L’Agence française de sécurité sanitaire est sur tous les fronts - La Semaine Vétérinaire n° 1370 du 04/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1370 du 04/09/2009

Rapport. Evaluation des risques

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos*, Nicolas Fontenelle**, Eric Vandaële***

L’Afssa, qui vient de changer de directeur, publie son bilan d’activité pour 2008. Retour sur quelques faits marquants de l’année passée.

L’année 2008 a été riche en résultats pour l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), qui vient de publier son rapport d’activité(1). Une cinquantaine d’avis ont été rendus en santé animale stricto sensu, 376 en matière d’évaluation des risques nutritionnels et sanitaires, 2 251 dans les domaines du végétal et de l’environnement, etc., sans compter les rapports également élaborés par l’agence.

Quant à l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), intégrée à l’Afssa, elle a examiné 132 demandes d’autorisation de mise sur le marché (AMM) donnant lieu à 110 nouvelles AMM. Elle a aussi recueilli 3 500 déclarations spontanées d’effets indésirables de médicaments. Les structures d’étude et de recherche de l’Afssa, en tant que laboratoires ou centres de référence nationaux ou internationaux, ont réalisé près de 130 000 analyses et tests diagnostiques. Leurs activités de recherche ont donné lieu à 250 publications dans des revues internationales, dont la majorité est le fruit de collaborations avec des partenaires (organismes de recherche, établissements d’enseignement supérieur, écoles vétérinaires et autres agences sanitaires).

SÉCURITÉ DES ALIMENTS

• Alertes sanitaires : la cellule d’alerte des affections d’origine alimentaire de l’Afssa a identifié plusieurs événements marquants l’an passé, comme des cas sporadiques de botulisme d’origine alimentaire, de la dioxine dans de la viande de porc en provenance d’Irlande, de la mélamine dans des produits à base de lait originaires de Chine, de l’huile frelatée venue d’Ukraine (présence d’huile minérale comparable à celle utilisée dans les moteurs) ou encore de la mozzarelle contaminée par des dioxines en provenance d’Italie.

• Foies de porc et hépatite E : des cas humains d’hépatite virale E sont de plus en plus souvent diagnostiqués en France (152 en 2008). Le virus, présent chez le porc, fait l’objet d’une enquête nationale de prévalence menée dans les abattoirs. Selon les résultats préliminaires, la présence du virus dans les foies de porc suggère que l’alimentation pourrait être une voie d’exposition, d’autant que les souches identifiées sont génétiquement proches de celles isolées chez l’homme.

• Trichinella et congélation : depuis la découverte de cas de trichinellose porcine en 2004 en Corse, puis de cas humains au cours des années suivantes, une étude a été menée conjointement par l’Afssa et l’Inra en 2008, afin d’étudier l’influence de la congélation et de la salaison sur la survie du parasite dans les produits de charcuterie. Les résultats montrent que les larves restent vivantes après vingt-quatre heures de congélation, mais ne résistent pas à une semaine du même traitement. Les résultats pour la salaison ne sont pas encore disponibles.

AGENTS PATHOGÈNES DIVERS ET ZOONOSES

• FCO et séquençage des génomes : l’Afssa de Maisons-Alfort, en tant que laboratoire national de référence, a mis au point des kits de diagnostic pour le sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) et en développe d’autres pour d’autres sérotypes. Des travaux de recherche sont en outre menés pour séquencer les génomes, afin de les caractériser finement et de comprendre comment circulent les virus.

• Emergence du virus West Nile en Europe : responsable de la fièvre du Nil occidental, le virus West Nile a été détecté chez des hommes et des chevaux en Roumanie, en Hongrie, en Autriche et en Italie l’an dernier. L’Afssa, en tant que laboratoire communautaire de référence pour les maladies équines, a participé au diagnostic des cas chez les équidés en Hongrie et en Autriche. Il s’agit d’un lignage de virus peu fréquent en Europe. C’est la première fois qu’il est isolé en Autriche.

• Rage et chauves-souris : dans le cadre de la surveillance de l’infection des chiroptères par les lyssavirus, 168 chauves-souris ont subi des analyses l’an passé. Un seul animal – une sérotine commune, chauve-souris de grande taille découverte à Halliant, en Gironde – s’est révélé positif, en septembre 2008.

• Nouvelle souche de coronavirus atypique : l’Afssa a identifié en 2008 une souche atypique de coronavirus chez le chat, dont les caractéristiques génomiques sont intermédiaires entre celles du lignage canin et du lignage félin.

