Le vétérinaire, pompier de la gestion de l’animal en ville - La Semaine Vétérinaire n° 1374 du 02/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1374 du 02/10/2009

SVRP. Journée du Syndicat des vétérinaires de la région parisienne

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux*, Nicolas Fontenelle**

Alors qu’il est le premier acteur à gérer bien des problèmes en lien avec l’animal, palliant parfois les carences des élus, le rôle du vétérinaire n’est pas encore reconnu.

L’animal, le maire et le vétérinaire » était le thème de la journée des vétérinaires d’Ile-de-France, le 27 septembre dernier. L’occasion d’aborder les différentes facettes de leur rôle au cœur de la ville. Des confrères, avec des expériences à la fois d’élus et de praticiens, sont venus enrichir ce débat, abordant aussi bien la santé que la sécurité publique.

De multiples questions ont émergé : ce rôle ne doit-il pas faire l’objet d’un contrat entre le vétérinaire et l’Etat, ne doit-il pas être institutionnalisé et inscrit dans les textes ? « La profession vétérinaire, c’est un maillage de proximité. Une pléthore d’établissements se relayent pour assurer une présence jour et nuit », a souligné François de Couliboeuf, du conseil régional de l’Ordre d’Ile-de-France. Pourtant, le vétérinaire est peu (pas ?) reconnu, même quand il fait office de fourrière en pleine nuit le week-end, gère les soins aux animaux trouvés, etc. Des difficultés auxquelles nombre de confrères sont confrontés quotidiennement. Les obligations des élus et des administrations semblent souvent oubliées. Pourtant, il revient au maire de désigner une fourrière municipale, mais aussi de mettre en place des mesures destinées à organiser la réception d’un animal vingt-quatre heures sur vingt-quatre et à en informer le public. La réalité est souvent tout autre. Alors que le vétérinaire prend en charge la plupart des problèmes, les tentatives de signature d’une convention (reconnaissant la notion de préfourrière et habilitant les vétérinaires à assurer les premiers soins conservatoires aux animaux trouvés sur la voie publique avec prise en charge des honoraires) échouent depuis plusieurs années…

Sur le terrain, la gestion de l’animal en ville est concurrencée par de multiples urgences

A ces difficultés s’ajoutent les particularités propres à chaque municipalité. Notre confrère Gilbert Gault, qui gère l’écologie urbaine de Lyon, insiste sur la nécessaire intégration de la biodiversité dans la cité. « L’animal en ville est l’animal domestique, mais aussi les commensaux », depuis les colonies de castors jusqu’aux renards en passant par les chevreuils. Cette prise en compte n’est pas toujours aisée.

Notre confrère Arnaud Bazin, membre du conseil général du Val-d’Oise et maire de Persan, une commune d’un peu plus de dix mille habitants avec de nombreux logements sociaux, constate ainsi que si « la question de l’animal n’est certes pas négligeable, les élus sont interpellés dans trop de domaines ».

Pour Dominique Grandjean, colonel sapeur-pompier et professeur à l’école d’Alfort, régulièrement confronté à la gestion d’animaux dangereux ou en difficulté, la solution pourrait être la mise en place d’une plate-forme sanitaire animalière. « Il faut reprendre en main un système actuellement défaillant. L’Etat ne peut pas se reposer entièrement sur le maillage associatif ou des structures privées. »

Pas de dérogation dans l’application de la loi de 2008

Après ce tour d’horizon des difficultés quotidiennes, une table ronde a abordé spécifiquement la mise en place de la loi de 2008 relative à la protection des personnes, dont plusieurs points font débat, comme le permis de détention pour les propriétaires de chiens catégorisés, obligatoire d’ici à la fin de l’année. « Il n’y aura pas de dérogation, a souligné Marie-Aude Montely, du bureau de la protection animale à la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Les dates butoirs figurent dans la loi, et seule une loi pourrait les modifier. Toutefois, tous les chiens “hors cadre” ne seront pas euthanasiés au 1er janvier. Nous mettrons en demeure les propriétaires de se conformer à la réglementation dans un délai d’un mois. Les vétérinaires doivent leur rappeler leurs obligations. »

Face à la carence de professionnels pour assurer la formation nécessaire à l’obtention du permis de détention, Marie-Aude Montely reconnaît que « seul un tiers des préfectures ont mis à la disposition du public une liste de ces formateurs. Ce n’est pas énorme, mais ce n’est pas une catastrophe »… Devant la complexité du dispositif établi par la loi de 2008, Claude Laugier, président de la commission de protection animale du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), va jusqu’à s’interroger sur la possibilité de l’appliquer. « Hier, j’ai reçu un jeune homme avec un jeune chiot de catégorie 1 qu’il venait d’acheter 600 €. Lorsque je lui ai expliqué les démarches à effectuer pour obtenir son permis de détention et le budget nécessaire, il m’a répondu qu’il ne débourserait pas un centime de plus. » De son côté Claude Beata, président de Zoopsy, ne peut que déplorer la notion de catégorisation, accentuée par cette loi. « Je ne fais plus de diagnose de catégorie sans évaluation comportementale, souligne-t-il. Un chien peut sortir de sa catégorie simplement parce qu’il fait 51 cm au garrot au lieu de 50, c’est ubuesque. »

