LES VÉTÉRINAIRES RESTENT OPTIMISTES FACE À LA CRISE - La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009

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Auteur(s) : Marine Neveux

Actualité brûlante autour des questions sociales et fiscales, crise économique et financière, etc. Comment s’en sortent les professions libérales face à la situation actuelle ? Deux enquêtes permettent d’appréhender la tendance, entre embellie et morosité, même si leur interprétation mérite des précautions. Globalement, les vétérinaires et les professionnels de santé s’en sortent “mieux” que les autres libéraux, notamment ceux du secteur juridique, ou encore les architectes qui voient nombre de leurs projets repoussés ou annulés.

La grande question qui taraude les experts de tous bords en cette rentrée est de savoir si l’économie a mangé son pain noir et passé les plus fortes turbulences… Même si le pire est toujours promis, certains indices positifs donnent du grain à moudre aux optimistes.

Optimiste, la profession vétérinaire l’est majoritairement pour les mois à venir, comme le révèle le sondage effectué début septembre par Direct Medica auprès d’un échantillon représentatif de praticiens(1). Si les discours des déclinistes et autres Cassandre finissent par avoir un impact négatif sur le moral des consommateurs et des dirigeants de sociétés, les très petites entreprises que sont les cliniques vétérinaires semblent les modérer : 55 % des confrères voient l’avenir proche avec optimisme, 27 % avec pessimisme. Une perception qui varie selon le type d’activité (voir graphiques en pages 34 et 35 ), avec en tête l’équine et ses 75 % d’optimistes, puis les mixtes (61 à 68 %) et enfin les canins (46 %).

Une étude menée au printemps dernier(2) sur les contours de la situation des entreprises vétérinaires au niveau régional montrait en effet une disparité du ressenti selon les départements, mais aussi suivant les types d’exercice.

Les libéraux relèvent une modification de leur activité

Un rapport de l’Observatoire national des entreprises de professions libérales (ONEPL), rendu en mars dernier, pointe également l’effet de la crise sur les libéraux. Ce retour en arrière, puisque le sondage remonte à six mois, est riche d’enseignements. Il révèle qu’à l’époque, près de la moitié des chefs d’entreprises libérales constataient une modification de leur activité, laquelle allait dans le sens d’une diminution de chiffre d’affaires pour 92,7 % d’entre eux, avec en tête de liste des motifs la raréfaction de la clientèle. Une raison également invoquée comme facteur numéro un chez les vétérinaires canins (64 %), alors qu’elle n’arrive qu’en deuxième position chez les praticiens mixtes, qui placent en tête les défauts de paiement de la clientèle (à 67 % ou 50 % selon la prédominance rurale ou canine). Pour les équins, les deux facteurs principaux, dans la même proportion, sont le défaut de règlement, ainsi que les délais de paiement.

La deuxième inquiétude des libéraux concerne le poids des cotisations sociales. Cette problématique est en effet récurrente et perçue comme un frein à l’activité. Une enquête de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), menée à l’automne 2006, avait déjà montré qu’à 72 %, les professionnels estimaient que la lourdeur des charges sociales constituait une entrave à l’embauche (jusqu’à 80 % chez les médecins).

Dans ce contexte, la réforme de la taxe professionnelle aurait pu être perçue positivement. Mais actuellement, l’UNAPL dénonce plutôt un projet de loi qui « conduit les professionnels libéraux qui relèvent du régime des bénéfices non commerciaux (BNC) et qui emploient moins de cinq salariés à subir le même niveau de taxation que jusqu’à présent, voire un niveau supérieur compte tenu de la réactualisation annoncée des valeurs locatives foncières ». La taxe professionnelle, qui a été créée en 1975, sera donc un point important du projet de loi de finances pour 2010 dans le domaine de la fiscalité. Hervé Novelli, secrétaire d’Etat aux Petites et moyennes entreprises, a d’ailleurs été interpellé sur ce sujet lors de la cinquième université d’été de l’UNAPL, qui s’est tenue mi-septembre à Strasbourg (Bas-Rhin).

Des difficultés financières qui perdurent

Lors de l’enquête réalisée en automne 2006, et avant “l’effet crise”, 35 % des libéraux reconnaissaient déjà rencontrer des problèmes financiers. Il est donc légitime de s’interroger sur l’impact réel de la crise économique actuelle, puisque l’étude de mars 2009 avance quasiment les mêmes taux que celle de 2006 : 36,40 % des libéraux déclarent faire face à des difficultés financières. En conséquence de la diminution de chiffre d’affaires, leur besoin en fonds de roulement augmente. Un écueil supplémentaire dans la mesure où les cotisations sont appelées par l’administration deux ans après la détermination du bénéfice qui a permis de les calculer.

Ces difficultés financières ne se répartissent pas de la même façon selon les familles professionnelles (voir graphiques ci-dessous) : les professions libérales du cadre de vie (architectes, géomètres-experts, etc.) sont les plus touchées, sans doute en raison de la récession du secteur de la construction. Viennent ensuite les métiers du secteur juridique qui, à près de 50 %, sont également confrontés à de tels problèmes.