• Nouvelle espèce de Chlamydiaceae : à la suite de pneumopathies inexpliquées chez des personnels d’un abattoir de volailles en France, l’Afssa a découvert l’an dernier une nouvelle espèce de Chlamydiaceae. Des investigations sont en cours pour connaître sa pathogénicité pour l’homme.

• Transmission de la maladie des griffes du chat : le principal réservoir de Bartonella henselae est le chat et son vecteur principal la puce. Mais il est désormais démontré qu’une tique peut également transmettre cette bactérie. Cette étude a été réalisée conjointement par l’Afssa et l’école de Nantes l’année passée.

SANTÉ AVICOLE

• Accréditation Cofrac pour quatre techniques PCR : l’année 2008 est marquée par l’accréditation par le Cofrac de quatre techniques de polymerase chain reaction (PCR) pour le diagnostic du virus influenza aviaire, faisant ainsi de l’unité “virologie, immunologie et parasitologie aviaires et cunicole” de l’Afssa la première entité accréditée en biologie moléculaire dans le domaine de la santé animale. En juillet, l’unité a obtenu une extension de son accréditation pour quatre techniques de rétro-transcription polymérisation en chaîne en temps réel (rRT-PCR), dont une qui permet de détecter tous les influenza virus de type A parmi les seize sous-types H et les neuf sous-types N connus à ce jour.

• Quantification de Campylobacter dans la viande de volaille : un programme de recherche, lancé fin 2008 par l’Afssa de Ploufragan, a pour objectif de développer une méthode de biologie moléculaire rapide permettant de quantifier la bactérie dans la viande de volaille.

SANTÉ PORCINE

• Portage des Sarm chez le porc : une enquête de prévalence sur le portage nasal chez le porc de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (Sarm) a débuté en 2007, en partenariat entre l’Afssa et la DGAL. Elle a porté sur 165 lots de dix porcs provenant de vingt et un abattoirs. Les résultats, parus en 2008, montrent que des Sarm sont présents chez 29 % des lots et 13 % des animaux. Le typage moléculaire de 198 Sarm révèle l’existence d’un clone majoritaire (66 % des échantillons) différent des Sarm retrouvés chez l’homme.

SANTÉ OVINE ET BOVINE

• Tremblante atypique : une étude épidémiologique, fondée sur les résultats des programmes de surveillance active des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) ovines dans vingt Etats européens, montre que la tremblante atypique est présente dans tous les pays. La prévalence moyenne est de 6 cas sur 10 000. En parallèle, une enquête auprès de trois cent vingt élevages français n’a pu mettre en évidence le caractère contagieux de la maladie. Sa prévalence est la même que celle relevée dans les élevages soumis à la police sanitaire, alors qu’elle diffère lors de tremblante classique. La tremblante atypique serait une affection à fort déterminisme génétique, avec l’influence possible de facteurs nutritionnels. La commercialisation du lait ou de produits laitiers issus d’animaux atteints de cette maladie n’est pas remise en cause.

• Escherichia coli : une étude suggère que l’usage de fluoroquinolones chez les bovins pourrait accroître la pathogénicité des souches de Shigatoxic Escherichia coli par la sélection de mutants résistants.

• Fièvre Q : l’Afssa a lancé un projet européen de surveillance de la fièvre Q sur le continent. Elle se heurte aux différences de statut réglementaire et de méthodes de diagnostic de la maladie dans les pays de l’Union. Une stratégie commune sera proposée. En France, l’agence travaille sur les conditions et les formes de survie dans l’environnement de Coxiella burnetii.

SANTÉ ÉQUINE

• Staphylocoques équins : l’Afssa étudie la virulence et l’antibiorésistance des souches de staphylocoques d’origine équine après la description, au Canada et aux Etats-Unis, de cas de contamination humaine par des souches équines de Sarm. Le laboratoire de Dozulé (Calvados), qui possède une collection de souches de staphylocoques d’origine équine, travaille sur leur typage et multiplie dans le même temps les prélèvements chez les chevaux en provenance d’élevages sains et contaminés.

• Dourine : le laboratoire de Dozulé veut caractériser le génome de Trypanosoma equiperdum. Il s’agit de savoir si cet agent pathogène est une espèce à part entière ou s’il s’agit d’une variante de Trypanosoma evansi, une autre espèce de Trypanosoma. Ce genre recense en effet une vingtaine d’espèces.

