Le vaccin contre le mélanome oral semble prometteur chez le chien

Bien qu’encore trop peu pratiquée en France, notamment en raison de la difficulté d’accès à nombre d’agents de chimiothérapie, la cancérologie vétérinaire ne cesse de se développer. Auparavant, les protocoles classiques étaient essentiellement fondés sur l’utilisation de la dose maximale tolérée, censée permettre la destruction d’un plus grand nombre de cellules cancéreuses. Pour pallier les effets indésirables induits et augmenter l’efficacité des différents traitements de chimiothérapie employés en médecine vétérinaire, les recherches se sont tournées vers de nouveaux principes thérapeutiques. Ils ciblent la prolifération de la vascularisation qui alimente les tumeurs, améliorent la spécificité du traitement en cours ou encore stimulent le système immunitaire pour qu’il reconnaisse les cellules cancéreuses. Les nouvelles thérapies incluent, entre autres, la chimiothérapie métronomique et les vaccins.

Le but des vaccins antitumoraux est d’initier une réponse immunitaire afin de provoquer une régression clinique de la tumeur et/ou des métastases. Plusieurs mois s’écoulent parfois avant l’obtention de résultats cliniques. L’un des plus connus en médecine vétérinaire est celui contre le mélanome canin.

Une tumeur agressive au fort pouvoir métastatique

Les mélanomes oraux sont reconnus pour leur caractère extrêmement agressif, tant localement que de façon systémique. La taille et le stade de ces tumeurs chez le chien sont d’importants facteurs pronostiques. Une masse inférieure à 2 cm associée à un stade I est généralement corrélée à une médiane de survie de douze à dix-huit mois. Toute masse qui excède 2 cm, toute masse associée à la présence de métastases et tout stade II, III ou IV sont généralement associés à une médiane de survie inférieure à six mois.

Le traitement classique est l’excision chirurgicale suivie d’une radio/chimiothérapie

Auparavant, le traitement conventionnel du mélanome oral canin consistait en deux étapes essentielles : le contrôle local de la tumeur et la prévention des métastases. L’excision chirurgicale est, bien entendu, la méthode de choix. Cependant, certaines tumeurs ne sont réséquables qu’en partie. En outre, certains animaux développent rapidement une récidive locale. Dans de tels cas, la radiothérapie est recommandée (la réponse est significative chez deux tiers des animaux traités). En raison du fort potentiel métastatique de ce cancer, la chimiothérapie est également souvent recommandée afin de contrôler la prolifération des métastases. Toutefois, jusqu’à présent, les agents de chimiothérapie étudiés n’ont entraîné aucun bénéfice réel en termes de survie. Les recherches ont démontré que le carboplatine et le cisplatine induisent une réponse temporaire chez moins de 30 % des animaux. Aucune différence significative n’a pu être établie en ce qui concerne la médiane de survie. Ces résultats rejoignent ceux observés en médecine humaine.

Le vaccin, un nouvel espoir pour une survie prolongée

Phil Bergman (Animal Medical Center, New York) a récemment développé un vaccin contre le mélanome du chien. Des études sont toujours en cours pour évaluer son efficacité, mais les premiers résultats semblent prometteurs. La phase initiale de l’étude, publiée en 2003, montrait que neuf chiens atteints d’un stade supérieur à II avaient une médiane de survie de trois cent quatre-vingt-neuf jours. A l’occasion d’une conférence dans le cadre de l’Eastern Cooperative Oncology Group, Phil Bergman a révélé de nouveaux résultats : la médiane de survie de soixante chiens atteints d’un mélanome oral de stade IV traités avec le protocole vaccinal avoisine trois cents jours, à comparer aux trente à quatre-vingt-dix jours obtenus avec l’utilisation de la chirurgie combinée à la radio/ chimiothérapie.

Le protocole vaccinal inclut quatre vaccinations intradermiques réalisées toutes les deux semaines, l’administration ne pouvant être effectuée que par un vétérinaire diplômé du collège américain de cancérologie. Un rappel est ensuite à répéter tous les six mois. La vaccination ne représente aucun risque (seule une réaction locale bénigne au niveau du site d’injection est observée chez 5 % des animaux) et il est fortement recommandé de débuter le protocole le plus rapidement possible pour que le chien développe une réponse immunitaire aussi tôt que possible.

Les inconvénients majeurs d’un tel protocole demeurent son coût – en moyenne, la série initiale de quatre vaccinations représente 2 000 à 2 500 $ dans les centres vétérinaires nord-américains – et son accès limité. Le vaccin n’est pas disponible en France.

D’autres vaccins antitumoraux ont également été élaborés, comme ceux contre l’hémangiosarcome ou le sarcome des tissus mous. Mais les résultats restent incertains et des études complémentaires sont nécessaires pour établir le bénéfice réel de leur utilisation.

Ces nouvelles thérapies peuvent toutefois laisser espérer des résultats satisfaisants quant à la survie des animaux atteints.

• Sources : P.J. Bergman : « Canine oral melanoma », Clin. Tech. Small Anim. Pract., 2007, vol . 22, n° 2, pp. 55-60 ; P.J. Bergman, J. McKnight, A. Novosad et coll. : « Long-term survival of dogs with advanced malignant melanoma after DNA vaccination with xenogeneic human tyrosinase : a phase I trial », Clin. Cancer Res., 2003, vol. 9, n° 4, pp. 1 284-1 290 ; J.C. Liao, P. Gregor, J.D. Wolchok et coll. : « Vaccination with human tyrosinase DNA induces antibody responses in dogs with advanced melanoma », Cancer Immun., 2006, n° 21, pp. 6-8.