Les évaluations de l’OIE font apparaître des déficits en matière de surveillance et de contrôles vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009

Santé publique

À la une

Auteur(s) : Marjan Leneman

L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) s’est penchée sur la performance des services vétérinaires dans quatre-vingt-quinze de ses cent soixante-quinze pays membres durant les dernières années. Les évaluations montrent que dans plusieurs d’entre eux, l’enseignement vétérinaire est à la traîne en matière de compétences nécessaires à la surveillance des maladies animales et aux contrôles vétérinaires. Lors des rencontres du 12 au 14 octobre, la plupart des interventions allaient donc dans le même sens : il est temps de mettre en pratique le message de l’Union : « One world, one health. » Ce concept, qui illustre la connexion entre santé humaine, animale et environnementale, est plus que jamais d’actualité dans un contexte de menace croissante de maladies émergentes pandémiques. « Parmi les cent soixante-dix-sept maladies humaines émergentes, 73 % ont pour origine l’animal », a rappellé David Sherman, professeur à la Tufts University (Etats-Unis). Pour sa part, Brian Evans, de la Canadian Food Inspection Agency, a souligné que 60 % des agents pathogènes qui touchent l’homme sont zoonotiques. « One world, one health » correspond donc à une stratégie globale de prévention et de management du risque à l’interface homme-animal, selon Bernard Vallat, directeur de l’OIE.

L’ouverture de nouveaux écosystèmes implique l’émergence de nouveaux risques

La qualité des services vétérinaires diffère grandement d’une nation à l’autre. Or si les maladies ne respectent pas les frontières, leur extension géographique dépend aussi de la qualité des infrastructures, du niveau d’éducation et de la richesse nationale. Et la situation ne peut être similaire dans un pays où la dépense de nourriture hebdomadaire s’élève à 500 $ par famille, comme en Allemagne, ou à 1,20 $, comme au Tchad, a souligné Katinka de Balogh, de la Food and Agriculture Organization (FAO). Toutefois, le manque de moyens ne signifie pas que rien n’est fait. Ainsi, en l’absence de services vétérinaires, par exemple en Afghanistan, au Soudan et dans le nord du Kenya, les personnels chargés de la santé animale sont formés à recueillir les informations auprès des gardiens du bétail, a expliqué Arnon Shimshony, ancien chef des services vétérinaires israéliens et professeur à la faculté vétérinaire de Koret. Pour obtenir des données fiables, des techniques d’évaluation participative sont utilisées.

Accroître la collaboration entre pays du Nord et du Sud

Cent mille espèces sauvages “échappent” toutefois à la surveillance vétérinaire, estime William Karesh, du groupe de travail “vie sauvage” de l’OIE. Cela peut constituer un danger non négligeable, par exemple lors de consommation de viande de brousse. L’exploitation illégale de certains territoires conduit à l’ouverture d’écosystèmes, auparavant totalement clos. Les nouveaux contacts générés entre l’homme, la faune sauvage et les micro-organismes aboutissent à l’apparition de maladies, comme le virus Ebola.

Du côté des pays développés, l’augmentation attendue de la production animale nécessitera le développement de la capacité et de l’accessibilité des services vétérinaires pour atteindre les exigences du Code de l’OIE. Dans ce cadre, Véronique Bellemain, de la Direction départementale des services vétérinaires de Pyrénées-Atlantiques (DDSV 64), penche en faveur d’un cursus vétérinaire commun pour parvenir à des standards minimaux de qualité des services vétérinaires à travers le monde. Pour Claude Saegerman, de la faculté vétérinaire de Liège, un cursus commun implique une culture professionnelle commune. Katinka de Balogh plaide alors pour la nécessité d’accroître les ponts entre les universités du Nord et du Sud, ainsi que pour l’extension des programmes internationaux d’échanges d’étudiants. Bernard Vallat imagine une sorte de jumelage permettant aux universités du Nord de soutenir celles du Sud. Autant de projets qui peuvent s’appuyer sur l’engagement des étudiants qui, pas plus que les disciplines professionnelles, ne sont restreints par les frontières.

Hausse de la demande de produits animaux

D’ici à 2050, le monde comptera 2,3 milliards de personnes en plus, d’après une étude de la Food and Agriculture Organization (FAO). Le besoin en nourriture augmentera de 70 %. « La majeure partie de cette hausse de la consommation, comme celle de la production, concernera le Sud, où les services vétérinaires sont peu développés ou se sont érodés. Il faut ainsi s’attendre, parallèlement, à une augmentation des risques de maladies », selon Brian Bedard, de la Banque mondiale.

La production de bétail joue un rôle majeur dans la croissance économique du Sud, a souligné David Sherman, professeur à la Tufts University : « Actuellement, 1,3 milliard d’individus travaillent dans le secteur du bétail et 1 milliard des personnes les plus pauvres en possèdent. Les vétérinaires devraient s’impliquer davantage, notamment au regard des conditions d’abattage et de leurs conséquences en termes d’hygiène alimentaire. Ils ont une responsabilité vis-à-vis de la société. » Les personnes qui ont le plus besoin des services des vétérinaires n’y ont actuellement pas accès, a-t-il insisté.

M. L.

Parler le même langage

Le concept « One world, one health » nécessite une meilleure collaboration entre médecins et vétérinaires. Mais pour cela, les deux professions doivent adopter le même langage. Pas simple. Jørgen Schlundt, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), souligne ainsi que le terme de “santé publique vétérinaire” n’a aucune signification pour les professionnels du milieu médical. Selon lui, il conviendrait plutôt de parler de “santé publique à l’interface homme-animal”. En outre, la collaboration se heurte à une différence de culture professionnelle, mais aussi à une rivalité. Ainsi, chacun estime que la relation homme-animal relève de son domaine de compétence.

Pour Stuart Slorach, de la National Food Administration en Suède, un point rassemble toutefois médecins et vétérinaires : leur stratégie de communication sous-développée. Or la communication sur le risque est une composante essentielle de sa gestion. « En 2007, l’Union européenne a enregistré 200 000 cas confirmés de campylobactériose et 150 000 cas de salmonellose. Le nombre réel de cas serait cinq à dix fois supérieur. Il est donc nécessaire de mieux communiquer, notamment pour informer le consommateur des précautions d’hygiène alimentaire appropriées. »

M. L.
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