Déclarer les morsures, y compris contre l’avis des propriétaires

Notre confrère s’interroge également sur l’Observatoire du comportement animal défini par la loi. « Que concerne-t-il ? Les morsures, certes ! Mais lorsque les crocs touchent la peau, s’agit-il d’une morsure ? Cet observatoire ne sera pertinent que si nous disposons d’objectifs précis, comme par exemple le signalement de toutes les morsures d’enfants qui nécessitent une chirurgie réparatrice. Nous devons encore travailler sur ce point. Pourquoi ne pas avoir associé la déclaration de morsure au mandat sanitaire ? ». Ces questions, ajoutées à l’inquiétude des confrères sur la disparition du ministère de la Santé dans les textes sur l’observatoire, reflètent leur perplexité face à la gestion des chiens mordeurs.

Malgré tout, Claude Beata engage fermement les praticiens à déclarer les morsures, y compris contre l’avis des propriétaires. « Un chien mordeur non déclaré qui inflige de nouveau une morsure, entraînant des conséquences dramatiques, c’est le box des accusés assuré pour le vétérinaire. Les professionnels ne peuvent pas ne pas appliquer la loi. » Pour éviter d’en arriver à cette extrémité, les praticiens pourront notamment se plonger dans le vade-mecum réglementaire du Syndicat des vétérinaires de la région parisienne, présenté durant cette journée. Selon son président Jean-Pierre Kieffer, cette « bible » permettra de combler rapidement « un manque d’information patent ». Ce travail, financé en partie par la DGAL, sera prochainement mis en ligne sur le site vademecum-animal.org.

Départ de Jean-Pierre Kieffer

« Ce sont les dernières journées du SVRP que je préside », a déclaré non sans émotion Jean-Pierre Kieffer à la tribune, déclenchant une standing ovation. Il ne se représentera pas à son poste en 2010. « Je cède la place, mais je resterai toujours attentif aux travaux du syndicat. »

N. F.

Passez à la conduite accompagnée

François Decazes, praticien à Bordeaux, a présenté son concept de « conduite accompagnée vétérinaire », lancé en juin. L’idée est d’exercer un suivi du chien sur sept mois, à raison d’une visite mensuelle spécifique pour un forfait de 200 €. « Qui mieux que le vétérinaire est susceptible de suivre la santé du chiot, mais aussi de donner des conseils à son maître en matière d’alimentation, de socialisation ou d’aboiements, et de détecter les troubles du comportement, et cela au cours des premiers mois de vie où se forme la personnalité de l’animal ? », interroge-t-il. François Decazes propose ce service à ses clients dès la première visite de vaccination. Au moyen d’un questionnaire, il évalue ce qui se passe chez le propriétaire, son environnement, puis établit avec lui les besoins du chiot. Selon l’évolution du chien, il propose une liste d’exercices à effectuer avant la consultation suivante. Avantages : accroître l’activité du cabinet, fidéliser les clients et détecter les troubles éventuels du comportement. « Ce suivi peut rassurer les collectivités locales et permettre au vétérinaire qui examinera le chien à l’âge adulte de disposer de ses antécédents. »

N. F.

Vétérinaires pour tous bientôt en Ile-de-France

Bizarrement, aucun département de la région n’a encore relayé l’association qui vient en aide aux animaux malades des personnes les plus démunies, mais l’Ile-de-France est désireuse de s’y mettre. « L’intérêt de VPT, c’est d’organiser, de coordonner et de gérer collectivement toutes les initiatives individuelles qui existent », explique François Decazes, secrétaire général de VPT.

Agir collectivement permet d’éviter le découragement des praticiens, mais aussi d’obtenir des subventions des conseils généraux pour que l’action vers les plus démunis ne soit pas uniquement supportée par les praticiens. « Quand vous ne faites pas payer une consultation à 60 €, vous perdez en réalité 36 € d’honoraires. Sur ce montant, VPT peut prendre en charge 30 € en moyenne, grâce aux subsides des mairies ou des départements, détaille François Decazes. Bien entendu, nous n’intervenons que lorsque la précarité est justifiée : allocation de parent isolé, revenu social d’activité, sans domicile fixe, etc. »

Par exemple, VPT Gironde fonctionne avec un budget de 26 500 € pour quarante-sept cabinets ou cliniques investis, avec six cent soixante dossiers traités par an.

N. F.
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