Toute modification de l’environnement est à valider par l’observation de l’animal - La Semaine Vétérinaire n° 1366 du 26/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1366 du 26/06/2009

Enrichissement du milieu

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Claire Morlot

La prise en compte de l’univers propre à chaque espèce, puis à chaque individu, est nécessaire.

Comment améliorer le milieu de vie des animaux domestiques, de rente, de laboratoire ou de zoo ? Tel est l’un des sujets d’étude de notre consœur Dominique Autier-Dérian. Un milieu captif se distingue d’un milieu sauvage par plusieurs caractéristiques, au nombre desquelles la limitation de l’espace, la différence de structure, la disponibilité des ressources, le choix des partenaires sociaux et la nature des interactions interspécifiques, notamment avec l’homme. Ces différences engendrent des contraintes que la conférencière assimile à une « table de mixage » avec des curseurs qui peuvent plus ou moins être déplacés selon le contexte. L’objectif du vétérinaire est d’identifier les éléments modifiables ou non, puis d’agir.

Enrichir un milieu nécessite la connaissance de l’espèce et de chaque individu

Agir sur un milieu impose la prise en compte de l’univers propre à chaque espèce, d’après son équipement sensoriel, ses facultés cérébrales, ainsi que ses capacités motrices. Il faut également considérer l’univers de chaque individu, qui varie selon son développement comportemental, son “tempérament” et ses expériences. L’anthropocentrisme doit être évité. Un piège dans lequel tombent certains zoos qui recréent un environnement idéal, qui correspond à la vision humaine d’une nature végétale, sauvage et parfaite, mais n’est pas systématiquement adapté aux besoins des animaux.

Ainsi, avant d’agir, il convient d’étudier avec attention différents points clés, au premier rang desquels les paramètres physiques du milieu de vie.

• L’ambiance : l’éclairage, la température, l’hygrométrie, le niveau sonore et la propreté du milieu sont à analyser. Si les animaux n’apprécient généralement pas un espace sale, l’excès de nettoyage peut tout autant les perturber.

• L’utilisation de l’espace disponible : une structuration raisonnée de l’espace permet de réguler les tensions interindividuelles, particulièrement chez les primates. Ainsi, les dimensions, la surface et l’aménagement de l’enclos sont importants. Le milieu de vie proposé à l’animal doit lui permettre d’exprimer l’ensemble de son répertoire comportemental. Il doit pouvoir se reposer, jouer, se nourrir, se cacher, manifester ses comportements sociaux, etc.

• Le rythme de vie : l’approche proposée consiste à demander “l’emploi du temps” de l’animal : le temps de sommeil et de repos quotidien est-il respecté ? A quelle fréquence l’animal est-il dérangé dans ses activités ?

• L’alimentation : elle est naturellement adaptée aux besoins spécifiques. Dans le cas de groupes sociaux, il convient de s’intéresser au mode de distribution alimentaire : peut-il favoriser la compétition ou l’inactivité ?

Le suivi sanitaire est également essentiel. Une affection récurrente ou des blessures répétées dues à des conflits sont des signes d’appel pour le vétérinaire, qui s’intéressera également au taux de mortalité. Les lésions dermatologiques constituent souvent des signes de mal-être.

La composition du groupe doit respecter la structure et l’organisation sociale. Ainsi, un propriétaire qui nourrit un animal de statut hiérarchique bas avant l’individu dominant peut induire des troubles sociaux.

L’amélioration du milieu de vie ne peut se faire sans l’observation préalable du comportement de l’animal ou du groupe d’individus. Cette observation se fait en référence au répertoire comportemental de l’espèce. Toute modification est à prendre en compte. Ainsi, chez les félins, une augmentation ou une disparition du marquage peut être en relation avec un état anxieux. Au sein d’un groupe social, il faut relever les conflits répétés ou la mise à l’écart de certains individus. L’absence de contacts sociaux peut conduire à un mal-être de l’animal, autant qu’un stress social. La qualité des interactions avec l’homme est également essentielle, quel que soit l’animal captif.

Les améliorations peuvent concerner quatre éléments

L’amélioration du milieu ne peut être envisagée tant que tous les éléments précités ne sont pas analysés. Il convient ensuite d’optimiser le milieu en permettant notamment à l’animal d’exprimer des comportements jusqu’alors inhibés. L’action se décompose en quatre étapes.

• Les besoins sociaux : l’hébergement en groupe est à privilégier. Lorsque cela se révèle impossible, il faut favoriser les contacts visuels et auditifs entre les animaux.

• La structuration de l’espace : elle contribue aux régulations sociales via la disposition des perchoirs les uns par rapport aux autres, la multiplication des lieux d’alimentation, la fabrication de barrières visuelles, etc.

• La stimulation des animaux : les comportements exploratoires et locomoteurs sont à favoriser, en agissant notamment sur l’alimentation et les jeux.

• La relation à l’homme : prévenir de son arrivée, sourire et avoir un ton et des gestes calmes permet de favoriser les interactions positives. La théorie semble simple, car en captivité, tout semble pouvoir être contrôlé. En revanche, comment connaître la perception que l’animal a de son environnement ? Toute modification doit donc être validée grâce à des observations de l’animal dans son nouveau milieu, à court et long termes.

CONFÉRENCIÈRE

Dominique Autier-Dérian, vétérinaire comportementaliste.

Article rédigé d’après la conférence présentée à l’école de Lyon le 29/4/2009, à l’initiative du club faune sauvage de l’ENVL.

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