« Médecins et vétérinaires doivent agir ensemble pour l'éducation vis-à-vis de la toxoplasmose » - La Semaine Vétérinaire n° 1362 du 29/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1362 du 29/05/2009

Zoonose. 7e symposium européen de parasitologie

Actualité

Auteur(s) : Valentine Chamard

La transmission de T. gondii et ses conséquences ont été récemment abordées par les parasitologues européens.

Avec pour thème principal le chat, impossible de faire l'impasse sur la toxoplasmose. Le 7e symposium de parasitologie et des maladies vectorielles, organisé par Merial du 6 au 8 mai dernier à Athènes, a logiquement abordé cette maladie parasitaire. Côté contamination, Toxoplasma gondii est transmis via la nourriture (viande insuffisamment cuite, fruits et légumes mal lavés), les mains contaminées et l'eau, une voie de transmission importante et pourtant sous-évaluée selon François Peyron, médecin hospitalier à Lyon. Il a également rappelé que les fèces des chats ne sont contaminantes qu'après vingt-quatre heures de développement (sporulation) dans le milieu extérieur.

La séroprévalence vis-à-vis de la toxoplasmose varie selon les pays. Environ 45 % des Français sont séropositifs (taux en décroissance, peut-être en lien avec de nouvelles habitudes alimentaires), alors que seuls 10 % des Britanniques le sont. La maladie est asymptomatique dans 80 % des cas (lymphadénopathie et syndrome fébrile sont les manifestations observées lors de forme clinique), mais elle peut être particulièrement grave chez les personnes immunodéprimées ou les femmes enceintes. Cela explique le suivi sérologique mensuel systématisé chez les futures mères séronégatives mis en place en France (dans de nombreux pays, cet examen est demandé à l'initiative des femmes ou de leurs gynécologues).

Plusieurs tests sont nécessaires pour déterminer la période de contamination

En France, environ trois séroconversions ont lieu pour mille grossesses, ce qui se traduit par trois cents à six cents infections congénitales chaque année. La conduite à tenir est particulièrement délicate, la difficulté étant de déterminer si la contamination a eu lieu avant ou pendant la grossesse et à quel stade (le risque de malformation fœtale décroît du premier au troisième trimestre, à l'inverse de celui de transmission placentaire qui augmente du début à la fin de la grossesse). Il convient ainsi d'associer plusieurs tests diagnostiques (dosage des IgG et des IgM par Elisa et immunofluorescence, et détermination de l'avidité des IgG).

François Peyron a balayé certains “dogmes” anciens comme la croyance selon laquelle la présence d'IgM est synonyme d'infection récente (dans le mois). En effet, les IgM persistent et sont retrouvés parfois durant deux ans ! Un titre élevé en IgG peut être dépisté lors de la phase ascendante de la réponse immune, signant une infection récente (trois semaines à un mois), mais aussi durant la phase descendante (trois à quatre mois), ce qui indique le passage à la chronicité ! Quant à l'avidité des IgG pour les antigènes, elle augmente avec le temps, mais pas chez tous les individus. Une association de tests est donc impérative pour estimer la période de contamination.

La toxoplasmose congénitale, une maladie neurologique et ophtalmologique chronique

Si la séroconversion pendant la grossesse est prouvée, une contamination fœtale est recherchée. En effet, la première n'entraîne pas systématiquement la seconde. Une étude commentée par François Peyron montre que sur deux mille soixante nouveau-nés dont la mère a présenté une séroconversion pendant la grossesse, 72 % ne sont pas infectés. La majorité de ceux qui le sont n'ont aucun symptôme. Cependant, les signes oculaires peuvent apparaître dans les dix premières années de la vie, d'où un suivi sérologique régulier des enfants. Les risques de développement d'une choriorétinite pendant les deux premières années sont associés à trois facteurs : un délai de plus de huit semaines entre la séroconversion de la mère et la mise en place de traitements, la présence de calcifications cérébrales à la naissance et le sexe de l'enfant (une fille est plus à risque). Parmi trois cent vingt-sept enfants infectés (la majorité d'entre eux bénéficiant d'un traitement anténatal et postnatal), 33 % développent au moins une lésion oculaire et 12 % au moins une lésion non oculaire (calcification cérébrale, hydrocéphalie, microcéphalie). Ainsi, même si le risque de transmission de la maladie est peu élevé lors d'une séroconversion de la mère, les enfants atteints d'une toxoplasmose congénitale développeront une maladie ophtalmologique chronique, à vie.

Le conférencier a ainsi milité pour une collaboration entre vétérinaires et médecins pour une bonne éducation des femmes vis-à-vis des voies de contamination du toxoplasme.

« Interdire l'accès des chats à l'extérieur est la meilleure stratégie de prévention »

Sur le volet vétérinaire, Patricia Conrad(1) (université de Davis, Californie) a présenté le rôle du chat dans la transmission de la maladie. Les manifestations cliniques sont rares chez le chat et le chien, et en général associées à une immunodépression. Les félins sont les hôtes définitifs de T. gondii, chez lesquels a lieu la reproduction du parasite dans l'intestin. Les déjections des chats porteurs contiennent ainsi des oocystes non sporulés.

Afin de limiter la contamination de l'environnement, la litière des chats ne devrait pas être jetée dans les toilettes ni dans le jardin, mais à la poubelle. Selon la conférencière, la restriction de l'accès à l'extérieur est l'une des clés pour éviter la contamination des chats, puis la transmission du parasite. La lutte contre les rongeurs (hôtes intermédiaires, au même titre que l'homme) permet également de limiter l'exposition des chats au toxoplasme.

Notre consœur a en outre souligné le rôle de l'eau, une voie de transmission majeure. Les loutres de mer (Enhydra lutris) de Morro Bay (Californie) sont ainsi particulièrement touchées par des encéphalites liées au toxoplasme, la mer étant contaminée par le déversement dans les rivières des oocystes déposés par les chats. Les loutres de mer sont d'ailleurs de bonnes sentinelles de la contamination environnementale.

Jusqu'au développement d'un vaccin, les vétérinaires doivent militer pour que les chats n'aient pas accès à l'extérieur et que les litières soient jetées avec les ordures ménagères, a conclu Patricia Conrad.

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