,58 à 9 274,75 €) l’année de l’accouchement ». Cette prestation, si elle est mise en place, s’accompagnera d’une augmentation de la cotisation de l’ordre de 50 y en classe minimum du régime pour l’ensemble des cotisants. La moitié des sondés sont prêts à participer à cette solidarité et 74 % estiment que le montant proposé est suffisant.

N. F.

Le profil des 2 374 répondants

Ils sont majoritairement âgés de 40 à 49 ans et exercent en canine à 59 %, versus 29 % en mixte et 3 % en rurale pure comme en équine. 16 % pratiquent dans les grandes agglomérations ou en Ile-de-France. Ils sont libéraux à 94 % et 2 % sont salariés. 85 % travaillent à temps complet et 84 % exercent dans une seule structure, majoritairement en association (2,3 libéraux temps plein en moyenne) pour un revenu net annuel majoritairement supérieur à 40 000 € (60 %, dont 34 % gagnent plus de 60 000 €). Ils vivent à 86 % en couple (12 % sont seuls) : 80 % sont mariés et 3 % divorcés. Les femmes sont beaucoup plus nombreuses (52 %) dans les structures exclusivement canines que dans les cliniques mixtes, à dominante canine ou rurale (20 %). Elles travaillent plus que les hommes à temps partiel (25 % versus 6 %), et cela explique en partie pourquoi elles sont plus nombreuses (55 %) que les hommes (22 %) à gagner moins de 40 000 € nets par an(1).

N. F.
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