La radiographie reste un bon examen diagnostique - La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009

Imagerie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Lorenza Richard

« Mieux vaut une bonne radiographie qu’une mauvaise échographie. »

La radiographie tend à être délaissée au profit de l’échographie, notamment pour les troubles cardiaques et abdominaux. Or, il ne faut pas en avoir peur, malgré les normes strictes en matière de radioprotection, car elle fait partie du bilan diagnostique (répercussions pulmonaires, vision d’ensemble de l’abdomen, etc.). Le matériel est de plus en plus performant et la radiographie numérique facilite la réalisation des clichés. Mais elle ne compense ni les défauts majeurs de choix des constantes, ni les problèmes d’interprétation. La résolution est moins bonne qu’avec les films argentiques et il existe de nombreux artefacts. « L’investissement dans la radiographie numérique sera inévitable dans un avenir proche, mais ne palliera pas les défauts techniques et d’interprétations », indique Delphine Rault.

Les radiographies thoraciques doivent être prises à l’inspiration

La radiographie thoracique reste un examen de choix en première intention, car elle permet de visualiser l’ensemble du thorax, donc de localiser une lésion pour réduire le diagnostic différentiel, ou de choisir la technique la plus appropriée pour établir le diagnostic (ponction, lavage broncho-alvéolaire, etc.). Deux incidences (face et profil) sont a minima nécessaires. Le cliché doit être peu contrasté, afin que les côtes ne soient pas trop visibles. Il importe également de prendre le cliché à l’inspiration (un artefact d’expiration montre une opacification des poumons qui peut être confondue avec un œdème).

Une fois le cliché pris, la lésion doit être localisée, puis caractérisée. Ainsi, elle peut être :

– pulmonaire : opacification focale, multifocale ou généralisée et alvéolaire, interstitielle, vasculaire, bronchique ou nodulaire. Un bronchogramme (image ramifiée aérique diminuant de taille en périphérie) est caractéristique d’une lésion alvéolaire (mais une telle lésion ne provoque pas toujours un bronchogramme). Il correspond à la visualisation de la lumière bronchique sans distinguer la paroi bronchique ni la vascularisation pulmonaire habituellement contrastées par l’air dans les alvéoles ;

– médiastinale : sur une vue de face, une lésion médiastinale est centrale, symétrique et, s’il n’y a pas d’épanchement, à contour net ;

– pleurale : un décollement des lobes pulmonaires de la colonne vertébrale et de la cage thoracique est noté (signe d’un épanchement) ;

– extrapleurale : il est important d’observer le contour des côtes, les structures abdominales visibles, l’axe de l’estomac, le volume thoracique et abdominal.

La dilatation atriale du cœur chez le chat augmente le diamètre apico-basilaire du cœur. Il faut y penser, car le diagnostic de cardiomégalie est largement sous-estimé dans cette espèce.

Les limites de la radiographie thoracique sont la superposition des tissus et la faible résolution en contraste. L’échographie peut alors être conseillée, pour avoir une vision dynamique et guider les ponctions.

L’évaluation des tissus mous périphériques est indispensable lors de radiographie osseuse

La radiographie des structures osseuses permet la localisation des lésions et leur caractérisation (agressive ou non). C’est l’examen de base pour les anomalies de croissance, les fractures, certaines maladies métaboliques, tumorales et dégénératives. Deux incidences au minimum sont requises (multiplier les incidences pour le crâne et les articulations complexes comme le tarse et le carpe). Il est important de tenir compte des modifications des tissus mous périphériques lors de l’interprétation.

Le positionnement de l’animal conditionne la qualité des clichés, en particulier pour la colonne cervicale. En effet, une rotation est fréquente lors de position antalgique. L’anesthésie est alors recommandée. En cas de hernie discale, une myélographie est nécessaire avant d’envisager la chirurgie.

La limite de la radiographie osseuse réside dans la superposition des structures opaques, l’impossibilité de visualiser les tendons et, parfois, le manque de sensibilité (une lyse osseuse n’est radiographiquement détectée qu’après la destruction de 30 à 50 % de l’os). Le scanner est aussi limité pour évaluer les modifications intramédullaires non tumorales (par exemple, dans la syringomyélie du cavalier king Charles, les cavités dans la moelle épinière ne sont visibles qu’à l’IRM).

La radiographie abdominale reste utile dans certains cas

Pour l’abdomen, l’échographie est la technique d’imagerie de choix. La radiographie demeure intéressante pour les praticiens peu expérimentés en échographie et pour visualiser certaines lésions associées à des artefacts échographiques. Ses indications sont les corps étrangers radio-opaques, le mégacôlon, la malposition de l’estomac. Elle facilite parfois l’observation d’un iléus (diamètre de l’intestin grêle supérieur à la hauteur du corps de L6). Une calcification des voies biliaires, de la paroi gastrique et des fœtus est aussi observable. Les produits de contraste sont maintenant essentiellement utilisés pour mettre en évidence des ruptures urétérales ou urétrales, ou une sténose ou des fistules urétrales, ainsi qu’une dysphagie orale, pharyngée. Les limites sont le contraste, la superposition des organes et parfois l’obtention de fausses images anormales quand l’animal est en phase de digestion, mal préparé.

Comme le rappelle Delphine Rault, « il est important que le praticien procède aux examens qui lui semblent appropriés selon son matériel et, surtout, ses compétences. Mieux vaut une bonne radiographie qu’une mauvaise échographie. L’important est le recueil des commémoratifs, la clinique et l’examen de l’animal, avant tout examen complémentaire. La radiographie est souvent délaissée, alors que de nombreux diagnostics peuvent être établis, et des pronostics précisés grâce à cette technique ».

CONFÉRENCIÈRE

Delphine Rault

Consultante en imagerie médicale à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

Article rédigé d’après la conférence : « Indication de la radiographie vétérinaire en 2008 », présentée lors de la 23e journée technique du GTV Bourgogne, en octobre 2008.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr