Le gigantopithèque est né de la dent d’un dragon - La Semaine Vétérinaire n° 1378 du 30/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1378 du 30/10/2009

Evolution

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

D’environ 3 m pour un poids de 300 à 500 kg, Giganthopitecus aurait été le plus grand primate connu.

Depuis des centaines d’années, les Chinois se sont servi des dents de “dragons” et autres os comme ingrédients dans leurs préparations médicinales pour leurs propriétés magiques et curatives. La plupart de ces composants de la pharmacopée traditionnelle chinoise se sont trouvé être des fossiles.

C’est ainsi qu’un paléontologue allemand, Gustav Heinrich Ralph von Koenigswald, découvre une dent fossile vieille de plusieurs milliers d’années chez un apothicaire chinois, en 1935. C’est le premier vestige du gigantopithèque mis à jour. Depuis, d’autres dents ont été retrouvées, mais également des morceaux de mâchoire.

Le gigantopithèque, aujourd’hui disparu, serait le plus grand primate connu

Le gigantopithèque est un primate disparu. Deux espèces sont identifiées. La plus célèbre, le Giganthopitecus blacki, a été détectée en Chine du Sud. Le Gigantopithecus giganteus, plus petit, a été localisé en Inde. Ce dernier pourrait être un ancêtre du Giganthopitecus blacki, mais peu de restes ont été mis à jour, ce qui empêche toute certitude. Une taille de près de 3 m et un poids de 300 à 550 kg, soit deux à trois fois plus qu’un gorille, sont attribués au Giganthopitecus blacki. Il serait ainsi le plus grand des primates connus. Ces estimations sont toutefois approximatives, car les scientifiques ont eu beaucoup de difficultés à reconstituer un animal disparu, dont les seuls vestiges disponibles sont des dents et des fragments de mâchoire. Certaines dents retrouvées en Chine ont été datées de la moitié du Pléistocène, ce qui correspond à une période où l’Homo erectus se trouvait également sur ces territoires. Cela laisse supposer que ce dernier aurait pu jouer un rôle dans l’extinction de l’espèce.

La composition de son régime alimentaire a pu être esquissée en examinant la conformation des dents et des mâchoires. La taille impressionnante de ces dernières par rapport à celles des espèces connues désigne un puissant masticateur. Mais c’est l’analyse des phytolithes (voir encadré) qui a permis d’avoir une idée plus précise sur la question. Les hypothèses élaborées à partir de cette étude dressent le portrait d’un primate dont le régime alimentaire serait strictement herbivore, principalement composé de bambous.

Une compétition alimentaire supposée avec un ancêtre du panda géant

Le paléoanthropologue américain Russel Ciochon propose deux facteurs intimement liés pour expliquer l’extinction du gigantopithèque : la dépendance au bambou et l’Homo erectus. Ainsi, il aurait pu être victime de la floraison simultanée. En effet, pour une espèce donnée de bambou, la floraison peut se produire simultanément dans l’ensemble d’une région, quel que soit l’âge de la plante. Par la suite, le chaume (tige principale) se dessèche et meurt peu après. Constaté maintes fois, ce phénomène n’est pas scientifiquement expliqué. En outre, le gigantopithèque aurait pu entrer en compétition alimentaire avec un ancêtre du panda géant contemporain. En dernier lieu, l’arrivée d’Homo erectus dans la région aurait pu entraîner une pression supplémentaire sur la réserve de bambous, utilisés à la fois comme ressource alimentaire et matière première pour la réalisation d’outils. Homo erectus aurait également pu chasser les primates géants, mais cette hypothèse est plus controversée.

Certains suggèrent pourtant que le Gigantopithecus blacki ne s’est pas éteint et continue d’exister à travers le yéti au Népal et le bigfoot en Amérique du Nord…

BIBLIOGRAPHIE

  • • R.L. Ciochon, D.R. Piperno et R.G. Thompson : « Opal phytoliths found on the teeth of the extinct ape Gigantopithecus blacki : implications for paleodietary studies », 1990, proceedings of the National Academy of Science, n° 87, pp. 8 120-8 124.
  • • R.L. Ciochon, V. The Long, R. Larick, L. Gonzalez, R. Grün, J. De Vos, C. Yonge, L. Taylor, H. Yoshida, M. Reagan : « Dated co-occurrence of Homo erectus and Gigantopithecus from Tham Khuyen cave, Vietnam », 1996, proceedings of the National Academy of Science USA, n° 93, pp. 3 016-3 020.

Les phytolithes

Aussi appelés phytolitaires, il s’agit de particules micrométriques d’opale provenant de l’accumulation de silice dans les plantes, qui précipitent dans et entre les cellules des plantes vivantes. Certains phytolithes acquièrent une morphologie comparable à celle de la cellule dans laquelle ils précipitent. Ils gardent ainsi en mémoire la végétation dont ils sont originaires : différents types de plantes donnent différentes formes de phytolithes. Ainsi, à partir de phytolithes fossilisés, il est possible d’identifier le type de végétation dans lequel ils se trouvaient, ce qui constitue un outil précieux dans le domaine du paléoenvironnement.

M. S.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr