Les podagres sont des affections courantes en captivité - La Semaine Vétérinaire n° 1371 du 11/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1371 du 11/09/2009

Cas clinique de médecine aviaire

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Guillaume Douay

Fonctions : praticien au zoo de Pont-Scorff (Morbihan)

Une recherche minutieuse de leur origine est indispensable pour les traiter durablement.

Un héron garde-bœuf (Bubulcus ibis) de huit ans présente une masse sous le pied droit. Il vit dans une volière, avec des ibis et d’autres individus de son espèce. Ils ont à leur disposition plusieurs perchoirs de tailles et de structures différentes. Le substrat est constitué de graviers. La volière est nettoyée quotidiennement. Les oiseaux participent à des séances de vol libre deux fois par jour. L’animal atteint est nourri avec une ration de poissons et de cœurs de dinde, ajustée quotidiennement.

L’oiseau est vif et alerte. Vu son âge et son activité, son état d’embonpoint est correct. L’examen clinique ne révèle aucune anomalie des grands systèmes. La patte droite présente un gonflement ferme et circonscrit en région plantaire. Une masse d’un centimètre de diamètre est palpable. Une portion de la peau est altérée, avec une épaisseur diminuée et une couleur brune. Le diagnostic le plus probable est un podagre.

Une intervention chirurgicale est décidée pour retirer l’abcès. Une anesthésie locale à l’aide de lidocaïne (3 mg/kg), ainsi qu’une injection de butorphanol (1 mg/kg par voie intramusculaire) sont réalisées vingt minutes avant l’opération. La peau est incisée sur la masse, qui apparaît jaunâtre et caséeuse. Cette dernière est retirée, ainsi que sa coque. La cavité ainsi créée est flushée avec une solution de chlorhexidine et d’eau oxygénée. Les tissus attenants étant sains, la plaie est suturée avec des points en U à l’aide d’un fil résorbable de décimale 2 (Vicryl® 3-0).

L’oiseau reçoit un traitement antibiotique par voie générale (enrofloxacine à raison de 15 mg/kg, deux fois par jour pendant huit jours). La plaie est recouverte d’une pommade antiseptique et kératoplastique (Dermaftox®). Un bandage boule, réalisé avec une compresse et un bandage cohésif, est posé. Il est changé une fois par semaine jusqu’à la cicatrisation.

La composante environnementale ne doit pas être oubliée dans le traitement

“Podagre” est le terme commun employé pour décrire une inflammation ou une infection de la surface plantaire du pied d’un oiseau. Il s’agit d’une pododermatite ulcéreuse récidivante. Cette affection, fréquente chez les oiseaux de cage et de volière et les anatidés, s’observe le plus souvent chez les oiseaux dits de spectacle. Dans un premier temps, il s’agit d’une perte de la structure normale de la face plantaire, associée à un érythème et à un amincissement de la peau. Puis une tuméfaction chaude et douloureuse apparaît, associée à la présence d’un ulcère ou d’une hyperkératose. Les podagres sont classés en cinq stades (voir encadré).

Malgré l’origine multifactorielle de cette pododermatite, le manque d’activité, en particulier le vol, constitue la cause primaire. Des facteurs aggravants existent : obésité, perchoirs inadaptés ou toute affection des membres. Le podagre est la conséquence d’une pression répétée et continue sur une zone limitée, toujours identique, de la voûte plantaire, à l’instar des escarres de décubitus chez les patients hospitalisés sur de longues périodes.

Le traitement s’articule en deux temps. Un traitement médical et/ou chirurgical, à adapter à chaque podagre et à chaque oiseau, est d’abord instauré. Des soins locaux associés à des bandages suffisent pour les types 1 et 2, tandis qu’une opération est nécessaire pour les cas plus avancés. Des traitements antibiotiques et anti-inflammatoires locaux ou généraux sont également nécessaires. Dans un second temps, un traitement environnemental (augmentation de l’activité, changement de volière, de substrat, d’alimentation, etc.) doit être mis en place.

Les podagres sont des affections de captivité qui nécessitent un traitement adapté à chaque situation. Une recherche minutieuse de leur origine est indispensable pour les traiter correctement et durablement. Le pronostic est réservé, surtout pour les stades les plus élevés, d’autant que le traitement peut durer de quelques semaines à plusieurs mois.

Classification des podagres

• Stade 1 : ischémie et nécrose cutanée localisée.

• Stade 2 : plaie.

• Stade 3 : infection, tuméfaction de la voûte plantaire.

• Stade 4 : abcès de la gaine des tendons, tuméfaction de la voûte plantaire et des doigts.

• Stade 5 : ostéomyélite des os du pied (après un diagnostic radiologique).

G. D.
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