L’efficacité des anthelmintiques sur les cyathostomes mérite d’être contrôlée - La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009

Lutte antiparasitaire chez le cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

La combinaison de deux méthodes complémentaires permet d’étudier les résistances parasitaires.

Des examens coproscopiques sont fréquemment réalisés chez le cheval, lors de suspicion de parasitisme gastro-intestinal à l’échelle individuelle ou collective, pour contrôler l’absence d’infestation chez un nouvel arrivant au sein d’un effectif, pour vérifier l’efficacité d’un traitement anthelminthique, ou encore pour rechercher des résistances aux vermifuges au sein d’une écurie.

Les petits strongles sont particulièrement concernés par le phénomène de résistance. Comme l’immunité naturelle contre ces parasites se développe lentement et est incomplète, des traitements anthelmintiques dirigés contre les cyathostomes sont nécessaires pendant toute la vie du cheval.

Une résistance est à suspecter devant une baisse d’efficacité du vermifuge

Plusieurs facteurs favorisent le développement de résistances parasitaires : un sous-dosage de l’anthelmintique, une fréquence de vermifugations élevée, l’utilisation répétée de molécules de la même famille thérapeutique, la suppression des “refuges parasitaires” (maintien d’une population majoritaire de parasites “sensibles” pour diluer celle des parasites naturellement résistants).

Toutefois, les formes L3 enkystées et en hypobiose se montrent insensibles à l’action de la majorité des anthelmintiques. En outre, des populations résistantes de cyathostomes aux benzimidazoles, au pyrantel et à l’ivermectine sont décrites.

Des études de prévalence concernant la résistance des cyathostomes aux anthelmintiques usuels ont été réalisées récemment dans plusieurs pays. L’efficacité d’un antiparasitaire peut être évaluée grâce au test de réduction du nombre d’œufs par gramme de crottin, avant et après le traitement (dix à quatorze jours en général). La réduction du nombre d’œufs est calculée et, si elle est insuffisante chez plusieurs chevaux de l’effectif (malgré de bonnes pratiques d’administration du vermifuge), cela signifie qu’une diminution d’efficacité est démontrée. Une résistance peut alors être suspectée.

Combiner une technique coproscopique à une culture larvaire

Thomas Bello et Tammy Allen(1) ont comparé deux techniques coproscopiques (flottation et Mac Master) pour l’identification des cyathostomes dans les crottins de chevaux. La méthode de flottation est une technique rapide, facile et peu coûteuse pour mettre en évidence des œufs de strongles. Toutefois, elle ne permet pas de différencier les œufs de petits et grands strongles. La méthode de Mac Master est, quant à elle, une technique de coproscopie quantitative, utilisée pour le dénombrement d’œufs de nématodes, ainsi que des coccidies. Les crottins frais de cent un chevaux ont été inclus dans l’étude et analysés le jour même.

Trois expériences ont été menées. Globalement, dans les trois protocoles, 79 % des comptages individuels d’œufs par gramme de crottin étaient plus élevés avec la méthode de flottation par rapport à la technique de Mac Master.

Cette étude montre que les anthelmintiques employés, en particulier l’ivermectine, sont efficaces contre les petits strongles. Toutefois, pour quinze chevaux traités, des œufs de cyathostome sont réapparus dès quarante et un jours post-traitement, ce qui peut suggérer une résistance partielle. La méthode de flottation semble être plus sensible pour la détection des œufs de parasites que la technique de Mac Master, surtout lorsque les comptages sont bas. La combinaison d’une technique coproscopique à une culture larvaire est intéressante pour l’identification de cyathostomes potentiellement résistants, lorsque les comptages moyens d’œufs par gramme de crottin sont bas ou nuls.

Améliorer l’évaluation objective de l’efficacité des anthelmintiques utilisés pour traiter les effectifs de chevaux grâce à la combinaison de deux méthodes complémentaires est nécessaire à l’étude des résistances parasitaires, qui apparaissent inévitablement.

La participation des praticiens au développement de programmes de contrôle parasitaire est primordiale, pour rationaliser l’emploi des anthelmintiques chez les équidés et limiter au maximum l’aggravation des phénomènes de résistance.

  • (1) T.R. Bello, T.M. Allen : « Comparison of two fecal egg recovery techniques and larval cultures for cyathostomosis in horses », AJVR 2009, vol. 70, n° 5, pp. 571-573.

  • Retrouvez les trois expériences de Thomas Bello et Tammy Allen sur le site WK-vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

Les cyathostomes

Chez la plupart des chevaux adultes, les cyathostomes représentent en moyenne 85 à 100 % de la charge parasitaire gastro-intestinale.

Les larves de cyathostomes s’enkystent dans la muqueuse du cæcum et du côlon, où elles induisent une réaction inflammatoire et de légères altérations de la fonction gastro-intestinale. L’émergence synchrone de larves entraîne une cyathostomose larvaire, caractérisée par une entéropathie avec une baisse de protéines, une perte de poids sévère, une diarrhée et des œdèmes déclives. Le syndrome peut être de type aigu ou chronique. Globalement, les effets de l’infestation due aux petits strongles vont de la forme inapparente à la mort subite. La présentation clinique la plus fréquemment rencontrée correspond à des signes frustes de diminution de performance, de coliques sourdes, de mauvais état général avec un poil terne et une perte de poids. Une anémie modérée, une hypo-albuminémie, une hyperglobulinémie, une hyperfibrinogénémie sanguine sont souvent notées. La neutrophilie et l’éosinophilie sanguines sont moins fréquentes.

I. D.
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