Les cailles jaunes ont une masse adipeuse abdominale plus élevée que les cailles sauvages

De nombreux travaux montrent que les variations de couleur du plumage de la caille sont les témoins de modifications physiologiques plus profondes. Ainsi, un plumage albinos est associé au développement de glaucomes. L’étude de ces variations de couleur et de leur héritabilité débouche parfois sur des applications en sélection.

Des chercheurs en génétique animale de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Jouy-en-Josas et de Nouzilly, en collaboration avec l’université de Cambridge (Angleterre) et celle de Gifu (Japon), ont mis en évidence que les cailles avec un plumage jaune, dû à une mutation génétique, accumulent plus de lipides que leurs congénères sauvages.

L’objet de l’étude était de savoir si une mutation du gène agouti de la caille influence le rythme de croissance, la nutrition et la composition corporelle de l’oiseau. Chez les mammifères, le gène agouti est impliqué principalement dans la pigmentation des poils, mais est en relation avec le métabolisme général de l’animal. Chez la souris, par exemple, une mutation de ce gène déclenche une obésité de l’animal, associée à un pelage jaune. Les chercheurs ont comparé les performances de croissance de cailles issues de la lignée mutante (yellow) avec la lignée sauvage. Les oiseaux sont nourris de la même façon. La température corporelle, le poids moyen et le gain de poids sont mesurés sur une période de cent vingt jours. Puis, à l’autopsie, les muscles pectoralis major, le tissu adipeux abdominal et le foie des oiseaux sont prélevés et pesés. Les deux lignées présentent des caractéristiques de croissance identiques, hormis une température corporelle plus faible de 0,18 °C pour les cailles mutantes.

La lipogenèse ne se fait pas au détriment du développement des filets ou de la carcasse

En revanche, des différences sont observées dans la composition des carcasses des oiseaux. La masse adipeuse abdominale des cailles jaunes est plus élevée que celle des cailles sauvages (+ 23 %). Les chercheurs soulignent que cette lipogenèse ne s’est pas faite au détriment du développement des filets ou de la carcasse, qui présentent des poids comparables dans les deux populations d’oiseaux. Ainsi, les mutants yellow semblent capables de stocker une plus grande part des calories apportées par leur alimentation, en maintenant une température corporelle plus basse. Jusqu’à aujourd’hui, les scientifiques ignoraient que le gène agouti était fonctionnel chez les oiseaux. Selon les chercheurs, au-delà de son intérêt en recherche fondamentale, l’implication de ce gène dans le métabolisme de la caille ouvre une nouvelle voie dans la recherche finalisée pour la sélection d’oiseaux aux performances de croissance améliorées.

• Source : Inra, mai 2009. Contact scientifique : Francis Minvielle, UMR1313 Génétique animale et biologie intégrative GABI INRA-AgroParisTech. INRA Domaine de Vilvert. 78352 Jouy-en-Josas Cedex (minvielle@jouy.inra.fr).