Une ultime visite chez les Berbères

Salam Aleikoum, nous revoici après une grande traversée du désert. Nous avons peu à peu découvert la rigueur de cet écosystème en remontant la Mauritanie et le Sahara occidental. A Chinguetti, où plane le souvenir des immenses caravanes de dromadaires, nous avons profité du calme du Sahara, avant d’entrer dans un paradis du tourisme de masse, le Maroc. Fuyant la côte surpeuplée d’Agadir, direction la région de Ouarzazate, au sud du Haut-Atlas, et la vallée du Dadès, où nous attend Toufiq. Intéressé par les échanges interculturels, ce jeune berbère comprend tout de suite l’esprit de notre projet à la découverte des élevages du monde. Nous l’accompagnons sur les pistes chaotiques qui mènent à son village de Sidi Flah, où nous sommes accueillis par une famille berbère.

Le microcrédit a permis de diversifier l’activité familiale

Eleveurs sédentaires, Saïd et Fatima élèvent un petit troupeau d’une trentaine de moutons et de chèvres de l’Atlas au sein de leur casbah de torchis. Toute la famille nous prend rapidement sous son aile et, le soleil couché, nous nous prêtons aux traditions du ramadan. Une fois quelques dattes et la délicieuse soupe épicée harira avalés, nous nous attelons aux activités nocturnes. Pendant que Célia prépare les pains traditionnels au feu de bois, j’aide à rentrer le troupeau à l’abri des prédateurs, dans la cour intérieure de la maison. Ces animaux rustiques sont particulièrement adaptés au climat aride des contreforts de l’Atlas pour la production de laine et de viande, mais ils ne donnent que peu de lait. Saïd et Fatima ont donc profité des offres de microcrédit d’une association française pour diversifier leur activité en achetant trois chèvres du Poitou et une vache. Plus fragiles, elles restent toujours dans l’enceinte de la ferme et sont nourries avec les restes de cuisine et un maigre fourrage issu de l’oasis voisin. Traites le matin, les chèvres donnent un litre de lait par jour qui est transformé en beurre, alors que la vache fournit deux à trois litres d’un lait destiné à la consommation et au commerce de proximité.

Après cette approche de l’élevage, Toufiq souhaite compléter notre connaissance de la culture berbère et, à la nuit noire, nous sortons derbouka et tambourin pour une petite leçon de chants berbères, accompagnés par notre inévitable harmonica, avant de déguster un excellent couscous. Et malgré les conseils, faire des boulettes de semoule chaude sans se brûler la paume ni maculer les tapis n’est pas évident.

Au petit matin, nous découvrons que les activités de la journée sont un peu perturbées par le ramadan. Fatigués par le jeûne, les adultes fournissent un minimum d’effort dans l’après-midi, et c’est donc à l’aurore que nous partons avec Saïd crapahuter derrière ses bêtes. Au cours d’une de nos pérégrinations matinales, nous sommes brusquement encerclés, non loin du village, par une horde de moutons et de chèvres bientôt rejointe par deux éleveurs berbères itinérants. Migrant derrière leur énorme troupeau au gré des pâtures, ils s’arrêtent quelques minutes pour nous en apprendre plus sur leur mode de vie particulier. Ils nous quittent un peu plus tard tout sourire, leur campement, chargé sur deux ânes, les suivant au fil des migrations du pied au sommet de l’Atlas.

Dans l’après-midi, alors que les adultes font la sieste, nous allons profiter de la fraîcheur de l’oasis avec les enfants. Au milieu des champs de luzerne ou d’oliviers, nous grimpons aux palmiers pour cueillir les dattes indissociables de la coupure de jeûne.

Retour en Bretagne et à la vie sédentaire

Après un dernier tajine délicieux, nous quittons nos ultimes hôtes éleveurs pour remonter en stop jusqu’en Bretagne. Ces trois mille kilomètres à travers le Maroc, l’Andalousie puis la France nous feront réaliser, petit à petit, que le voyage est bien fini.

Aujourd’hui, de retour à Vannes, nous nous réacclimatons à la vie sédentaire et nous lançons dans une nouvelle aventure, la réalisation d’un livre sur nos rencontres avec les peuples mythiques qui nous ont tant offert⁽¹⁾.

Nous remercions les lecteurs qui nous ont suivis tout au long de ce voyage. Que ceux qui veulent se lancer sur les routes n’hésitent pas. Cela en vaut la peine !

• (1) Si certains de ceux qui ont suivi nos “aventures” peuvent nous aider, ou désirent nous contacter, ils peuvent le faire sur eleveursdumonde@hotmail.fr. Notre site Internet est par ailleurs consultable par tous (http://eleveursdumonde.top-depart.com).