Des praticiens sur leur faim face au discours ministériel - La Semaine Vétérinaire n° 1375 du 09/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1375 du 09/10/2009

RNV. Rencontres nationales vétérinaires à Nice

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle*, Marine Neveux**

Le nouveau ministre de l’Agriculture aura brillé par son absence. Son directeur de cabinet l’a remplacé au pied levé pour une intervention décevante.

Il y a des silences assourdissants. Pascal Viné, le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, absent pour cause de crise laitière, n’aura pas eu un mot pour les vétérinaires biologistes que Roselyne Bachelot veut évincer de la tête des laboratoires d’analyses médicales humaines. Pourtant Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), n’a pas manqué dans son discours de relever cette mesure vexatoire. « A moins qu’il ne se satisfasse de vétérinaires rétrogradés à un statut de réparateurs d’animaux, comme il y a des réparateurs de machines à laver, nous souhaitons que notre ministre affirme que son ministère est, lui aussi, un grand ministère de santé publique, a-t-il lancé. Infléchissez donc le contenu des ordonnances en cours de rédaction. » Comment interpréter le silence de Pascal Viné ? Comme un quitus à la ministre de la Santé ?

Ouverture du capital : des « craintes injustifiées » ?

Et si le directeur de cabinet cultive le silence, il manie aussi parfaitement l’ambiguïté. Au président du SNVEL qui s’inquiète de voir les coopératives agricoles avides « d’investir le capital des sociétés d’exercice libéral (SEL), malgré les incompatibilités éthiques », ou encore « du regard sociétal sur une profession vétérinaire garante de la sécurité alimentaire, du bon usage des antibiotiques, de la protection animale, dont des pans entiers seraient vendus aux marchands de cochons », il répond « je ne suis pas certain que vos craintes soient justifiées », avant d’ajouter « qu’aucun arbitrage n’a encore été pris sur ce sujet ». Une nouvelle fois, que comprendre ? Que les jeux sont faits sur la nature des capitaux qui pourraient entrer au capital des SEL vétérinaires, avant même toute discussion ? L’ouverture du capital – à laquelle le SNVEL n’est d’ailleurs pas hostile, pourvu que soient maintenues « les incompatibilités concernant les entreprises de l’amont et de l’aval » – a suscité quelques inquiétudes parmi les confrères durant ces rencontres. La perspective de la mise en place de la directive “services” et la publication, annoncée pour début 2010, d’un décret permettant la création de sociétés de participation financière des professions libérales (SPF-PL), des holdings vétérinaires(1), ont également fait débat.

Une définition vétérinaire des actes vétérinaires

Au tour d’horizon complet effectué par Rémi Gellé dans son discours, le directeur de cabinet n’a finalement apporté que des réponses parcellaires, laissant sur leur faim les congressistes. Le rapport Guené en est un bon exemple. « Le SNVEL avait souhaité qu’il soit commandé afin de remettre les entreprises vétérinaires libérales sur le chemin de la croissance. Il ne devait concerner que ces dernières, mais a été détourné de son objectif premier », a regretté Rémi Gellé. La boîte de Pandore n’a-t-elle pas été ouverte malencontreusement ? Le président du syndicat redoute une mesure législative péremptoire qui bâillonnerait la profession sur l’acte vétérinaire. Un danger que les organisations professionnelles vétérinaires avaient cerné avant même la commande du rapport. « Nous n’accepterons pas que nos prérogatives soient amputées par l’explosion d’un amendement aussi sournois qu’une mine télécommandée et qu’on nous présente ensuite la délégation d’actes comme une prothèse permettant à l’entreprise vétérinaire de se mettre enfin en mouvement, alors qu’elle laissera plus de culs-de-jatte que de mille-pattes », a-t-il martelé. « Nous avons pris du retard, a admis Pascal Viné, mais tous les chantiers seront menés à bien avec les groupes de travail mis en place. La définition de l’acte vétérinaire est à l’origine de bien des difficultés, de nombreux acteurs demandent la reconnaissance des actes de soins. Je souhaite que, filière par filière, l’ensemble des plateaux techniques soient mieux définis. » Pas franchement de quoi rassurer sur la méthode…

Vaccination contre la fièvre catarrhale ovine : un mensonge d’Etat

Mêmes interrogations et difficultés soulevées sur la fièvre catarrhale ovine dans les discussions entre confrères. « Je ne reviendrai pas sur la gouvernance passée de la vaccination contre la FCO, excepté pour vous dire que les délais de paiement de l’Oniep, devenu France Agrimer, ont transformé les propos sincères du précédent ministre en mensonges d’Etat, que les conditions bureaucratiques et tatillonnes de traitement des états comptables présentés par les vétérinaires ce fut et c’est toujours “Kafka à la campagne” », a déclaré Rémi Gellé. Et Pascal Viné de reconnaître « volontiers que le ministère n’a pas été à la hauteur des attentes qu’il avait suscitées dans la profession ». « Le système a pris du retard chez nous, je vous encourage à envoyer au plus vite vos factures à France Agrimer. » Paroles, paroles… ?

Mais l’enjeu est aussi celui de la certification vétérinaire. « Réaliser une campagne de prophylaxie collective dirigée par l’Etat, ce n’est pas que pousser sur une seringue, c’est aussi mettre en œuvre la capacité logisticienne des entreprises vétérinaires et l’aptitude de chaque praticien à certifier, a expliqué Rémi Gellé. Bruno Le Maire a annoncé que la vaccination resterait obligatoire : qu’il annonce qu’elle restera vétérinaire. Renoncez à imaginer tout dispositif d’aide nationale transitant par les vétérinaires et donnez-leur la liberté de s’approvisionner en doses vaccinales selon leur choix en facilitant l’autorisation des vaccins bivalents. Ceux-ci sont le gage d’économies substantielles fort utiles. » Là non plus, pas de réponse franche de la part du directeur de cabinet. Le silence est d’or.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1372 du 18/9/2009 en pages 60-61.

Médicament : danger sur la délivrance ?

« Nos entreprises sont dépendantes du médicament (60 % du chiffre d’affaires en moyenne, Ndlr), c’est une situation intéressante, mais aussi à risque. Sommes-nous au zénith d’un phénomène ou à un tournant ? C’est le problème du temps cyclique ou de la fin de l’histoire ! », s’est exclamé Claude Andrillon, responsable de la commission pharmacie du SNVEL.

La vente en ligne et le colportage planétaire suscitent aussi des inquiétudes. « Nous concentrons actuellement nos efforts sur la prescription, qui doit être exclusivement de la compétence du vétérinaire, sur la mise en place d’un marché unique du médicament vétérinaire, sur la généralisation des visites d’élevage dans le cadre de la biosécurité », a détaillé Rémi Gellé. Aujourd’hui, le risque est celui d’une séparation de la prescription et de la délivrance, ce qui souligne l’importance pour les vétérinaires d’être irréprochables par rapport au décret prescription-délivrance.

N. F.
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