L’évaluation de la santé des poulets de chair nécessite de combiner plusieurs indicateurs

Les études européennes relatives au bien-être du poulet de chair se multiplient, avec pour objectif d’élaborer des outils d’évaluation pertinents. Quatre domaines sont observés : l’alimentation, le logement, le comportement et la santé⁽¹⁾. Les dermatites de contact des coussinets plantaires et des tarses, la qualité de la démarche, les lésions ventrales, la propreté du plumage et les affections respiratoires et digestives sont les indicateurs de santé retenus. Une enquête évaluant la pertinence de ces indicateurs via l’étude de leur variabilité et du lien entre leurs mesures a été présentée par Cécile Arnould, chercheur à l’Inra de Nouzilly, lors des Journées de la recherche avicole en mars dernier. Les cinq indicateurs retenus pour estimer la santé des poulets de chair (^{voir photo}) ont été mesurés dans dix-sept élevages de poulets standard entre le 28^e et le 31^e jour d’élevage, au cours des mois de mai et juin 2007. Un lot par élevage a été noté. Pour un lot donné, toutes les mesures ont été effectuées le même jour (le matin), chez des poulets capturés dans dix points du bâtiment, déterminés de façon aléatoire avant d’y pénétrer. Les mesures ont été réalisées sous la forme de scores : plus ils sont élevés, plus l’état de l’animal est dégradé.

Une forte variation est observée entre les lots

Une forte variabilité caractérise les scores des dermatites des coussinets plantaires et des tarses. Dans deux lots, plus de 50 % des poulets ne présentent pas de pododermatite. Dans les quinze autres, soit 88 %, le taux d’animaux atteints de dermatites des coussinets plantaires et des tarses varie de 2 à 76 %.

47 % des lots (huit) comptent des poulets avec des dermatites des tarses sévères. Dans douze lots, sur plus de la moitié des animaux, aucune lésion des tarses n’est notée. Les trois lots élevés sur une litière de copeaux de bois sont ceux qui ont les meilleurs scores de pododermatites. Toutefois, le type de litière n’est que l’un des facteurs explicatifs de ces lésions. Pour les scores des lésions ventrales, la variation est peu importante. Une faible corrélation (+ 0,36) est calculée entre les pododermatites et les dermatites des tarses. En revanche, l’analyse statistique ne montre aucun lien entre les dermatites et le score de la démarche d’une part, et les dermatites et les affections respiratoires ou digestives d’autre part.

La qualité de la démarche a été estimée chez cent vingt à deux cent soixante poulets par lot, avec un score s’échelonnant de 0 à 6. Le bien-être est considéré comme altéré à partir du score 3. Un score supérieur est attribué lorsque des animaux ne peuvent pas se déplacer ou ne se lèvent que quand ils sont poussés et se couchent après avoir effectué quelques pas. Dans quatorze lots sur dix-sept, un score inférieur à 2 est mesuré chez plus de la moitié des poulets. Toutefois, des animaux avec des scores supérieurs à 2 sont observés dans tous les lots. Dans dix d’entre eux, certains poulets ont un score supérieur à 3. Dans cinq lots, 0,4 à 1,2 % des volatiles ne peuvent pas se tenir debout.

Malpropreté et lésion des tarses sont liées

Des yeux larmoyants ou gonflés, des problèmes respiratoires, un jabot gonflé, de la diarrhée et une lésion de la moelle épinière sont également notés. Les affections respiratoires sont les plus fréquentes, suivies par les troubles oculaires. Dans douze lots sur dix-sept, au moins un poulet présente l’une des affections recherchées. Dans ces lots, le taux de volatiles affectés varie de 1 à 22 %, et il est inférieur à 5 % dans la moitié des cas.

Le taux de poulets avec un plumage propre varie de 1 à 51 % dans quatorze lots. Aucun score maximal n’est attribué. En revanche, tous les lots présentent des animaux avec un score de 3. L’analyse statistique révèle des corrélations égales à + 0,38, + 0,53 et + 0,44 entre la propreté du plumage et, respectivement, les pododermatites, les dermatites de tarses et les boiteries. Ces résultats corroborent le fait que les animaux avec des lésions au niveau des tarses sont ceux qui restent davantage couchés.

Cette étude montre que les systèmes des scores utilisés sont pertinents pour différencier les élevages en termes de bien-être des poulets et que ceux avec de bons résultats existent. L’évaluation de la santé est globale et nécessite de combiner plusieurs critères.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/9/2008 en page 18.