Les impalas contribuent à propager la fièvre aphteuse en Afrique du Sud - La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009

Virologie

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Stéphanie Bourgeois

La plupart des espèces d’ongulés sauvages sont sensibles au virus de la fièvre aphteuse, qui compte sept sérotypes connus. Contrairement aux ongulés sauvages présents en France, les grands troupeaux de mammifères sauvages africains présentent un risque élevé de maintien et de diffusion du virus. Les trois sérotypes sud-africains (SAT1, 2 et 3) sont distincts géographiquement et possèdent une capacité unique de persistance dans les zones qui abritent une forte densité de buffles (Syncerus caffer). En Afrique, c’est la seule espèce de bovidés sauvages identifiée comme réservoir du virus. Les buffles atteints expriment peu de symptômes, mais excrètent des quantités exceptionnelles de particules infectantes, en raison de leur regroupement en grands troupeaux et grâce à une excrétion particulièrement longue, qui peut durer presque un an. La promiscuité des espèces autour des points d’eau permet une contamination aisée des autres mammifères, notamment des impalas.

Les impalas sont victimes d’infections subcliniques récurrentes

Les impalas du parc national Kruger, en Afrique du Sud, sont régulièrement victimes d’épizooties cliniques de fièvre aphteuse, les deux plus importantes ayant eu lieu en 1995 et en 1998. Une équipe de chercheurs sud-africains vient de publier les résultats d’une étude de prévalence à grande échelle(1). Dans trois sites du parc, quarante impalas ont été capturés tous les trois mois pendant dix années consécutives, pour la réalisation de prises de sang et d’examens cliniques. Des symptômes de fièvre aphteuse sont observés à une seule reprise au cours de l’étude, tandis que les analyses sérologiques révèlent une infection subclinique des populations de façon cyclique, dans deux des sites, avec un taux de prévalence parfois supérieur à 60 %.

Ces résultats montrent que l’infection subclinique des impalas, particulièrement réceptifs au virus aphteux, est beaucoup plus courante qu’on ne l’avait imaginé, et suggèrent que les épizooties cliniques surviennent lorsqu’une souche virale très pathogène circule. L’infection semble persister longtemps dans les sous-populations d’impalas, et une réinfection par les buffles surviendrait régulièrement. Ces données mettent aussi en évidence que les impalas, en présence de troupeaux de buffles infectés, constituent un facteur de risque majeur dans la propagation de la fièvre aphteuse en Afrique du Sud. Des épisodes de contamination du bétail autour des parcs sont à craindre, car les impalas, à l’inverse des buffles, sont capables de sauter les clôtures.

  • (1) W. Vosloo, P.N. Thompson, B. Botha, R.G. Bengis, G.R. Thomson : « Longitudinal study to investigate the role of impala (Aepyceros melampus) in foot-and-mouth disease maintenance in the Kruger national park, South Africa », Transboundary and Emerging Diseases, 2009, vol. 56, n° 1-2, pp. 18-30.

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