« L’imprévu, c’est ce qui est excitant ! » - La Semaine Vétérinaire n° 1364 du 12/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1364 du 12/06/2009

Gilles Hodencq, vétérinaire sur l’hippodrome de Vichy-Bellerive

Éclairage

UNE JOURNÉE AVEC…

Il est souvent amené à intervenir en urgence, pour soigner des chevaux qui valent une fortune, sous les yeux de propriétaires pour le moins vigilants.

Depuis trois saisons, le cabinet vétérinaire de Gilles Hodencq, à Randan (Puy-de-Dôme), est sollicité par la société des courses de Vichy Auvergne pour y assurer, entre autres, les interventions d’urgence. Entre le 11 mai et le 19 septembre, lui ou parfois l’une de ses deux assistantes franchira une quarantaine de fois la porte d’entrée de ce petit écrin de verdure qu’est l’hippodrome de Vichy-Bellerive, le long des rives de l’Allier : « L’an passé, le chiffre record de quarante-cinq réunions a été atteint, car il a fallu accueillir celles qui étaient transférées de Moulins et de Villeurbanne, deux hippodromes en travaux qui viennent de rouvrir leurs portes. » Cette activité n’est pas neutre pour le cabinet, puisqu’elle mobilise un praticien sur place pendant des après-midi entiers. Cela a justifié en partie le recrutement d’une seconde assistante.

La recherche de l’efficacité est la règle

Créé à l’initiative du baron de Veauce, en 1875, l’hippodrome est aujourd’hui ouvert au galop avec une piste en herbe de 2 100 m et au trot avec une piste de 1 325 m en pouzzolane avec corde à droite. La réunion du jour (le 18 mai) est consacrée au trot.

Pas moins de trois cents courses sont proposées pour la saison d’été 2009, dans la journée, en soirée et même en nocturne, avec la participation des meilleures écuries et des jockeys les plus en vue. « Nous sommes là au sein d’un univers très professionnel, explique Gilles Hodencq. Les enjeux sont importants et, à tout niveau, la recherche de l’efficacité est la règle. Tout est parfaitement cadré. Nous travaillons dans des conditions idéales. Je trouve toujours quelqu’un de compétent si j’ai besoin d’un coup de main. Cela change du milieu hippique traditionnel où trois gouttes de sang vous laissent rapidement face à votre propre solitude ! » Gilles Hodencq, ex-compétiteur et aujourd’hui juge à la Fédération équestre internationale en attelage, parle en connaissance de cause…

Au service de la transparence

Sitôt arrivé sur place, le vétérinaire se munit d’un talkie-walkie qui l’accompagnera jusqu’à la fin de la réunion. A tout moment, il est joignable et tenu informé du départ de chacune des courses : « Notre première mission est de contrôler la validité des vaccinations des participants. Après chaque course, dans une zone appelée les balances, nous devons vérifier le signalement des cinq premiers, sur fiche et grâce à la puce électronique. Nous évitons ainsi les erreurs, sinon les tricheries. » De la même façon, chacun des vainqueurs est conduit par des aides-vétérinaires des balances jusqu’au salivarium, afin d’y subir le contrôle antidopage où officie Georges Notin, un praticien aujourd’hui à la retraite : « J’assure toutes les réunions de la saison, avec mon aide, ainsi que quelques contrôles chez les éleveurs. Cela consiste en un prélèvement d’urine et une prise de sang, sur les premiers de chaque course, plus éventuellement sur d’autres chevaux désignés par les commissaires, notamment lorsqu’ils présentent à leurs yeux un comportement anormal. »

Ces échantillons sont-ils parfois positifs ? « Cela peut arriver. Nous décelons quelquefois des substances interdites mais, la plupart du temps, cela relève de la négligence. Il peut s’agir d’une seringue déjà utilisée pour une vache et comportant des traces d’un anesthésique local, un produit prohibé, mais pas dopant. L’an passé, nous avons trouvé une hormone interdite chez une jument : un examen a révélé qu’elle avait un cancer de l’ovaire et qu’elle produisait elle-même cette hormone. Le propriétaire avait été sanctionné, la jument déclassée et les gains rendus ! Mais la jument a pu être opérée et sauvée… »

Des moments de grande tension

Les interventions de Gilles Hodencq, heureusement, ne sont pas nombreuses, vingt-cinq à trente par saison : « La plupart sont bénignes et nécessitent juste quelques agrafes ou un petit pansement. Le plus souvent, il n’y a pas d’urgence. Il faut faire le nécessaire dans l’instant et donner les consignes pour le suivi à assurer, le vétérinaire traitant prenant le relais dès le retour du cheval le lendemain. Rarement, nous sommes amenés à faire évacuer le cheval vers une clinique spécialisée, quand des lésions importantes sont suspectées. Cela nécessite alors des pansements plus sophistiqués et de médicaliser le transport de l’animal, un peu comme le ferait un Samu. »

La pression du propriétaire, dans ce cas, se fait sentir… « Indubitablement, ce sont des moments de grande tension et il faut prendre la bonne décision au bon moment. C’est tout l’avantage d’avoir de l’expérience et de ne pas se laisser imposer ses actes. Nos interlocuteurs n’ont peut-être pas notre formation scientifique, mais ils ont l’œil. Ils connaissent leurs animaux au quotidien. Aussi faut-il prendre le temps d’expliquer ce qui est fait et se montrer diplomate… Honnêtement, c’est ce qui me plaît dans cette activité. Il peut ne rien se passer pendant une réunion, voire deux, puis plusieurs pépins survenir coup sur coup. Cela implique de prendre des décisions importantes dans l’urgence. C’est ce qui est excitant. »

De l’expérience, Gilles Hodencq, qui est en outre responsable de la commission “hippodrome” à l’Association vétérinaire équine française, en a assurément. Il connaît le milieu. Il ne joue pas lui-même aux courses, « tout juste une fois ou deux en famille », mais il n’est pas insensible au charme des réunions hippiques, à l’ambiance qui y règne, avec les belles tenues, les chapeaux et la passion des joueurs, les yeux rivés à leurs jumelles. Une façon de joindre l’utile à l’agréable.

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