Le 18 juin à Maisons-Alfort, l’appel au respect de la biosécurité a été entendu - La Semaine Vétérinaire n° 1366 du 26/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1366 du 26/06/2009

Pathologie aviaire. Colloque international

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Approche régionale de la biosécurité, observance, importance des infrastructures et du nettoyage/désinfection sont quelques-uns des thèmes abordés lors de cette rencontre internationale.

Le monde change. La pathologie aviaire aussi. « Réchauffement climatique, évolutions génétiques, adaptation du microbisme, type et modalités d’élevage, etc., sont autant de menaces pour la santé animale. Sans compter l’impact économique qu’elles engendrent et le fait que certains des agents microbiens sont des zoonoses ou des armes biologiques. » Il faut donc briser la chaîne d’infection. Pour cela, la biosécurité est fondamentale, a expliqué notre confrère canadien Jean-Pierre Vaillancourt, de l’université de Montréal, en introduction de la journée consacrée à ce sujet en élevage avicole lors du colloque international organisé par l’école d’Alfort et l’Académie vétérinaire, le 18 juin dernier.

La biosécurité se définit comme l’ensemble des mesures qui visent à prévenir ou à limiter la circulation des agents pathogènes.

Pour “biosécuriser” un élevage, il faut tenir compte de ses voisins

« L’augmentation de la taille des élevages et de leur densité régionale est un facteur de risque qui permet l’émergence ou la réémergence de maladies. Dans ce contexte, il est nécessaire de développer une approche régionale de la biosécurité et non plus de raisonner seulement au niveau de l’élevage », a insisté notre confrère. Cela passe par le développement de systèmes de positionnement géographique des exploitations, des abattoirs, des fournisseurs et des routes, afin que toutes les précautions soient prises pour éviter d’autres contaminations et intervenir plus tôt en cas de foyer. Mais la réussite du système repose sur l’échange en temps réel d’informations entre tous les acteurs de la filière, dans le but de contrôler le trafic avicole.

« Pour être efficaces, encore faudrait-il que les mesures de biosécurité soient appliquées de façon constante et uniforme. Or un manque d’observance est noté dans tous les types de productions animales », a souligné Manon Racicot, de l’université de Montréal. En cause : une compréhension incomplète de ces principes, une insuffisance de formation et de temps, la personnalité des individus, les contraintes économiques ou encore la configuration des lieux, peu adéquate.

Souriez, vous êtes filmés…

Notre consœur a ensuite présenté les premiers résultats d’une étude en cours sur l’observance de plusieurs mesures de biosécurité mises en place dans treize fermes avicoles au Québec. Des caméras y ont été dissimulées pour filmer les comportements des employés et des visiteurs durant deux semaines. Les observations ont permis d’établir un palmarès des erreurs de biosécurité. L’absence du lavage des mains à l’entrée du bâtiment arrive en première place (cela représente 70 % des visites d’élevage « erronées »), suivie du non-respect des zones propres et contaminées (36 % des visites « erronées ») et du défaut de port ou de changement de bottes (25 %).

Au-delà de la configuration des lieux d’élevage et de leur environnement, qui doivent être propices au respect des règles de biosécurité (l’idée est de reprendre les modalités de gestion d’un cas de maladie légalement réputée contagieuse et de l’adapter à un élevage), notre confrère Jean-Yves Ferré, praticien à Saint-Hilaire-de-Loulay (Vendée), a insisté sur l’importance de connaître les flux commerciaux (camions, etc.) et de personnes (techniciens, intervenants, familles) au sein des exploitations pour mener à bien une enquête épidémiologique.

Les palmipèdes sont les “vilains petits canards” de la biosécurité

Notre confrère Dominique Balloy, de Labovet Conseil (réseau Cristal), a rappelé que la biosécurité en élevages de canards et de palmipèdes au sens large présente des contraintes différentes de ceux de volailles “classiques”, en raison de leurs particularités d’ordre physiologique et biologique, liées aux diverses espèces (Barbarie, Pékin, mulard, oie), mais aussi zootechniques, liées à des modes de production distincts. La gestion du lisier pour les productions sur caillebotis (Barbarie, Pékin de chair) constitue une contrainte sanitaire. Pour les autres modes de production, le repaillage fréquent est aussi une source de danger. Les productions avec un accès à des parcours (mulards) ou des étangs (colverts) sont des systèmes difficiles à protéger de l’avifaune sauvage. Les contraintes de production (débecquage, dégriffage, insémination pour l’obtention du mulard) sont des opérations qui nécessitent du personnel spécialisé, source de risque sanitaire. En outre, les palmipèdes étant des porteurs sains d’influenza aviaire faiblement pathogène, Dominique Balloy a insisté sur l’importance de les séparer géographiquement des autres productions de volailles.

Les biofilms constituent des acteurs de contamination à déloger

Pour Daniel Venne (Couvoir Scoot, Québec), le contrôle des biofilms dans les systèmes de distribution d’eau en élevage doit faire partie intégrante d’un programme de biosécurité. Ils affectent la performance des volailles, soit par la présence de matière organique susceptible de contenir des résidus de bactéries comme les lypo-poly-saccharides (LPS), soit par un effet mécanique sur la disponibilité de l’eau ou en réduisant l’efficacité des assainisseurs, des médicaments ou des vaccins administrés par l’eau de boisson. « Trouver une recette qui fonctionnerait à chaque fois pour éliminer les biofilms est illusoire, car les bactéries s’adaptent à leur environnement. En outre, mal contrôlés, ils peuvent devenir résistants aux traitements et être une source de transmission de gènes de résistance à d’autres bactéries », a expliqué l’intervenant. Selon lui, une stratégie de choc de pH lors du nettoyage/désinfection entre les lots constitue donc une solution intéressante.

La qualité du lavage reste le facteur primordial de réussite de la décontamination

Félix Mahé, du Groupement de défense sanitaire des Côtes-d’Armor, a pointé du doigt les risques de la décontamination en élevage de volailles, comme le nettoyage du circuit d’eau, le lavage-décapage des circuits de ventilation, l’élimination des eaux usées en sol bétonné, la désinfection des sols en terre battue, les conditions d’application des désinfectants, la désinsectisation, ainsi que la désinfection finale par voie aérienne.

L’intervenant a rappelé qu’un bon lavage permet d’obtenir un taux de décontamination d’au moins 80 %, et de placer le désinfectant dans de bonnes conditions d’activité pour les 20 % restants.

Hélène Sadones, de la Direction générale de l’alimentation, a pour sa part rappelé les règles de biosécurité lors d’état d’urgence en France, régies par des textes officiels, en s’appuyant sur l’exemple de l’influenza aviaire hautement pathogène. Enfin, Louise Dufour (Etats-Unis), Xiaoling Chen (Chine), Michael Stringham (Etats-Unis), Marcio Folly (Brésil) et Adriaan Olivier (Afrique du Sud) ont présenté quelques mesures de biosécurité mises en place dans les élevages de leurs pays respectifs.

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