Le LVD 34 sur la piste du morbillivirus - La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009

Laboratoire vétérinaire départemental de l’Hérault

Éclairage

UNE JOURNÉE AU…

Auteur(s) : Myriem Lahidely

En France, il est le seul, en collaboration avec le Cirad, à étudier ce virus responsable de la mort de dizaines de dauphins en Méditerranée.

La mortalité chez les dauphins est régulière. Mais il y a des années “à pic”. Entre août 2007 et mars 2008, cent quarante-quatre dauphins ont ainsi été retrouvés morts sur les côtes méditerranéennes françaises. Sur vingt-trois animaux analysés, neuf étaient touchés par le morbillivirus (famille des paramyxoviridae). Une première vague, en 1990, avait décimé cent soixante individus de l’espèce bleu et blanc, atteints par ce virus venu d’Espagne. « En période normale, une cinquantaine d’échouages sont comptabilisés chaque année, toutes espèces confondues », précise Nicolas Keck (N97), spécialisé en pathologie aquacole et directeur adjoint du LVD 34, structure qui participe activement au Groupe d’étude des cétacés de Méditerranée (Gecem). Basé à Marseille, ce dernier coordonne le réseau Echouage pour la zone méditerranéenne. « L’objet du réseau est d’établir des statistiques sur les espèces touchées et d’étudier, entre autres, les causes et les fréquences des échouages, ce qui permet aussi d’affiner la connaissance sur les espèces rares en Méditerranée. »

Les dauphins récupérés par Nicolas Keck dans son laboratoire, en vue d’une autopsie, proviennent du littoral languedocien (Aude, Hérault, Pyrénées-Orientales) et sont signalés le plus souvent par les pompiers ou les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

L’activité du LVD 34 au sein du Gecem et son accès aux dauphins morts ont favorisé, depuis 2003, un partenariat avec le service “santé animale, maladies émergentes” du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) de Montpellier. Sur le territoire français, ces deux structures sont aujourd’hui les seules à plancher sur le virus et à réaliser les analyses nécessaires au diagnostic de l’épidémie. « Nous avons réussi à monter une étude commune relative au diagnostic, en 2007-2008. Cela nous a permis d’expérimenter les techniques d’analyses de biologie moléculaire, comme la PCR, à l’occasion de la dernière épidémie. »

Plusieurs espèces sont touchées

Splénomégalie, pneumonie bilatérale, adénomégalie ou encore sur infection bactérienne sont quelques-uns des effets de la maladie causée par le morbillivirus.

« Les symptômes sont difficiles à observer, car les mammifères sont déjà morts quand ils sont retrouvés ou arrivent au laboratoire en mauvais état. Le plus souvent, il s’agit de signes nerveux », note Nicolas Keck. Quoi qu’il en soit, les dauphins sont étudiés sous toutes les coutures. La morphométrie (longueur des nageoires et du corps, tour de taille), mais aussi le régime alimentaire (contenu stomacal) ou encore l’appareil reproducteur sont passés en revue. Foie, poumon, rate, muscle et peau sont également prélevés pour des analyses bactériologiques, parasitologiques, virologiques et toxicologiques. « Les dauphins, en bout de chaîne alimentaire, concentrent des PCB (pyralènes), des insecticides tels que le DDT ou des métaux lourds. Ces éléments amplifient sans doute le phénomène de mortalité », estime Nicolas Keck. Des mœurs grégaires favorisent en outre la propagation du morbillivirus paraérosol (évents des dauphins), en particulier chez les jeunes et les adultes qui n’ont pas été immunisés.

Le premier épisode de mortalité, en 1990, concernait des adultes. Le deuxième, en 2007-2008, a touché des juvéniles, mâles et femelles, mesurant entre 80 et 180 cm. « Cette année, nous avons pu démontrer que le virus affecte d’autres espèces que le dauphin bleu et blanc, comme le tursiops (grand dauphin) ou le globicéphale noir. Or, si les dauphins bleus et blancs sont nombreux, avec une population estimée à deux cent mille individus en Méditerranée occidentale, les tursiops sont plus rares », s’inquiète Nicolas Keck. Ils seraient à peine cinq cents en Méditerranée occidentale.

Le dernier animal échoué a été retrouvé fin octobre dernier à Monaco. La PCR effectuée s’est révélée positive et des lésions évoquant le morbillivirus ont été détectées. « Nous allons étudier les cas au fur et à mesure et voir si les virus varient au niveau moléculaire », explique Nicolas Keck. Objectif : suivre la progression de la maladie et identifier les facteurs de risque pour surveiller l’épidémie. Cette année, aucun cas n’a été relevé. Pour le moment…

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