Meilleure forme de la santé et des vétérinaires, par rapport aux autres libéraux

Une petite bulle de protection semble amoindrir l’impact de la crise sur les professions de santé : “seulement” 6 % constatent une détérioration de plus de 30 % de leur chiffre d’affaires, à comparer aux 47 % relevés chez les professions du cadre de vie à ce niveau… Du côté des vétérinaires, qui ne sont pas définis comme une profession de santé, ce taux tombe fort heureusement à 2 % pour la tranche de dégradation de plus de 30 %, et ils émargent à 60 % pour la tranche de diminution du chiffre d’affaires de moins de 10 %.

Au final, les confrères sont donc 80 % à ne pas avoir affronté de difficultés financières, au sein de leur clinique, ces derniers mois. Une augmentation du chiffre d’affaires est même notée pour la moitié des mixtes à prédominance canine, pour 45 % des mixtes à prédominance rurale, 39 % des canins et 25 % des équins.

Peuvent-ils ou non compter avec une sortie de crise ? La réponse apparaît difficile, avec d’un côté l’avalanche de mauvaises nouvelles en matière économique et sociale, de l’autre quelques indicateurs susceptibles de refléter l’amorce d’une possible embellie.

Plus d’un quart des cliniques vétérinaires comptent recruter

Les professions libérales pourraient en théorie freiner la dégradation actuelle du marché du travail. En effet, les ressources humaines y sont importantes. Ainsi, 82 % des libéraux ne licencieront pas en 2009, le recrutement est même de mise pour 10 % d’entre eux. Là aussi, la plus forte dynamique est notée dans les professions de santé, avec 42 % des intentions d’embauche sur cette année. A l’opposé, les professionnels du droit représentent 44 % des chefs d’entreprise qui comptent licencier, suivis par les professionnels de santé avec 32 %. Cherchez l’erreur ! Il devient en revanche plus facile de comprendre les 70 % de pessimistes comptabilisés au sein des métiers juridiques, les plus optimistes restant encore ceux de la santé.

Du côté des vétérinaires, selon la récente enquête de Direct Medica en 2009, 27 % envisagent de recruter (voir graphique ci-dessous). Ce chiffre est plus élevé chez les praticiens mixtes, avec respectivement 44 % d’intentions chez les mixtes à prédominance canine, 32 % chez les mixtes à prédominance rurale et 20 % chez les canins.

Une disparité chez les médecins

Le Quotidien du médecin dresse quant à lui un tableau plutôt sombre de la situation pour les généralistes et les cliniciens, dans son édition du 8 septembre dernier. Son analyse repose sur le cru 2008, donc antérieur à la crise. Selon le bilan fiscal des Associations de gestion agréées (AGA) que publie le journal, un léger recul des revenus est intervenu l’an dernier : il serait de – 0,9 % chez les généralistes, de – 0,4 % chez les psychiatres, de – 2,3 % chez les rhumatologues et de – 2,7 % chez les pédiatres. La baisse est attribuée à deux facteurs : le blocage tarifaire et le recul de l’activité. Les syndicats profitent de ce contexte pour réclamer des revalorisations.

Pour les médecins généralistes, il convient aussi de considérer que 2005, 2006 et 2007 avaient été trois années de progression au niveau du bénéfice imposable. En outre, ils doivent faire face à une forte disparité : un quart d’entre eux situés dans la tranche la plus élevée émargent à 131 000 €, alors que le quart le plus bas reste à 38 900 €.

En revanche, les revenus sont en hausse de 12 % pour les néphrologues et anatomopathologistes, de 5,1 % pour les gastro-entérologues, de 4 % pour les ophtalmologues ou les chirurgiens généraux, de 3 % pour les radiologues et de 1,5 % pour les anesthésistes. Olivier Aynaud, secrétaire général de l’UNAPL, explique ces résultats par « la nouvelle classification commune des actes médicaux qui favorise les actes techniques, alors que le nombre de consultations demeure relativement stable ». Une autre explication avancée est la répartition de la démographie dans les spécialités : « Le vieillissement de la population entraîne une plus forte activité chez certains professionnels comme les néphrologues. »

Le choix d’exercer en libéral repose aussi sur les revenus

Lorsque les professionnels libéraux avaient été interrogés par l’ONEPL, à la veille de la crise, sur leurs motivations dans le choix de leur statut libéral, venait au premier rang « l’indépendance dans l’exercice », puis « l’intérêt pour l’activité » et en troisième position « l’espérance de gains futurs »…

  • (1) Sondage réalisé par téléphone les 7 et 8/9/2009 sur un échantillon de 100 vétérinaires représentatif de la population des praticiens français en termes d’activité (canins purs, mixtes à dominante canine, mixtes à dominante rurale et ruraux, équins).

  • (2) Voir le hors série “économie” de La Semaine Vétérinaire des 10 et 17/4/2009.

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