PATHOLOGIE DES ABEILLES

• Virus de la paralysie chronique : une étude s’est intéressée au virus de la paralysie chronique des abeilles (CBPV) qui contribue à la mortalité des colonies. Le génome viral est séquencé et il semble appartenir à une nouvelle famille de virus, non encore décrite. En 2008, une étude s’est penchée sur les isolats de CPBV issus de neuf pays. Trois groupes phylogéniques se distinguent, selon l’origine géographique des isolats : l’un provient d’Europe du Sud et de l’Ouest, un autre d’Europe du Nord et de l’Est, un troisième d’Amérique du Sud.

• Première détection de l’IAPV en France en 2008 : une enquête menée pendant la saison 2007-2008 sur des cas de mortalité hivernale chez des abeilles a permis à l’Afssa d’identifier l’Israeli acute paralysis virus (IAPV) dans trois ruchers en Lozère et deux dans le Rhône. Décrit initialement en 2004 en Israël, c’est la première fois que ce virus est détecté en France.

MÉDICAMENT

• Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) : quatre pages du rapport sont consacrés à l’ANMV et quatre autres au laboratoire de Fougères (médicaments et désinfectants). Deux points méritent d’être soulignés sur l’ANMV. Le rapport annonce officiellement la fusion prochaine des commissions d’AMM et de pharmacovigilance vétérinaire, avec la mise en place d’un groupe de travail sur les génériques, pour permettre à la nouvelle commission de se consacrer à des dossiers européens.

Le rapport indique également que l’ANMV est associée à la réflexion de l’Afssa sur l’identification des résidus de médicaments vétérinaires à rechercher en priorité dans les eaux, notamment à la suite de leur utilisation en élevage.

Comme pour les antibiotiques, un système de recueil des données relatives à la consommation des antiparasitaires destinés aux animaux de rente devrait être mis en place.

  • (1) Entièrement téléchargeable sur le site de l’agence, à l’adresse http://www.afssa.fr

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1369 du 28/8/2009 en page 15.

En bref…

Cheval. L’Afssa de Maisons-Alfort, laboratoire de référence pour plusieurs maladies infectieuses animales aux niveaux national et international, est devenu également, en 2008, le laboratoire communautaire de référence pour les maladies équines.

Laboratoire. Depuis janvier 2008, le laboratoire d’étude et de recherche sur la qualité des aliments et les procédés alimentaires de l’Afssa compte, sur le site de Maisons-Alfort, une nouvelle unité de recherche : le laboratoire central des services vétérinaires de la région Ile-de-France. Ce dernier a récupéré les activités du laboratoire national de Rungis. Il intervient pour les Directions départementales des services vétérinaires (DDSV) et comprend les postes d’inspections aux frontières pour les aéroports de Paris.

Animaux sauvages. Un Observatoire national de la faune sauvage autochtone verra le jour dans les mois qui viennent. Son objectif sera de coordonner et de fédérer, au sein d’un pôle de connaissances commun, les différentes structures qui travaillent sur la faune sauvage (réseau Sagir, Office national de la chasse, associations). Selon l’Afssa, cet observatoire devrait permettre d’estimer plus précisément la prévalence d’une maladie dans une population donnée et de fournir des indications sur la présence ou non d’un agent pathogène.

Le nouveau patron de l’Afssa

Marc Mortureux remplace, officiellement depuis le 26 août 2009, Pascale Briand, nommée à la Direction générale de l’alimentation(2). A quarante-huit ans, polytechnicien, ingénieur des mines (X-Mines), Marc Mortureux dirigeait, jusqu’au mois de juin dernier, le cabinet de Luc Chatel, alors secrétaire d’Etat à la Consommation et à l’Industrie. Passé de l’industrie à la santé, son parcours s’inscrit dans le public comme dans le privé. En 1993, il est propulsé délégué interministériel aux normes, puis conseiller technique au cabinet de Gérard Longuet au ministère de l’Industrie en 1994 et 1995. Après son passage à la direction d’Airparif, l’organisme chargé du réseau de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, il est nommé en 1999 à la tête du Laboratoire national d’essais (LNE), devenu Laboratoire national de métrologie et d’essais. Cet établissement public, rattaché au ministère de l’Industrie, s’est fait une spécialité des poids et mesures, ainsi que de la conformité aux normes. Il le présidera jusqu’en 2005, date à laquelle il est nommé directeur général adjoint de l’Institut Pasteur, un poste qu’il quittera en 2008. Européen convaincu, Marc Mortureux est membre du Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC), d’obédience jésuite. « La spiritualité ignatienne [référence à Ignace de Loyola, fondateur des jésuites] m’a ouvert les yeux sur la nécessité d’aller là où l’on a du goût pour agir », assurait-il dans Pèlerin magazine en 2006. L’Afssa, une vocation ?

Nicolas Fontenelle
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